Grandir en élargissant la palette de produits
C’est une belle histoire qui fait se rencontrer une entreprise artisanale et un groupe qui procède à une croissance externe intelligente. La boulangerie Régnier existe depuis 1864. De son côté, Gelpass développe une activité dans le salé en France. Il y a une décennie, les deux associés (François Dequesne et Bertrand Boddaert) achetent un site de transformation de champignons forestiers à Brive-la-Gaillarde. En 2008, ils enchaînent avec l’acquisition d’un site en Rhône-Alpes (Garnier, spécialisé dans les fruits surgelés). S’ensuit un agrandissement du site acquis et la création d’une nouvelle chambre froide (pour 5 millions d’euros) en 2011. Cherchant encore à accroître sa place sur le marché et souhaitant converger vers le sucré, Gelpass poursuit sa croissance externe. «On était sur un bâtiment vide quand on a rencontré Régnier», explique François Dequesne. En mai 2013, les dirigeants des deux entreprises parviennent à un accord. Gelpass acquiert le site et investit 400 000 euros dans de nouvelles machines. «On évolue vers le sucré-salé», précise le dirigeant. Saumon fumé et poulet au curry ont fait leur apparition dans les ateliers.
D’atelier en atelier. Dans la première pièce, deux personnes travaillent les feuilletés aux pommes ; les fonds de pâte pour la viennoiserie embaument. Grâce à une nouvelle machine − une Multirex− , la chaîne gagne en productivité. Plus loin, les pâtisseries fraîches sont en cours de préparation. «Ce sont des commandes pour demain matin : babas, jésuites, tropéziennes… Ça part en grande distribution et chez des traiteurs ou dans la restauration.» Les commandes arrivent vers 16h. Trois palettes de 156 pièces de choux, notamment, seront sorties avant l’aube. Deux équipes auront été nécessaires.
Dans un autre atelier, les surgelés sont au programme : les premières bûches sont en cours de production ; elles seront plus de 15 000 à défiler entre les mains des équipes. Plus loin encore, des salles sont dédiées au conditionnement. Un détecteur de métaux passe au crible le passage des denrées. A Arques, le travail ne s’arrête pas : en trois-huit, une cinquantaine de salariés fait tourner l’entreprise. La moitié de la production réside encore dans la boulangerie.
Quant à l’autre moitié, la pâtisserie, la part des surgelés augmente sensiblement. Les repreneurs se positionnent sur le modèle du sourcing agroalimentaire sur le marché européen. Le site arquois veut passer de 4,5 à 9 millions d’euros de chiffre d’affaires dans moins de trois ans, avec un développement de la partie pâtisserie dans laquelle le secteur frais et surgelés constitueront la majeure partie de sa valeur ajoutée.