Hauts-de-France : zoom sur l’emploi territorial post-Covid 19

Ce 22 septembre, avait lieu, dans les locaux du Louvre-Lens, la Conférence régionale de l’emploi territorial. L’occasion pour les agents, les collectivités et les présidents des centres de la fonction publique territoriale de discuter des impacts de la crise sanitaire sur les agents et les méthodes de travail.

Eric Durand et Joël Duquenoy, présidents du CDG 59 et 62, étaient présents pour partager leurs expériences et écouter les analyses des participants. © Aletheia Press/L.Peron
Eric Durand et Joël Duquenoy, présidents du CDG 59 et 62, étaient présents pour partager leurs expériences et écouter les analyses des participants. © Aletheia Press/L.Peron

Le constat post Covid-19 est sans équivoque. «Les agents sont fatigués physiquement et moralement. Au fond, ils ont toujours cette crainte que l’épidémie reprenne. Une crise comme celle-là, c’est très fatigant émotionnellement», confesse Olivier Hober, directeur du CCAS de Vendin-le-Vieil, ce 22 septembre à Lens, à l’occasion de la Conférence régionale de l’emploi territorial.

Même si la direction a pris des décisions rapides pour améliorer le quotidien des résidents et des agents au début de la pandémie, le CCAS de Vendin-le-Vieil, comme de nombreuses autres collectivités, n’était pas armé pour faire face à une situation sanitaire d’une telle ampleur. «Au début, on pensait que ça n’allait durer que quatre semaines, donc on a pris des décisions provisoires. Aujourd’hui, nos méthodes de travail ont évolué. Maintenant, on sait travailler dans l’urgence, on est plus à l’écoute des demandes et des propositions de nos résidents comme de nos agents, et on essaye tous les jours d’améliorer la qualité de vie au travail», témoigne Olivier Hober.

Solidarité et cohésion

Dans la salle, tous ont fait le même constat : même si cette crise a affaibli le mental, elle a tout de même permis de créer de la solidarité, une cohésion dans les équipes. «Aujourd’hui, on sait nager et on est prêt à faire face à de nouvelles crises», rassure Frédéric Dumesnil, adjoint de direction du CCAS de Caudry.

Cette crise est donc révélatrice de défis pour les collectivités. Trois axes majeurs sont à travailler en priorité : la prévention, la transition au numérique et le fait de redonner du sens au travail. «Pendant la crise, on a pu observer un taux d’absentéisme qui s’élevait à +27%, expose Mathilde Icard, DGS du Centre de gestion de la fonction publique territoriale du 59 (CDG59). Ce n’est pas parce que les fonctionnaires ont été fainéants, mais parce que, pour la plupart, ils étaient en première ligne, proches des populations.» Au vu de ce chiffre, la prévention prend tout son sens et devient un enjeu majeur pour garder les troupes motivées et éviter les problèmes RH.

Se réinventer

De plus, le passage au télétravail pour les postes de bureau a généré des débuts chaotiques pour certaines collectivités qui n’étaient pas prêtes à ce changement. Aujourd’hui, la transition au numérique est donc un enjeu, pour les collectivités urbaines comme rurales. Enfin, la crise a changé les mentalités et a fait évoluer les priorités, d’où l’importance de redonner du sens au travail.

«Il y a un fort pessimisme des agents quant à l’évolution de la fonction publique. Après le retour 'à la vie normale' en quelque sorte, un fonctionnaire sur cinq souhaite demander une mobilité ou se réorienter», commente Mathilde Icard. Preuve une nouvelle fois que le travail doit se réinventer pour s’adapter aux changements de mentalités. «La qualité au travail est essentielle au travail bien fait», conclut Jean-Yves Bonnefond, docteur en psychologie du travail et enseignant-chercheur au Cnam.