Gilles Bernard : «Le design est très important pour une entreprise qui souhaite durer dans le temps»
Le Club des entreprises centenaires des Hauts-de-France a organisé le 7 novembre, en présence de Damien Castelain, président de la MEL et Renaud Dutreil, ancien ministre des PME, sa cinquième soirée annuelle. Plus de 400 personnes ont assisté à la Condition publique, à Roubaix, aux trois tables rondes sur le thème du design comme levier de réinvention pour les entreprises centenaires. Gilles Bernard, PDG de Briqueteries du Nord et président du Club, apporte quelques éléments de réponses sur cette question.
La Gazette : Cette année, vous avez choisi le design, un thème pas du tout anodin, puisqu’il prolonge la réflexion de l’édition précédente…
Gilles Bernard : C’est exact, puisque l’an dernier, nous avions choisi «Entreprises centenaires, entreprises du futur». Et quand on parle design, on sous-entend projet, manière de traiter un projet, manière de l’orienter. Donc, le design est très important pour une entreprise qui souhaite durer dans le temps. Tous les matins, un dirigeant d’entreprise centenaire est un dirigeant aux manettes d’une entreprise qui doit se réveiller et se réinventer.
Se réinventer, c’est un peu le leitmotiv quand on parle de design comme levier ?
Disons que nous avons un certain passé qui peut être un atout, dans le sens où on a un ancrage, une stabilité financière, des qualités et de l’expérience. L’inconvénient, le frein, c’est le poids de ces atouts. Le design, ce n’est pas nouveau. Attention, quand nous parlons design, nous ne sommes pas vraiment dans la recherche et le développement, nous allons plus loin. La recherche et développement s’adresserait plutôt à des grosses entreprises qui ont des laboratoires. Le design, c’est un mode de pensée orienté vers l’utilisateur. Et une entreprise ne survit que si elle est au service de son client.
Comment voyez-vous le design appliqué aux entreprises centenaires ?
Ce serait une notion comportementale qui a des effets visibles dans les objets et moins visibles dans les processus ou la pensée. Chacun va venir picorer pour son usage une étape du processus, l’utiliser et l’adapter. C’est quelque chose qui part de l’utilisateur – c’est l’approche client – et on remonte la chaîne de valeur, de création pour que le client soit satisfait. Le design est un moyen intelligent, efficace et moderne de se réinventer.
C’est tout de même une notion très particulière…
Je pense qu’il y a une vraie différence entre le design et le marketing. Toutes nos entreprises ont une approche marketing. C’est connaître son marché et adapter son offre afin de mieux répondre aux attentes des clients. Mais pour moi, le design, c’est donner du sens aux choses, et c’est primordial quand on aborde cette question. Ce qui donne son importance au design, ce sont les gens qui sont en demande de sens, et nous, ça nous oblige à évoluer à tout niveau.
De gauche à droite, Yann Orpin, président de la CCI Grand Lille, Jean-Pierre Nacry, président des Places tertiaires, Philippe Remignon, président de Lille design, et Gilles Bernard, président du Club des entreprises centenaires.