Energie
GRTgaz en mode alternatif
Biométhane, hydrogène, captage de CO2, le triptyque pour construire les modèles énergétiques de demain pour atteindre cette fameuse décarbonation. Une feuille de route que le gestionnaire de réseau de gaz, GRTgaz, a pris en main histoire de mettre en place les infrastructures nécessaires. Prise de température avec Vincent Rousseau, le délégué territorial Nord-Est de GRTgaz.
«Le biométhane, c’est le plus gros morceau dans les dix prochaines années !» Vincent Rousseau, le délégué territorial Nord-Est de GRTgaz sait pertinemment que pour atteindre les objectifs fixés par la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) à l’horizon 2030 en matière de production et d’injection de gaz renouvelable issu de la méthanisation que la route est encore longue. La PPE fixe à environ 50 TWh de production de biogaz et aujourd’hui l’Hexagone affiche une dizaine de TWh de capacités installées. «C’est simple, il va falloir en produire quatre fois plus en deux fois moins de temps. Le problème, ce n’est pas les canalisations, c’est qu’il va falloir trouver de la biomasse.» Dans le Grand Est, la filière méthanisation est active avec une vingtaine de nouveaux sites de production mis en service en 2022 dont cinq raccordés au réseau de GRTgaz. À l’heure actuelle, près d’une centaine d’installations injectent du biométhane dans la région pour une capacité de production de l’ordre de 2 TWh (soit l’équivalent de plus de 20 % de la capacité de production nationale).
«La centaine de projets inscrits dans le registre de capacités porteraient la capacité totale de la région à près de 4 TWh par an. Il existe un fort potentiel latent sous réserve de disposer rapidement de nouvelles mesures de soutien adaptées aux évolutions économiques auxquelles font face les porteurs de projet.» Le biométhane s’affiche comme l’un des principaux axes suivis en matière de gaz renouvelables mais il n’est pas le seul.
«Les autres filières de gaz renouvelables poursuivent leur développement à l’image de la pyrogazéification qui permet de transformer en gaz renouvelable et bas carbone des résidus solides peu ou mal valorisés et la gazéification hydrothermale qui convertit la biomasse humide en gaz de synthèse.» Reste à adapter les infrastructures, mission principale de GRTgaz.
MosaHYc opérationnel en 2028
«Concevoir, restaurer et exploiter les canalisations de transport demeurent notre mission principale et nous avons un plus, celui de savoir mettre les différents acteurs autour de la table.» Une nécessité à l’aube du développement d’autres alternatives pour mener à bien la transition énergétique en marche et atteindre la sacro-sainte décarbonation.
En première ligne : l’hydrogène ! «Il existe aujourd’hui un gros intérêt sur le sujet et l’objectif est d’aboutir à la création de véritables écosystèmes locaux.» La région s’affiche comme une des régions phares dans le domaine. Mi-décembre, GRTgaz a officialisé la création d’une infrastructure de transport d’hydrogène entre le département de la Moselle et des sites sidérurgiques de Sarre en Allemagne pour alimenter les usines du groupe sidérurgique SHS (Stahl Holding Saar). Nom de code de l’infrastructure : MosaHYc. Porté par GRTgaz et son homologue allemand, Creos en coopération avec l’énergéticien luxembourgeois, Encevo, cette canalisation d’une centaine de km (dont les deux tiers proviendront de la conversion d’une infrastructure de transport de gaz naturel existante) devrait être opérationnelle à l’horizon 2028.
Un autre réseau hydrogène, le projet RHYn, est également dans les tuyaux dans la région du Rhin supérieur. La région Grand Est s’affiche également comme stratégique sur le tracé du projet H2Med, visant à exploiter le potentiel de production d’hydrogène renouvelable du sud de l’Europe, et surtout de son extension jusqu’à l’Allemagne. «C’est un backbone européen qui est en train de se mettre en place.» Reste à développer, et faire accepter les usages…
Captage de CO2 en marche
Capter et stocker le CO2 issus des énergies fossiles ! La technologie CCS (carbon, capture and storage) a le vent en poupe surtout depuis la dernière COP 28. Cette séquestration du CO2 nécessite des réseaux histoire de l’acheminer vers des zones de stockage en profondeur ou de le réutiliser dans de nouveaux process industriels. GRTgaz déploie des réseaux de captage de CO2 notamment dans les bassins industriels de Dunkerque et de Marseille. «Dans le Grand Est, beaucoup d’industriels auront besoin de la CCS», assure Vincent Rousseau, le délégué territorial Nord-Est de GRTgaz.