Henry Bart dans l’infiniment petit
L’histoire d’Henry Bart est de celle dont l’artisanat traditionnel sait si bien nous étonner. Ce carreleur voue depuis plus de deux décennies une passion pour les maisons de poupées et créé de toutes pièces un bluffant monde miniature.
Jadis, les maisons de poupées étaient utilisées par les enfants de bonne famille pour leur apprendre à mettre la table, à bien ordonnancer un intérieur. Aujourd’hui, elles font l’objet d’une vraie convoitise de la part de collectionneurs. Henry Bart est l’un de ces artistes, orfèvre de ses mains, qui, depuis plus de vingt ans, ouvre à ceux qui le contactent les portes du monde de l’enfance. Cet Orléanais de naissance a depuis toujours aimé dessiner, bricoler, inventer et concevoir des objets en modèle réduit. Il le dit lui-même : «Mais mon métier à la base, c’est la mécanique automobile.» Son itinéraire lui fera aussi toucher la taille de pierre, la restauration de monuments historiques, la pose de carrelage et de matériaux anciens, le travail du bois, la charpente et la couverture. Quand il rencontre celle qui devient son épouse, Sylvie, il découvre une galaxie qu’il ne connait pas : la miniature 1/12e pour maisons de poupées. Piqué au vif par cet intérêt, Henry Bart ne va plus dès lors s’arrêter de donner naissance à des pièces tout autant surprenantes de réalisme qu’authentiques. Dans la quiétude du village de Tramont-Saint-André, bourgade de quelque 60 âmes, posée en pleine campagne entre la forêt de Meurthe-et-Moselle et des Vosges, il a initié une véritable caverne d’Ali Baba. Des pièces uniques de 5 mm à 25 mm, l’artisan à l’impeccable méticulosité, en a conçu plus de deux cent. Avec humour, Henry Bart fait remarquer : «La construction se fait comme une maison réelle. Que ce soit pour les éléments du bâti, des vitrines, des scènes miniatures.» De son atelier où chaque outil, chaque matériau, est impeccablement rangé et où la place est rationnalisée au maximum, sortent des bancs, des baignoires, des cheminées, des bacs à douche, du mobilier divers… et d’étonnant objets nommés «vanités».
Des modèles uniques et recherchés
Henry Bart indique : «En fait, tout est possible. Je m’inspire de ce que j’observe dans la nature, dans mon environnement.» Les premières expositions au Château de Vendeuvre dans le Calvados ont été un tremplin pour son activité. Depuis, son réseau s’est considérablement étendu. Si bien que deux boutiques alsaciennes et une parisienne commercialisent ses œuvres. Et l’on parle même de ce Lorrain pas tout à fait comme les autres aux États-Unis, au Japon ou au Qatar où quelques-unes de ses pièces ont trouvé acheteurs. Que l’on n’aille point croire que cela perturbe la stoïcité d’Henry Bart. Lui crée, non pas pour faire un business, mais tout simplement pour partager avec ceux qui lui confient une réalisation le plaisir d’admirer et de toucher. Il assure : «Dès le départ, je n’ai pas voulu d’intermédiaire. Faire du travail à la chaîne ne m’intéresse pas. Chaque pièce est unique.» D’une brouette qui lui demande quarante heures de travail à un jardin de 1 m x 1,40 m (qui a été exposé en 2007 au Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle) aux 700 heures de labeur, Henry Bart, tel un horloger du temps qui passe, égrène ainsi le sablier de son existence. Il y a en cet endroit un parfum de nostalgie, cette étrange sensation qui relie chacun à ses années juvéniles. En pierre, en gypse, en ardoise, en terres naturelles, en bois, les créations sont patinées d’un ADN écologique qui plaît tant aux particuliers, aux entités privées et publiques. Décidément, le pays dans lequel Henry Bart nous invite à le suivre n’a rien de commun.