Hauts-de-France

De futurs investissements pour un nouveau réseau d'eau potable ?

Thierry Vatin, directeur général de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie et Olivier Camau, directeur régional Hauts-de-France de la Banque des Territoires se sont réunis le 3 mai dernier à Lille. Les deux entités se sont rassemblés pour signer la reconduction de leur partenariat pour la gestion et l’assainissement de l’eau des Hauts-de-France. Ils ont aussi évoqué leur souhait de collaborer avec les collectivités.

Thierry Vatin, directeur général de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie et Olivier Camau, directeur régional Hauts-de-France de la Banque des Territoires.
Thierry Vatin, directeur général de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie et Olivier Camau, directeur régional Hauts-de-France de la Banque des Territoires.

La problématique de Thierry Vatin, directeur général de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie et d'Olivier Camau, directeur régional Hauts-de-France de la Banque des Territoires, est claire : «Nous avons assez de moyens mais pas suffisamment de projets». 

Le 3 mai dernier, ils se sont réunis au Club de la Presse de Lille pour signer la reconduction de leur partenariat. Leur ambition pour les prochaines années ? Financer la création d’un nouveau réseau d’eau dans la région Hauts-de-France. Mais pour l’instant, l’objectif est surtout de médiatiser cette ambition pour alerter les collectivités. A l’heure où les sécheresses sont de plus en plus fréquentes dans les Hauts-de-France, l’état de l’eau potable inquiète. «L’été dernier, 1 000 communes de la région étaient en rupture alimentaire, les habitants étaient ravitaillés par des camions-citernes» indique Thierry Vatin.

Selon les deux signataires, 50% du réseau d’eau de la région ne serait pas cartographié. Cette méconnaissance du réseau serait une des raisons pour lesquelles les investissements se font rare. Une méconnaissance qui est elle-même accompagnée d’une méfiance des collectivités. Selon Thierry Vatin, les collectivités sont réticentes par rapport à des investissements étendus sur plus de 40 ans. Les signataires ont ensuite décrit plus en détail à quoi ressemble le réseau des Hauts-de-France aujourd'hui : «1 litre d’eau sur 5 est perdu au cours de son acheminement, 1 litre d’eau sur 4 dans certaines zones» affirme Olivier Camau.

Retards d'entretien du réseau

Les deux structures ont évoqué des données issues du rapport du CESER «Vers une grande politique de l’Eau en Hauts-de-France» en lien avec les retards d’entretien du réseau. Un réseau a en moyenne une durée de vie de 70 ans avant de devoir être remplacé. Celui des Hauts-de-France est pour le moins que l'on puisse dire âgé. Le manque d’intervention financière et d’autres ralentissements pourraient conduire à prolonger jusqu’à 200 ans la durée de vie du réseau, ce qui serait techniquement impossible. «On ne va pas attendre deux siècles alors que le système se dégrade en 60 ans, il faut essayer d’accompagner les collectivités pour le patrimoine» incite Olivier Camau.

La solution pour les deux partenaires serait alors dans un premier temps de cartographier le réseau dans son ensemble. Une fois l'entièreté du réseau connu, un projet financier pourrait être engagé. Pour accueillir la confiance des acteurs publiques, les deux groupes comptent sur leurs caractéristiques respectives. Sur la période 2019-2022, l’Agence de l’Eau a soutenu différents projets à hauteur de 479 M€ de subvention et 119 M€ d’avance remboursable sur 10 à 20 ans. La Banque des Territoires mise sur sa gamme de prêts à taux fixe ou révisable pouvant aller jusqu’à 60 ans. Des investissements qui seraient donc moins douloureux pour le portefeuille des collectivités, puisqu’ils seraient étendus sur une longue période. Affaire à suivre donc...