Barentin, une Petite ville de demain en devenir
Trente communes de Seine-Maritime sont lauréates du programme "Petites villes de demain", lancé par le gouvernement en octobre 2020. Ce programme permet aux communes de moins de 20 000 habitants d’accélérer leurs projets pour redynamiser leurs territoires. Exemple à Barentin, commune de 12 000 habitants, près de Rouen.
En octobre 2020,
c'est à Barentin
que le programme "Petites villes de demain" a été lancé, en
présence de Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des
territoires. La commune de Christophe
Bouillon, élu maire en mai 2020 et
président de l'Association des petites villes de France (APVF), fait
partie des lauréats du programme. ''Petites villes de demain''
a
pour objectif de soutenir
l'attractivité des communes de moins de 20 000 habitants
en améliorant notamment le cadre de vie. Une enveloppe de 3
milliards d’euros est
affectée à ce programme national sur six ans. « C'est
une réponse à la demande de l'Association des petites villes de
France, notamment concernant un accompagnement dans l’ingénierie,
déclare Christophe Bouillon. C'est
un formidable accélérateur pour les lauréats. »
Environnement, mobilité, commerce... Le projet de la municipalité barentinoise est dense. Son projet phare : la transformation de la friche Badin en parc urbain au cœur de la ville. Sur cet ancien site textile de 17 ha, emblématique de la commune, le maire souhaite un parc aux multiples fonctions alliant environnement, culture et événementiel. Sur ce site, deux bâtiments sont encore debout. La halle de 2 700 m² pourrait accueillir des événements. L'autre bâtiment, de 3 000 m², a vocation à devenir un lieu culturel. « Nous avons un partenariat déjà bien avancé avec La Villette », porteur du projet de Micro-Folies (un dispositif de musée numérique permettant d'avoir accès aux grands chefs d’œuvres de musées nationaux). Une réflexion est également en cours avec Ferrero pour intégrer « la chocolaterie » à cet espace muséal.
Un projet à 19 millions d'euros
Ces
travaux représentent des investissements importants pour la ville.
Le coût du projet est estimé à
19 millions d'euros.
« C'est
énorme pour une commune de 12 000 habitants »,
souffle Christophe Bouillon. La municipalité a déjà déboursé 1
million d'euros pour l'acquisition foncière et 4,5 millions d'euros
pour la destruction des bâtiments. Alors que la commune a été
désignée lauréate du Plan paysage lancé par le ministère de la
Transition écologique, le maire compte bien sur le fonds Friche du
plan de relance pour mobiliser le plus de moyens possibles, en plus
du financement en lien avec le programme ''Petites villes de
demain''. «
Les premiers livrables sont prévus pour 2025 »,
annonce l'élu.
Autre
point du projet du nouveau maire : la redynamisation
des commerces.
« La
commune compte 80 commerçants, mais l'activité souffre. Les
vacances commerciales (locaux
commerciaux vides, NDLR) sont
au nombre de 16, il faut faire attention »,
décrypte-t-il. La revitalisation du centre-ville passe notamment par
la digitalisation
des commerçants, pour s'adapter aux nouvelles habitudes de
consommation, accentuées par la crise sanitaire. Les accès
piétons et le stationnement
sont aussi des enjeux de cette réflexion. Une réflexion menée à
l'échelle de la communauté de communes Caux-Austreberthe, présidée
par Christophe Bouillon. Car, la redynamisation du centre-ville est
étroitement liée à celle de la zone
commerciale du Mesnil-Roux.
« Il
n'y a pas de contradiction entre les deux mais une complémentarité »,
martèle-t-il.
Une zone commerciale à réinventer
Une
zone commerciale de 137 ha, créée en 1973, qui a donc été
pensée plutôt pour la circulation en voiture qu'à vélo ou à
pied. Un aménagement de cette zone génératrice de milliers
d'emplois semble donc inéluctable pour l'édile. L'idée : « Ne
pas faire une zone commerciale monofonctionnelle, avec les commerces
et les autres structures type collèges et logements de l'autre, mais
mélanger ces deux approches »,
explique Christophe Bouillon. Et d'ajouter : « Il
faut intégrer des offres de loisirs aux côtés des restaurants et
du supermarché, car la population ne vient plus seulement faire ses
courses, elle veut une expérience, notamment pour la génération Z
(personnes nées entre 1997 et 2010, NDLR) »
Ainsi, des structures d'escalade (climbing) et de trampoline
(jumping) pourraient voir le jour sur la zone commerciale.
La mobilité est un point essentiel de la stratégie de la municipalité de Barentin. Le maire milite depuis de nombreuses années pour la fusion des gares Barentin-Pavilly. « Nous voulons une meilleure accessibilité physique, notamment par le stationnement mais aussi raccourcir les délais, présente le maire de Barentin. Car, ce qui fait perdre du temps sur le trajet, c'est lorsque le train fait des arrêts. » Ce projet, déjà tenté il y a quelques années, avait été abandonné car trop coûteux (estimation du coût à 23 millions d'euros d'après une étude de 2013). Mais pas question pour Christophe Bouillon de baisser les bras. « J'ai à nouveau sollicité le président de Région Hervé Morin à ce sujet dès le mois de juin », déclare-t-il. Cette nouvelle gare ferroviaire, plus accessible et moderne, pourrait être située « au niveau du lycée Thomas-Corneille ». Car, plus qu'une gare ferroviaire, Christophe Bouillon souhaite développer un lieu multimodal en intégrant également une gare routière. Les anciennes gares pourraient être reconverties en lieu d'activité économique.
Le logement, un enjeu important
Sur le territoire barentinois, la demande de logements est forte. « Environ 1 000 personnes, habitant déjà le territoire ou non, viennent en mairie pour une demande de logement par an », chiffre le maire. Et d'ajouter : « Des chefs d'entreprises demandent également des logements pour leurs salariés. » Alors, les projets de constructions se multiplient. Le quartier Normandie fait sa mue. Après la démolition, de nouveaux logements vont être construits. Deux réserves foncières vont également permettre de répondre à la demande : l'ancien lycée professionnel Jacquard et l'ancienne usine Gailliard. Sur cette friche industrielle de 6,5 ha, ce sont entre 350 et 400 logements qui devraient être livrés.