High-tech

Seule entreprise française sélectionnée pour le prestigieux concours du «TechCrunch Hardware Battlefield » à Las Vegas début janvier, la start-up Airboxlab a procédé au lancement officiel de son produit phare conçu à Nancy : une micro station d’analyse de la pollution de l’air intérieur nommée «Alima».

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Airboxlab :
la start-up qui ne manque pas d’air

«Un stress, une pression… mais un truc énorme !» Rentré de Las Vegas depuis un mois, Jacques Touillon n’a pas l’air de s’en être remis. C’est début décembre qu’il apprend, avec Inouk Bourgon et Olivier Vonet, ses deux associés, que leur start-up Airboxlab fait partie des 15 entreprises retenues (sur 250 candidatures) pour le «TechCrunch Hardware Battlefield» en janvier 2014 à Las Vegas. Organisé dans le cadre du fameux «Consumer electronic show», grand Salon annuel de l’électronique, ce prestigieux concours met en concurrence les start-up les plus innovantes au niveau mondial. Si Airboxlab n’a pas remporté son grand prix, reste la fierté de s’y être taillé une place tout seuls, à l’heure où la ministre Fleur Pellerin avait elle aussi fait le déplacement au «TechCrunch» pour vanter les mérites des entreprises françaises qui y avaient loué un stand…

Produit phare

L’innovation qui a propulsé la startup de Nancy jusqu’aux «States» est un petit cylindre blanc incrusté de six capteurs dont le nom tient en trois syllabes : Alima («A Lighthouse In My Air», comprenez «un phare dans mon air intérieur»). Cette station d’analyse de l’air intérieur mesure en continu les composés organiques volatiles, les particules fines, le monoxyde de carbone, le CO2, la température et l’humidité de l’air pour s’allumer en vert, orange ou rouge selon le niveau de pollution enregistré. Toutes les données sont retransmises via une application sur smartphone, tablette ou ordinateur : «les courbes qui permettent de visualiser les pics de pollution intérieure donnent un côté pédagogique et technique au produit», commente Jacques Touillon, ancien dirigeant d’une agence de communication environnementale. «Nous passons jusqu’à 90 % de notre temps à l’intérieur», plaide-t-il. «La pollution peut y être jusqu’à huit fois supérieure à celle de l’extérieur. Nous sommes notre propre source de pollution : la cuisine, les produits ménagers, les revêtements des meubles, les cosmétiques… Tout cela s’évapore dans l’air et nous le respirons sans le savoir». Selon l’Inserm, 3 à 5 % des adultes souffrent d’asthme, 10 à 15 % des adolescents présentent des crises, et on peut atteindre 15 à 20 % chez l’enfant de 6-7 ans dans certaines régions.

Le Wikipédia de l’air

Alima ne fait pourtant pas dans la mesure scientifique. «Créer un produit pour faire de la mesure scientifique coûterait trop cher, et il faudrait remplacer les capteurs tous les six mois. Notre but, c’est la démocratisation du produit, la mesure relative et surtout la progression de l’indice de pollution». Alima dispense en effet des conseils et est capable de prévoir les pics de pollution à venir. L’intérêt est de redonner la maîtrise de leur environnement aux utilisateurs pour faire évoluer les comportements. «La permanence des mesures et leur mise en réseau nous permettra avec la loi des grands nombres d’arriver à une analyse fine pour révéler une pollution invisible aux yeux du grand public. On pourra par exemple vérifier la vraie toxicité des produits ménagers, rechercher les responsables des allergies respiratoires…» Idéaliste Jacques Touillon ? «Nous sommes la synthèse du web 2.0 et 3.0. À l’image de Wikipédia qui a démocratisé le savoir en frappant dans la fourmilière des «sachant», nous pensons que chacun recèle une part de la connaissance. Nous voulons qu’Alima soit le Wikipédia de la qualité de l’air intérieur». Alima bottera-t-il dans la fourmilière des invisibles pollueurs de nos maisons ? Cela semble bien parti. Après une première levée de fonds au cours de laquelle 13 000 € ont été récoltés, la start-up a lancé au «TechCrunch» sa seconde campagne pour pouvoir lancer l’industrialisation d’Alima. Appel entendu : un gros industriel suédois spécialiste du traitement de l’air vient de commander 10 000 unités.