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Hausse des taux d’intérêt : un facteur de vulnérabilité !

La hausse rapide des taux d’intérêt fragilise les agents économiques endettés et rend les économies nationales vulnérables…

© Adobe Stock
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Après une décennie de taux d’intérêt bas — voire négatifs —, personne ne semblait avoir anticipé qu’ils remonteraient en seulement quelques mois. Il est vrai qu’après la pandémie, le grand retour de l’inflation a contraint les Banques centrales à resserrer précipitamment leur politique monétaire : alors qu’aux États-Unis, la Réserve fédérale américaine (Fed) a augmenté son principal taux directeur d’un niveau proche de zéro à une fourchette comprise entre 5,25 % et 5,50 %, la Banque centrale européenne (BCE) a porté le sien de -0,5 % à +4,5 %. Et tout cela en moins de quatre ans ! Dans la dernière mouture de son « Rapport sur la stabilité financière dans le monde », le FMI note d’ailleurs que « l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) reste élevée et ne recule que lentement dans nombre de pays avancés, aussi les banques centrales pourraient-elles avoir à durcir l’orientation de leur politique monétaire plus longtemps que les marchés ne l’anticipent actuellement ». Ce n’est, au fond, que la confirmation du message délivré par les grands argentiers lors de la conférence annuelle des Banques centrales, à Jackson Hole, à la fin du mois d’août.

Hélas, la transmission progressive des taux directeurs aux autres taux d’intérêt constitue, selon le FMI, un facteur important de vulnérabilité pour les agents économiques endettés et la croissance économique des pays.

Une hausse du coût de la dette publique

Pendant près d’une décennie, les États ont facilement pu financer leur déficit public par de l’endettement. Qu’on en juge avec l’exemple français : après avoir emprunté en deçà de 1 % au début de l’année 2022 et même à taux nominal négatif au début de l’année 2021, l’État français a vu ses obligations (OAT 10 ans) se négocier à plus de 3 %, depuis le mitan de 2023 !

Or, si les taux d’emprunt souverains augmentent, le remboursement de la charge d’intérêt sur la dette publique s’alourdit. Heureusement, de nombreux États, dont la France, empruntent à long terme et amortissent donc encore partiellement ce choc. De plus, les taux d’intérêt réels (corrigés de l’inflation), demeurent négatifs. Mais si l’inflation refluait, alors les taux d’intérêt réels deviendraient positifs, d’où le risque d’un emballement de la charge de la dette (« effet boule de neige »). L’Italie est de ce point de vue l’État le plus en danger, avec une dette publique proche de 140 % du PIB. Et en tout état de cause, des taux d’intérêt élevés limitent la capacité des États à dépenser pour leurs nombreux objectifs prioritaires (plein-emploi, transition écologique, rénovation immobilière…) et pourraient déboucher sur une hausse des impôts.

Entreprises et ménages pris à la gorge

Les entreprises ont largement profité des taux d’intérêt faibles pour financer leurs besoins en investissement, acquisition et développement. Mais désormais, les plus fragiles, celles qui ont pu surnager cahin-caha font face à un véritable mur de la dette, d’autant que l’activité économique nationale et mondiale donne des signes d’essoufflement. Les procédures judiciaires commencent d’ailleurs à se multiplier. Hélas, même les PME qui se portent bien doivent dorénavant aussi composer avec un financement plus cher de leur activité quotidienne et des contraintes de trésorerie. Et que dire des entreprises du secteur des énergies renouvelables, dont tout le monde ne cesse de chanter les louanges, mais qui pâtissent de taux d’intérêt beaucoup trop élevés pour financer leurs lourds investissements ? Il y a bien sûr aussi les grandes entreprises, dont certaines ont usé et abusé du levier financier, fondé sur l’endettement, pour financer une croissance externe démentielle ou simplement servir des rentabilités sur fonds propres très élevées à leurs actionnaires. Là aussi, les dégâts se font déjà ressentir, comme en témoignent Casino et Altice.

Et les banques dans tout cela ? À n’en pas douter, les difficultés des entreprises et des ménages les fragilisent. Au-delà du tarissement des crédits à la consommation, la hausse des taux d’intérêt sur les prêts immobiliers et le plafond légal de l’usure conjugués limitent maintenant considérablement l’accession à la propriété des ménages et leur mobilité. D’où un recul des transactions dans l’immobilier ancien, un coup d’arrêt à la construction et un problème de pénurie sur le marché locatif. Certains pays, comme la Suède et la Chine, sont d’ailleurs au bord de la crise immobilière.

Mais, contrairement à une idée reçue, les banques ont plutôt bien sorti leur épingle du jeu durant la dernière décennie, en recherchant dans les commissions et les volumes ce qu’elles perdaient sur les taux d’intérêt. C’est plutôt la remontée actuelle de ces derniers qui déséquilibre leur bilan, dans la mesure où le stock de prêts est à taux fixe, mais que le coût des ressources augmente (épargne réglementée, comptes à terme…). Et les actifs obligataires des banques vont donc afficher des moins-values latentes, susceptibles de les fragiliser lors des prochains stress tests…