Fronde commune des cliniques privées et médecins libéraux contre le gouvernement
Quatre syndicats de médecins libéraux ont décidé de rejoindre les cliniques privées dans leur fronde contre les tarifs hospitaliers 2024: ils suspendent leurs propres négociations tarifaires avec l'Assurance maladie, pourtant...
Quatre syndicats de médecins libéraux ont décidé de rejoindre les cliniques privées dans leur fronde contre les tarifs hospitaliers 2024: ils suspendent leurs propres négociations tarifaires avec l'Assurance maladie, pourtant censées entrer dans leur dernière ligne droite.
L'Assurance maladie a pris acte de cette décision et a reporté la séance de négociations prévue jeudi avec l'ensemble des six syndicats représentatifs de médecins libéraux, généralistes et spécialistes.
Dans une réaction écrite transmise à l'AFP, le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, "regrette" cette interruption et appelle à ne pas "mettre en péril" les progrès en cours vers une meilleure rémunération des professionnels et en faveur de l'accès aux soins.
Très attendues après un cuisant échec l'an dernier, ces négociations ont pour but de revaloriser significativement les médecins, qui doivent en contrepartie prendre des engagements collectifs, comme une hausse des installations en déserts médicaux, ou une maîtrise de la part des malades chroniques dénués de médecin traitant.
Mais dans la nuit de mercredi à jeudi, l'organisation majoritaire chez les médecins spécialistes, Avenir Spé-Le Bloc, et le syndicat UFML-S, ont annoncé qu'ils suspendaient leur participation en soutien aux cliniques privées, avant d'être rejoints par les syndicats SML et FMF.
Ils contestent les arbitrages gouvernementaux sur l'évolution des tarifs hospitaliers pour 2024, annoncés la semaine dernière.
Les tarifs hospitaliers du secteur privé lucratif n'augmenteront que de 0,3% en 2024, contre 4,3% pour les hôpitaux publics ou privés à but non lucratif.
"Il ne sert à rien de discuter des tarifs" des médecins "quand nombre d'établissements" privés où ils travaillent "risquent de disparaitre, a indiqué le docteur Jérôme Marty, le président du syndicat UFML-S, dans une conférence de presse des quatre syndicats jeudi matin.
"La décision du gouvernement est une déclaration de guerre. Tous les établissements (privés) non rentables vont fermer", et cela "impactera quasi-immédiatement les professionnels libéraux qui y travaillent", a expliqué de son côté à l'AFP le représentant d'Avenir Spé-Le Bloc, Patrick Gasser.
Les quatre syndicats ont indiqué qu'ils annonceraient avec la FHP, dans une future conférence de presse commune, à quelles conditions ils reviendraient s'assoir à la table des négociations.
Cette conférence de presse doit s'organiser "sous dix jours", ont-ils indiqué.
Grève totale
Les syndicats soutiennent par ailleurs l'appel à la "grève totale" des 1.030 hôpitaux et cliniques privés à compter du 3 juin, lancé mercredi par la FHP.
Cette grève, dont les modalités exactes restent à définir, exclura les activités des "soins vitaux" (dialyse, chimiothérapie etc.) et les maternités, mais il y aura des "déprogrammations", selon la FHP.
Absent à la conférence de presse de jeudi matin, le président de l'influent CSMF Frank Devulder a dit "regretter" la suspension qui "ne va pas dans l'intérêt de tous" les praticiens.
"Je suis absolument scandalisé par l'attitude de Frédéric Valletoux, irresponsable" et "j'appelle aussi à la grève du 3 juin" mais "si ce bras de fer ne marche pas ? On aura pénalisé tous les médecins qui n'en peuvent plus d'attendre un choc d'attractivité pour la médecine libérale", a-t-il dit.
De son côté, la présidente du premier syndicat des généralistes, MG France, a dit "comprendre les difficultés des collègues spécialistes qui exercent en clinique, car c'est leur outil de travail" et "prendre acte" de la situation.
Selon la Fédération de l'hospitalisation privée, la part d'hôpitaux privés en déficit, "passée de 25 à 40% entre 2021 et 2023" pourrait atteindre "60% en 2024".
Le gouvernement justifie le tour de vis budgétaire sur les établissements privés par les contraintes qui pèsent sur les finances publiques.
"La campagne tarifaire 2024 est la première post-crise" Covid-19 et "marque la fin du quoi qu'il en coûte", a déclaré mercredi Marie Daudé, directrice générale de l'offre de soin au ministère de la Santé.
"Le gouvernement a fait le choix de valoriser plus que d'autres des activités comme les soins palliatifs, les greffes", et "la médecine en hospitalisation complète", qui sont plus présentes dans les hôpitaux publics que dans le privé, a-t-elle justifié.
Les maternités vont bénéficier d'une hausse de tarif de 3%, qu'elles soient de statut public ou privé, a ajouté la responsable.
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