Histoire de famille et d’indépendance

L’entreprise fête les 90 ans d’une histoire commencée à Jenlain en 1922. La fermebrasserie artisanale est devenue une PME de 43 personnes, moderne, produisant une bière nationalement connue. Entre grands groupes et petites brasseries, elle a su rester indépendante.

Raymond Duyck, dirigeant depuis 1990. Son bureau a été aménagé dans l’ancienne maison familiale.
Raymond Duyck, dirigeant depuis 1990. Son bureau a été aménagé dans l’ancienne maison familiale.

 

Raymond Duyck, dirigeant depuis 1990. Son bureau a été aménagé dans l’ancienne maison familiale.

Raymond Duyck, dirigeant depuis 1990. Son bureau a été aménagé dans l’ancienne maison familiale.

En 1922, lorsque Félix Duyck, jeune marié et fils du fondateur Léon, décide de racheter une petite ferme-brasserie, à Jenlain, les conditions de travail étaient bien différentes : on livrait la bière aux particuliers et estaminets des environs en voiture à cheval et les fûts étaient en bois… A l’époque, estaminets et petites brasseries n’employant que quelques ouvriers ne manquaient pas, notamment dans l’Avesnois. La maîtrise des techniques du froid n’étant pas encore courante, la période hivernale était la plus propice à la fermentation en fûts et à la garde en cave. Car, avec les beaux jours, l’alchimie de la bière n’était plus la même. Et 90 ans plus tard, le passé reste présent : par le savoir-faire bien sûr, par la famille, mais aussi par ce puits au milieu de la cour pavée restaurée qui témoigne de la source qu’utilise toujours l’entreprise. Quant aux bureaux de la société, dont celui du patron Raymond Duyck, qui représente la quatrième génération, ils occupent l’ancienne maison familiale.

Une PME indépendante. Aujourd’hui, la brasserie Duyck, située sur la route principale – et qui a choisi le nom de son village d’adoption pour sa marque de bière de garde à la fin des années soixante – est une PME. Elle compte 43 salariés, s’étend sur 2 hectares (dont la moitié en bâtiments) et a réalisé au cours des années 2000 ses derniers gros investissements. “On a modernisé au fil des ans, explique Raymond Duyck. Mais le dernier gros investissement, c’était en 2007/2008 avec – pour 2,5 millions environ – la réalisation de cette ligne de conditionnement en boîtes métalliques et d’un entrepôt. La ligne sert à d’autres brasseries.” Le prochain investissement, en 2012 et 2013, sera la mise en conformité réglementaire de la station d’épuration pour 1,5 million d’euros.
On le dit par ailleurs, ces 90 ans seront placés sous le double signe de la famille et de l’indépendance. “Aujourd’hui, il y a les grands groupes dont nous avons toujours refusé les propositions directes ou indirectes, et ces petites brasseries qui sont apparues ces dernières années. C’est une concurrence pour nous, c’est vrai, mais c’est bien pour la culture de la bière.” Raymond Duyck précise au passage qu’au sein du syndicat professionnel des brasseurs de France, il est le porte-parole des petits brasseurs.
Pour lui, les recettes de la longévité sont simples : “un bon produit bien vendu, une gestion prudente, des investissements autofinancés”.

La grande distribution, c’est 75% du CA. Comme le rappelle Raymond Duyck – dans l’entreprise familiale depuis 1976 et patron depuis 1990 –, c’est après la Deuxième Guerre mondiale que le paysage des brasseries a changé. Généralisation des camions qui ont étendu le rayon d’action des entreprises ; progrès dans les techniques de fabrication et de conservation qui ont contribué à une régularité dans la qualité (même si le savoir-faire familial et ses secrets sont restés les mêmes) ; disparition des petites unités et apparitions de grand groupes ; développement de la grande distribution dont a profité l’entreprise…
L’entreprise Duyck, précise-t-il d’ailleurs, réalise aujourd’hui 75% de son chiffre d’affaires avec la grande distribution qui lui assure, en outre, une diffusion nationale. L’orientation a été prise à la fin des années quatre-vingt, via des grossistes d’abord puis directement avec les centrales d’achat.” Et le reste ? 20% du CA se fait avec des grossistes traditionnels (la bière en fûts) et 5% seulement à l’exportation.

L’exportation, c’est compliqué. En 90 ans, la brasserie Duyck est passée d’une taille locale et artisanale à une envergure nationale mais l’export reste faible. Raymond Duyck donne des explications. “D’abord, la France, c’est le pays du vin, du fromage, de la gastronomie. A l’étranger, la bière est associée à des pays comme la Belgique (qui exporte beaucoup vers la France d’ailleurs), l’Allemagne ou la Grande-Bretagne. Ensuite, nous sommes une trop petite brasserie pour faire du marketing et tenir une marque dans des pays comme les Etats-Unis ou la Grande- Bretagne : il faut de gros moyens. C’est pour cela que nous avons créé, il y a trois ans, une association baptisée French Craft Brewers. Le but est de faire la promotion de la bière traditionnelle française, de la bière dite de spécialité. On y est neuf entreprises, dont quatre de la région, et l’on vise surtout les Etats-Unis.”

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