Glucksmann en appelle à "tous les démocrates sincères" pour défaire Macron

Raphaël Glucksmann, qui talonne la candidate de la majorité présidentielle Valérie Hayer dans les intentions de vote pour les européennes, a appelé jeudi à renforcer "l'émergence d'un espace politique nouveau" à gauche lors d'un grand meeting jeudi soir à Paris, alors que le Premier ministre Gabriel Attal en a...

La tête de liste aux élections européennes de Place Publique et du PS Raphaël Glucksmann, le 27 mai 2024, à Paris © JULIEN DE ROSA
La tête de liste aux élections européennes de Place Publique et du PS Raphaël Glucksmann, le 27 mai 2024, à Paris © JULIEN DE ROSA

Raphaël Glucksmann, qui talonne la candidate de la majorité présidentielle Valérie Hayer dans les intentions de vote pour les européennes, a appelé jeudi à renforcer "l'émergence d'un espace politique nouveau" à gauche lors d'un grand meeting jeudi soir à Paris, alors que le Premier ministre Gabriel Attal en a fait sa cible pour enrayer un potentiel croisement des courbes.

Devant 4.000 personnes rassemblées au Zénith de Paris, -"un des plus beaux meetings depuis très longtemps", selon le secrétaire général du PS Pierre Jouvet-, la tête de liste PS-Place publique a lancé un appel à tous "les démocrates sincères": "Si vous souhaitez renforcer l'émergence d'un puissant pôle politique qui puisse s'opposer à l'extrême droite et à la droite libérale, rejoignez-nous".

Il a aussi demandé aux militants de "tout donner, pour être la grande et belle surprise de cette élection", et a promis ensuite de créer "quelque chose de profondément neuf". "Je serai là avec vous pour construire cet espace". 

Raphaël Glucksmann, crédité d'environ 14% des intentions de vote pour ce scrutin du 9 juin, a encore dix jours pour tenter de passer devant Valérie Hayer. La candidate macroniste, dont la liste est en difficulté dans les sondages, à 15-16%, est nettement distancée par celle du candidat RN Jordan Bardella, donnée à 34% dans deux dernières enquêtes.

L'essayiste de 44 ans se refuse pourtant au jeu des pronostics, conscient du sentiment de déception si le croisement des courbes n'avait pas lieu le 9 juin.

"Le croisement, on le voit se profiler mais on ne parie pas dessus", laisse entendre un membre de sa campagne.

Mais tout le monde l'espère. "Nous sommes le seul vote qui peut battre Macron quand vous êtes de gauche", martèle Pierre Jouvet. 

Elan de la gauche

Mais "les électeurs à décrocher seront surtout chez les abstentionnistes", analyse un candidat socialiste. 

En attendant, Raphaël Glucksmann a continué d'attaquer à l'extrême droite, son principal cheval de bataille. Il a notamment invité Mathias Ecke, eurodéputé allemand social-démocrate violemment agressé début mai par quatre personnes liées à l'extrême droite à Dresde, en ex-RDA.

"Cette stratégie de brutalisation vise à nous faire taire, mais ils ne réussiront pas, ils ne nous réduiront pas au silence", a promis le parlementaire qui a souffert d'une fracture de la pommette.

"Toute l'Europe est attentive à ce qu'il se passe en France, cet élan de la gauche", a salué de son côté le commissaire européen luxembourgeois Nicolas Schmit. 

Conscient de la situation précaire de sa candidate Valérie Hayer, le Premier ministre Gabriel Attal avait sonné jeudi matin la charge contre Raphaël Glucksmann. 

Sur RTL il a jugé que voter pour la liste socialiste, c'est "évidemment" voter pour la Nupes, l'alliance de gauche conclue avec la France insoumise en 2022 et qui a rompu à l'automne.

"Quand la France insoumise siffle, la Nupes accourt", a critiqué Gabriel Attal, accusant les députés socialistes de s'être "levés comme un seul homme pour soutenir" leur collègue LFI Sébastien Delogu quand il a agité mardi un drapeau palestinien dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.

Sommé par Emmanuel Macron de s'impliquer davantage dans la campagne, Le Premier ministre a déjà participé à plusieurs meetings avec Valérie Hayer et affronté dans un débat télévisé Jordan Bardella, même si la joute n'a pas eu d'incidences sur les intentions de vote.

Malgré les perspectives d'échec, pas question pour la majorité de se prononcer sur l'après 9 juin, alors que plusieurs scénarios politiques circulent entre coalition avec la droite, remaniement ou dissolution.

capacité de blocage

Emmanuel Macron a dit que "c'était une élection européenne aux conséquences européennes", a rappelé Gabriel Attal, comme pour écarter l'hypothèse de son départ de Matignon.

Gabriel Attal a ainsi mis en garde contre la potentielle "capacité de blocage" de l'extrême droite si elle arrivait en force au Parlement européen.

Le Premier ministre sera encore présent au meeting national de son camp samedi à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). 

Raphaël Glucksmann tiendra de son côté encore deux autres meetings, l'un samedi à Marseille en compagnie du maire Benoit Payan, et le dernier à Lille le 7, où il recevra le soutien de la maire de la ville Martine Aubry, figure de la gauche, après celui de l'ancien Premier ministre Lionel Jospin.

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