Grande salle, grand problème

Nouveau départ pour le projet de construction de la «grande salle» de Dunkerque. Avec la première réunion publique organisée par la communauté urbaine de Dunkerque (CUD) commence l’émergence des antagonismes politiques à moins d’un an des municipales.

« Plus de 200 personnes s’étaient déplacées pour donner de la voix contre le porjet de Grande Salle à Petite-Synthe ».
« Plus de 200 personnes s’étaient déplacées pour donner de la voix contre le porjet de Grande Salle à Petite-Synthe ».
CAPresse 203

Plus de 200 personnes s’étaient déplacées pour donner de la voix contre le projet de la "grande salle" à Petite-Synthe.

 

Cela ressemblait plus à un meeting anti-Delebarre qu’à un débat public sur une question d’importance pour l’agglomération dunkerquoise. En effet, la question de la «grande salle» devient de plus en plus prégnante depuis la signature du PPP entre la CUD et le groupe Vinci l’an dernier. Dans la salle de la Licorne de Petite-Synthe, à quelques encablures du site retenu, plus de 200 personnes se sont pressées sur les chaises et gradins qui font face à l’estrade où se tenaient les promoteurs du projet de l’Arena : 10 000 places multifonctionnelles, une capacité d’accueil de 3 000 véhicules et des événements à gogo pour la faire tourner : «grands» concerts, «grands» spectacles, «grands» séminaires et «grands» matchs de basket et de handball de l’USDK. Les promoteurs affirment déjà qu’une partie des matchs du mondial 2017 s’y dérouleront. Côté chiffres, le projet coûtera 113 millions pour sa construction et près de 181 millions en termes de remboursement pour la CUD.  Les autres collectivités participeront selon les chiffres de la CUD : le Conseil général mettra 3 millions d’euros, 15 autres viendront de la Région, 17 de l’Etat. Insuffisant selon les détracteurs, soucieux des finances publiques et qui craignent que cette salle empêche tout nouvel investissement par ailleurs. «La Région a doublé sa participation», répond Jacques Deprez, pilote du projet pour la CUD. En tout, plus de 200 millions de fonds publics seraient mobilisés.

 

Des financements aléatoires ? Philippe Eymerie, conseiller municipal et d’agglomération d’opposition, a voulu démontrer l’absurdité du projet : «Sur les financements, on est passés de 39 à 45 millions dites-vous. Mais l’Etat est passé de 19 à 6 millions et le Conseil régional de 15 à 30 millions. On vient de finir le kursaal avec 8 500 places ; on lui interdira par une convention d’accueillir des événements de plus de 3 000 personnes… Et on a dépensé 25 millions pour ça !» Le centre commercial, qui doit accompagner la naissance de la grande salle, a été retoqué en Comité départemental d’équipement commercial (CDEC) en mars dernier. Une autre formule est en cours d’élaboration chez le promoteur dunkerquois BECI, en charge de cette partie. «Les deux projets suivent leur chemin administratif parallèlement. L’Arena peut fonctionner sans le centre commercial. Mais c’est mieux avec. Les retombées pour l’hôtellerie-restauration sont estimées à 3,5 millions par an», a plaidé Alain Deprez. Au plan environnemental, l’association Adelfa s’est dite inquiète quant à l’emplacement du site, «au milieu de quatre usines classées ICPE», tout comme le fait que des scénarios − certains, certes, très improbables − ont été purement écartés des études (comme l’explosion de produits dangereux dans les industries du périmètre). Sur la Toile, les sites et les pétitions fleurissent sur le projet alors que le débat ne vient que de commencer. La plupart des participants ont demandé un référendum à l’issue de l’enquête publique.