Guerre des roses au PS en pleine motion de censure du gouvernement Barnier
Alors que le patron du PS Olivier Faure a défendu mardi la motion de censure contre le gouvernement Barnier, il est de plus en plus contesté au sein du PS, où l'ex-président François Hollande a lancé l'offensive en...
Alors que le patron du PS Olivier Faure a défendu mardi la motion de censure contre le gouvernement Barnier, il est de plus en plus contesté au sein du PS, où l'ex-président François Hollande a lancé l'offensive en réclamant son remplacement à la tête du parti.
Ce devait être un moment d'union autour de la motion de censure du Nouveau Front populaire, mais François Hollande, redevenu député de Corrèze depuis la dernière dissolution, a lancé les hostilités lundi soir, en disant espérer que l'actuel premier secrétaire soit remplacé lors du prochain congrès du PS.
"Il faut une nouvelle figure pour diriger le Parti socialiste" pour permettre le "rassemblement et cette ouverture" vers Place publique et la gauche sociale-démocrate, a affirmé l'ex-président sur LCP.
L'ancien chef de l'Etat s'appuie sur les différentes initiatives menée ces dernières semaines par l'aile droite du PS, farouchement opposée à LFI et à la stratégie d'union avec les Insoumis prônée par Olivier Faure.
Ses opposants internes, de François Hollande à la maire de Paris Anne Hidalgo, en passant par la présidente d'Occitanie Carole Delga et le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, se sont retrouvés à plusieurs reprises, à Bram dans l'Aude autour de Mme Delga et à La Réole en Gironde autour de l'eurodéputé Raphaël Glucksmann, pour préparer l'après NFP et le retour de la social-démocratie au pouvoir.
Au sein du camp Faure, des députés, comme Philippe Brun ou Jérôme Guedj, ont aussi critiqué la stratégie et le rapport à LFI. De quoi laisser penser aux opposants qu'ils peuvent remporter le prochain congrès, qu'ils réclament pour début 2025.
Avec ces propos, l'ancien président a voulu "prendre le leadership des opposants", alors que Raphaël Glucksmann, Carole Delga ou le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane, ont le vent en poupe, note un membre du conseil national du PS.
Et un fin connaisseur de l'ancien président prévient: "Il va s'appuyer sur tous ceux qui bougent en ce moment, pour mieux les étouffer".
L'honneur d'être une cible
Pour un autre responsable socialiste, François Hollande craint "un processus commun de primaire. Son intention c'est de reprendre le parti pour être désigné par le PS en 2027 sans passer par la case primaire".
En lançant les hostilités lundi, François Hollande n'a pas agi par hasard, considère le même, au moment où il s'agit de "s'affirmer dans le cadre de l'union de la gauche, et où Olivier Faure prend la parole au nom du NFP".
Un autre tacle: "On a un ex-chef de l'Etat qui pense au congrès, quand on a un chef de parti qui pense aux Français".
"On n'abdique pas l'honneur d'être une cible", a sobrement réagi Olivier Faure devant la presse mardi, en citant Edmond Rostand. François Hollande "divise là où je rassemble", a-t-il ajouté.
"Dans les boucles internes, les gens sont en colère", confirme un responsable socialiste, qui considère que les militants, "notamment les 10.000 arrivés depuis deux ans", ne sont "pas pour François Hollande ou un ersatz de François Hollande comme premier secrétaire".
Et "si notre stratégie depuis 2018 était un échec, il n'y aurait pas tous ces prétendants" pour reprendre la tête de l'appareil, ajoute le membre du conseil national cité plus haut.
Très remonté, le député Laurent Baumel remarque que François Hollande est "lui-même redevenu député dans le cadre du rassemblement que nous avons su construire", alors que "son quinquennat et les choix contre nature qu’il nous a imposés pendant cette période, sont a l’origine de l’effondrement sans précédent que nous avons connu".
Pour l'eurodéputé et secrétaire général du PS Pierre Jouvet, les propos de François Hollande ont "le mérite de la clarté sur ce que sera le prochain congrès": les militants devront choisir "entre poursuivre le travail entamé pour remettre le PS au coeur de la gauche, ou revenir à la situation d'isolement du parti".
Il rappelle qu'Olivier Faure sort d'une "séquence électorale réussie", avec le doublement du nombre de députés socialistes à l'Assemblée, un rééquilibrage de l'alliance de gauche où LFI est moins hégémonique, et le bon résultat des européennes (14%) autour de Raphaël Glucksmann.
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