Ginette Platrier, présidente de la FFB Aisne : « Il faut que nos entreprises tiennent bon »
Membre préfigurateur de la fusion entre les Fédérations picarde et nordiste du bâtiment, la FFB Aisne est dirigée depuis plus de sept ans par Ginette Platrier. Elle revient pour Picardie la Gazette sur la situation du secteur dans le département.
Picardie la Gazette : Comment qualifieriez-vous la situation du bâtiment dans l’Aisne ? Ginette Platrier : Elle demeure malheureusement compliquée. Si la reprise se fait sentir au niveau national, ce n’est pas encore le cas dans le département qui ne possède pas de grosses métropoles. Entre janvier et juin 2016, nous avons perdu 32 entreprises, et 222 salariés. Depuis six ans, 432 entreprises ont disparu, soit au total 3 576 salariés, entre janvier 2010 et juin 2016, les entreprises sont passées de 1 710 à 1278, et l’effectif de 10 604 à 7 028. Ce sont d’énormes pertes…
P.L.G. : Cette crise concerne-t-elle tous les pans d’activité du secteur ? G.P. : Certains sont plus impactés que d’autres, dont le gros œuvre qui est particulièrement touché. L’activité dans la construction neuve est stable, mais les niveaux demeurent très bas avec un faible niveau de commandes. Nous avons en revanche assisté à une hausse sensible dans l’entretien et la rénovation des logements, grâce au Crédit d’impôt pour la transition énergétique (Cite). À cause de cette conjoncture, le chômage partiel a augmenté, les entreprises ont fait le choix de préserver leur masse salariale, ce qui provoque un déséquilibre, cette situation ne peut pas perdurer. Sans oublier les prix anormalement bas des appels d’offres public et privé et les pratiques d’emploi douteuses qui pèsent également sur les entreprises.
P.L.G. : Les perspectives 2017 sontelles meilleures ? G.P. : Si le niveau des carnets de commandes remonte, les trésoreries des entreprises sont aujourd’hui extrêmement fragiles, les banques ne jouant pas le jeu, la situation est délicate. Les entreprises du bâtiment ont besoin d’aides pour sortir la tête de l’eau. Malgré tout, nous restons pour l’an prochain optimistes, et nous avons une écoute attentive des élus et de la préfecture conscients des problèmes du secteur dans l’Aisne, qui s’ils ne peuvent tout solutionner nous accompagnent, notamment en ce qui concerne les difficultés de paiements. Nous espérons également que la loi Pinel aura des effets favorables dans le Soissonnais, territoire éligible, des projets de gros chantiers devraient voir le jour à l’horizon 2018. Je suis relativement sereine, il faut que nos entreprises, qui travaillent surtout hors département, tiennent bon, d’autant qu’une légère reprise est attendue pour le premier semestre 2017. Les Fédérations départementales restent à l’écoute de leurs adhérents, c’est une des priorités listées lors de la régionalisation de notre Fédération.