Gecco fabrique du biodiesel… avec de l’huile de friture

Spécialisée depuis 2007 dans le recyclage des huiles de friture, l’entreprise Gecco continue de se développer dans une branche écologique et durable, pour proposer une solution novatrice dans le monde des hydrocarbures.

Un collecteur Gecco sillonne les villes des Hauts-de-France pour valoriser l’huile de friture usagée. ©Gecco
Un collecteur Gecco sillonne les villes des Hauts-de-France pour valoriser l’huile de friture usagée. ©Gecco

Rien ne se perd, tout se transforme. Cette phrase, Michel Millares, président de Gecco, la connaît sur le bout des doigts. Depuis 13 ans maintenant, le fondateur de l’entreprise est parti d’un constat assez simple : valoriser les déchets des restaurateurs des Hauts-de-France. Un défi logistique de grande envergure, pour arriver à une solution efficace : «Quand on a créé cette entreprise, c’était l’époque où les biocarburants faisaient leur apparition, avec de l’huile de colza, de tournesol ou de colza. Mais la base était une huile fraîche et venait directement en concurrence au marché alimentaire. On s’est rendu compte assez vite que les huiles de friture utilisées par les restaurateurs étaient assez peu collectées ou envoyées à grande distance», explique-t-il.

Collecter professionnels et particuliers

Partant de ce constat, Michel Millares veut créer un circuit court dans la région des Hauts-de-France, afin de valoriser directement cette richesse assez mal exploitée. Et 13 ans plus tard, les chiffres montrent la montée en puissance de l’entreprise Gecco : plus de 2 000 points de collectes sont valorisés (restaurateurs, déchèteries, particuliers, entreprises agro-alimentaires…), entraînant une récolte de 2 000 tonnes d’huile de friture par an. Et l’entreprise nordiste ne compte pas s’arrêter là. À l’heure où les particuliers veulent de plus en plus participer au recyclage, des bornes sont installées un peu partout dans la région pour leur permettre d’avoir, eux aussi, la possibilité de valoriser leur huile de friture. «On trouve dans le grand public le plus gros potentiel d’huile qui n’est pas valorisée. On estime à 70% la quantité qui n’est pas encore réutilisée», détaille Michel Millares.

Avec à l’arrivée un biocarburant beaucoup plus respectueux de l’environnement qu’un carburant basique (95 % d’émission de gaz à effet de serre en moins), certaines villes des Hauts-de-France veulent profiter de cette solution verte, même avec un surcoût estimé entre 10 et 15% vis-à-vis d’un carburant classique. Plusieurs tests sont en cours sur trois véhicules de la ville de Lille, deux autres dans l’agglomération de Béthune. «Il peut y avoir un surcoût, mais il faut mettre en avant le fait qu’il y a beaucoup d’impacts positifs sur l’environnement. Pour nous, c’est quasiment 10 ans de recherche qui sont en train d’aboutir», se félicite Michel Millares. Avec désormais un partenariat national avec différents acteurs pour récupérer encore plus d’huile de friture, Gecco s’apprête à déposer son brevet pour sa transformation d’huile vers ce fameux biocarburant.