Hauts-de-France : 2023, une année contrastée pour les entreprises
Le 16 octobre dernier à la chambre de Commerce et d’Industrie des Hauts-de-France, étaient organisées les Rencontres régionales de l’économie. L’occasion de dresser un état des lieux des filières régionales. Le point sur quelques chiffres.
À l’heure où les crises s’enchaînent, il est important pour les
entrepreneurs de faire un arrêt sur image, afin de prendre de la
hauteur. « Nos Rencontres régionales de l’économie (RRE) sont là pour vous aider dans cette tâche »,
introduit, ce 16 octobre à Lille, Antoine Leduc, président de la
commission études à la CCI des Hauts-de-France. Lequel poursuit : « Nous
sommes réunis face à vous avec la Banque de France, la chambre
d’Agriculture et la chambre des Métiers et de l’Artisanat, pour
présenter les résultats de nos enquêtes de conjoncture au troisième
trimestre 2023. Ses données doivent vous servir pour appréhender
l’avenir. » Un avenir qui s’annonce incertain, puisque les résultats exposés sont en demi-teinte.
La crise du logement neuf fait souffrir le BTP
Dans les Hauts-de-France, l’un des secteurs le plus sujet aux défaillances d’entreprises est le BTP. En 2023, on dénombre 70 défaillances supplémentaires en comparaison avec l’année précédente. Ces entreprises souffrent de l’augmentation du prix des matières premières et du carburant, du recul du pouvoir d’achat, de la hausse des coûts de transport ainsi que de la crise du logement neuf. « Cette année, il y a eu 31 900 mises en chantier en moins, soit un recul de l’ordre de 16%. Les dirigeants sont inquiets pour 2024 », expose Gregory Stanislawski, directeur des études à la CCI des Hauts-de-France. Les carnets de commandes se remplissent donc moins vite. Aujourd’hui, les chefs d’entreprises ont une visibilité à trois mois.
Cependant, tout n’est pas noir. En moyenne, le chiffre d’affaires des entreprises du BTP va augmenter de +2,8% en 2023. « Et un chef d’entreprise sur trois affirme que son chiffre d’affaires sera stable », ajoute Émilie Defer, responsable du service des études à la chambre des
Métiers et de l’Artisanat (CMA). De plus de nouveaux marchés s’ouvrent. « De
nombreuses lois ont été votées quant à la rénovation énergétique des
logements. Ce sont des marchés que les entreprises du BTP doivent
investir. Moins de logement neuf, mais plus de rénovation », affirme Gregory Stanislawski.
L’inflation, un ennemi commun
Seulement, il n’y a pas que le secteur du BTP qui souffre. L’agriculture, le commerce de détail et de services subissent également l’inflation. « La variable d’ajustement, c’est souvent la nourriture. En effet, 41% des Français déclarent restreindre leurs dépenses alimentaires, affirme Pascale Nempont, chef de service stratégie et prospective à la chambre d’Agriculture Nord Pas de Calais, avant de poursuivre. Ce qui fait que sur les étals, certains produits sont boudés, comme le bio ou les viandes de boucherie (-42% d’achat). » C’est souvent le prix au détriment de la qualité. Néanmoins, les filières céréales, oléagineuses et protéagineuses se portent bien. Et les agriculteurs en mode de production mixte sont moins en difficulté.
Côté commerce de détail et de services, c’est la même chanson, les entreprises sont touchées par l’inflation. « En
moyenne, les chefs d’entreprises du commerce de détail et de services
annoncent -22% de chiffre d’affaires au troisième semestre. Les
entreprises dans les domaines de l’habillement et des chaussures
souffrent beaucoup », détaille le directeur des études à la CCI des Hauts-de-France.
Malgré tout, les entrepreneurs restent combatifs. 52% d’entre eux se disent optimistes. « De nature, le chef d’entreprise est résilient », affirme Antoine Leduc, président de la commission études à la CCI des Hauts-de-France. Seulement, les dirigeants vont devoir se préparer à de nouveaux défis et enjeux comme l’arrivée de l’intelligence artificielle ou le réchauffement climatique. « Il faut déjà engager des transformations maintenant. En effet, il y aura les entrepreneurs qui vont rester sur le quai de la gare et qui vont devoir fermer leurs entreprises et ceux qui dès maintenant se préparent et vont monter dans le train », conclut Antoine Leduc.