Énergies
Hauts-de-France : l’autoconsommation collective a le vent en poupe
Entre la flambée des coûts de l’énergie et prise de conscience environnementale, l’autoconsommation collective gagne du terrain, y compris en Hauts-de-France. Ce mode d’organisation qui permet de consommer sa production d’énergie renouvelable séduit aussi bien les collectivités que les entreprises.
Si l’autoconsommation individuelle connaît un véritable essor avec un bond de +50% entre 2021 et 2022 en Hauts-de-France (source observatoire Enedis), l’autoconsommation collective demeure plus confidentielle. « Le principe est le même puisque, dans les deux cas, il s’agit de consommer tout ou une partie de l’énergie renouvelable que l’on produit. Mais l’autoconsommation collective implique qu’il y ait plusieurs consommateurs finaux », explique Véronique Pauly, directrice d’Enedis Picardie.
Encadrée par la loi, cette opération oblige les parties prenantes à se réunir en une Personne Morale Organisatrice (PMO), qui sera l’interlocutrice du gestionnaire du réseau. Elle lui indiquera notamment la répartition des flux entre les bâtiments raccordés dans un rayon maximal de deux kilomètres. « Ce mode d’organisation est techniquement ouvert à tous, mais dans les faits, ce sont principalement les collectivités qui vont vers l’autoconsommation collective », indique Véronique Pauly. Après avoir vu la concrétisation de six projets en 2018, l’Hexagone en comptait 149 en fin 2022. « 62% sont portées par des collectivités et 17% par des bailleurs sociaux », poursuit la directrice d’Enedis en Picardie.
Une pratique en plein développement
Véritable projet de long terme, l’autoconsommation collective, qui permet à la fois de maîtriser sa facture énergétique et de bénéficier d’une énergie renouvelable, a profité de la démocratisation du photovoltaïque. « Le photovoltaïque représente 99% du mode de production, mais il est aussi possible d’avoir recours à l’hydraulique, indique Véronique Pauly avant d’ajouter : Entre 2021 et 2022, les projets d’autoconsommation collective ont été multipliés par trois. Nous sommes sur une véritable tendance de fond. » Actuellement, 40% des petites villes de France souhaitent s’engager dans une telle opération et 225 initiatives sont actuellement en cours de développement en France. « Enedis est un facilitateur », souligne la directrice, qui rappelle qu’un raccordement au réseau est incontournable, mais qu’il est également nécessaire de souscrire à un contrat de fourniture d’énergie complémentaire, utile par exemple lors des pics de consommation.
Charmea, un projet précurseur
En Picardie, deux acteurs très différents font figure de pionniers. À Friville-Escarbotin (dans la Somme), Delabie est la première entreprise à avoir tenté l’aventure de l’autoconsommation collective. Côté collectivité, c’est la Communauté d’agglomération Chauny-Tergnier-La Fère, qui s’est lancée, en équipant son dépôt de cars situé à Charmes de panneaux photovoltaïques. « Nous avions un projet de création de parking pour stocker nos 40 bus scolaires, vu la surface de couverture du site, nous avons tout de suite pensé à installer du photovoltaïque », raconte Thierry Boutilly, Directeur général des services techniques de la Communauté d’agglomération. C’est après un échange avec le correspondant d’Enedis que la collectivité décide finalement de s’orienter vers l’autoconsommation collective.
« Nous avons un plan climat énergie territorial, ce type d’opération permet de démontrer notre volonté d’exemplarité », ajoute-t-il. Pour limiter les risques, la Communauté d’agglomération a fait le choix de s’orienter vers un Marché global de performance (MPG) qui englobe les volets de construction, réalisation et exploitation. Ce dernier prévoit des pénalités si les objectifs fixés ne sont pas atteints. « Il y a eu une véritable synergie d’équipe, tout a été anticipé, y compris les raccordements d’Enedis », se félicite Thierry Boutilly. Après une mise en service en septembre 2022, un premier bilan devrait être tiré au printemps. En attendant, la collectivité suit les consommations en temps réel. « Pour l’instant, tout est conforme aux prévisions »,
sourit-il.
La Communauté d’agglomération Chauny-Tergnier-La Fère prête pour la phase 2
Actuellement, l’installation de la collectivité permet d’alimenter neuf sites, dont trois écoles dans un rayon de deux kilomètres. « Les écoles ont des pics de consommation en hiver et sont fermées l’été, ce qui n’est pas optimal pour l’autoconsommation. Par contre, il est possible, sur dérogation, d’aller vers une extension de périmètre à 20 kilomètres. Or, dans ce rayon, nous avons des stations d’épuration qui fonctionnent 24 h/ 24, ce qui nous permettrait une meilleure utilisation de notre production d’énergie », pointe Thierry Boutilly. Si la Communauté d’agglomération a effectué plusieurs demandes de dérogation et se tient prête à déployer une 2e phase, elle n’a obtenu à ce jour aucune réponse des autorités compétentes.