Hauts-de-France : l'auto-entreprenariat porte la croissance des travailleurs indépendants
La région compte de plus en plus de travailleurs indépendants : 217 560 au 1er janvier 2020, contre 161 600 dix ans plus tôt. Soit une croissance annuelle moyenne de 3%, qui résulte surtout de l’instauration du statut d’auto-entrepreneur, révèle une étude de l’Urssaf Picardie.
Après une hausse moyenne de 3% entre 2009 et 2014, suivie d’un net ralentissement entre 2014 et 2017 (-0,1% en moyenne), le nombre de travailleurs indépendants dans les Hauts-de-France est reparti depuis trois ans à la hausse (+4,2% en 2018 et +11,5% en 2019).
Pour l’Urssaf Picardie : «Ces évolutions sont en lien direct avec la mise en place du statut d’auto-entrepreneur en 2009 et le doublement des plafonds du chiffre d’affaires en 2018 qui ont rendu ce statut encore plus attractif.» Ce qui explique que 47% des travailleurs indépendants sont fin 2019 des auto-entrepreneurs, contre 12% en 2009, date depuis laquelle leur croissance annuelle moyenne est de 18,2%.
«La très forte hausse constatée entre 2018 et 2019 (+27,5%) doit être cependant nuancée compte-tenu du report exceptionnel en 2021 de la radiation de 5 389 auto-entrepreneurs non actifs depuis 24 mois», observe l’Urssaf Picardie.
Des indépendants qui exercent davantage dans la santé, le BTP ou le commerce de détail
Le statut des travailleurs indépendants classiques n’a pas connu la même courbe ascendante, et a perdu en attractivité durant la dernière décennie. Ils représentaient il y a deux ans 53% de l’ensemble des indépendants, proportion qui n’a cessé de diminue depuis la création du statut d’auto-entrepreneur, avec une décroissance annuelle moyenne de 2,1% depuis 2009.
Une évolution que l’Urssaf Picardie estime liée à la baisse continue du nombre d’artisans et commerçants (-4% en moyenne par an de 2009 à 2019). Parallèlement, le nombre de professions libérales ayant opté pour le statut classique augmente, de 1,7% en moyenne.
Les indépendants des Hauts-de-France exercent principalement dans les secteurs de la santé (16,7%), du BTP (11,2%), du commerce de détail (9,8%), de la restauration et des débits de boissons (5%) et de la coiffure/soins du corps (4,8%).
«La répartition des indépendants par secteur diffère selon le statut», note l’Urssaf Picardie. Un contraste expliqué en partie par l’exclusion des professions réglementées du dispositif d’auto-entreprise (professions paramédicales et sages-femmes, médecine générale et spécialisée, pratique dentaire, activités juridiques et expertise comptable).
Croissance générale dans la région
Le nombre de travailleurs indépendants a augmenté dans tous les départements de la région : +1,5% dans l’Aisne, +2,5% dans le Pas-de-Calais, +3% dans l’Oise, +3,1% dans la Somme et +3,6% dans le Nord. La croissance des auto-entrepreneurs est supérieure à 48% dans les départements les plus urbains (50,2% pour l’Oise et 48,1% dans le Nord) et inférieure à 46% dans les plus ruraux (43,8% dans le Pas-de-Calais, 44,9% dans l’Aisne et 45,7% pour la Somme).
À l’inverse, les auto-entrepreneurs économiquement actifs sont plus nombreux dans le Pas-de-Calais (73,2%) et l’Aisne (71,9%) : leur part est plus faible mais les activités de coiffure et soins du corps, très actives économiquement, sont mieux représentées. À l’autre bout du spectre : le Nord, qui compte le taux d’auto-entrepreneurs économiquement actifs le plus faible de la région (67,9%) en raison des activités de postes et courriers, plus présentes dans le département, mais qui génèrent peu de chiffre d’affaires.
Des revenus en hausse
En 2019, 69,8% des auto-entrepreneurs généraient un chiffre d’affaires positif. Ils sont relativement plus nombreux dans la coiffure et les soins du corps (86,6%), l’hébergement (86,1%), les réparations hors automobiles (80,9%) et les activités sportives (79,9%).
Le travailleur indépendant est majoritairement masculin, à 62,3%, avec une moyenne d’âge de 44 ans. En 2019, la part des femmes (âgées en moyenne de 43 ans) est très légèrement supérieure chez les auto-entrepreneurs (37,5%, contre 36,7% chez les travailleurs indépendants classiques), et sont à 40,5% économiquement actives : 75% d’entre elles déclarent un chiffre d’affaires, contre 66% pour les hommes.
Côté revenu, il est également en hausse depuis dix ans : +3,2% entre 2008 et 2018 pour les travailleurs indépendants classiques et +4,1% pour les auto-entrepreneurs entre 2011et 2019. «Cependant, les niveaux de revenus des deux catégories de travailleurs indépendants ne sont pas comparables», tempère l’Urssaf Picardie. En 2018, le revenu moyen des travailleurs indépendants classiques est de 44 897 euros, soit 8,4 fois supérieur à celui des auto-entrepreneurs qui s’établit à 5 345 euros.
Avec une différence entre les revenus des hommes et ceux des femmes : 48 896 euros pour les travailleurs indépendants masculins contre 36 733 pour leurs homologues féminins en 2018. Le revenu moyen des hommes chez les auto-entrepreneurs s’élève lui à 5 782 euros contre 4 693 euros chez les femmes.
Le revenu moyen en 2018 des travailleurs indépendants classiques est plus élevé dans le Nord (45 924 euros), en raison de la présence plus accrue d’activités fortement rémunératrices telles que les activités juridiques. Du côté des auto-entrepreneurs, c’est dans l’Oise que ce revenu moyen est le plus haut (6 175 euros), du fait de la surreprésentation des activités du BTP.
Chiffres clés des Hauts-de-France
- 217 562 indépendants.
- 47% d’auto-entrepreneurs.
- Un revenu moyen de 44 897 euros pour les travailleurs indépendants classiques.
- Un revenu moyen de 5 788 euros pour les auto-entrepreneurs économiquement actifs.
- 15,1% des travailleurs indépendants cumulent leur statut de non salariés avec une activité dans le secteur privé.