"Frigo de Falco": l'ex-maire de Toulon admet une "faute" en appel où il joue son avenir

Un an après avoir perdu ses mandats, l'ex-maire de Toulon Hubert Falco, soutien d'Emmanuel Macron, joue jusqu'à mardi son avenir politique lors d'un procès en appel où il a admis une "faute" dans une affaire de repas...

L'ex-maire de Toulon, Hubert Falco (g), et son avocat Me Thierry Fradet, arrivent au tribunal de Marseille, le 12 avril 2023 © Christophe SIMON
L'ex-maire de Toulon, Hubert Falco (g), et son avocat Me Thierry Fradet, arrivent au tribunal de Marseille, le 12 avril 2023 © Christophe SIMON

Un an après avoir perdu ses mandats, l'ex-maire de Toulon Hubert Falco, soutien d'Emmanuel Macron, joue jusqu'à mardi son avenir politique lors d'un procès en appel où il a admis une "faute" dans une affaire de repas et de pressing réglés avec des fonds publics.

"Je crois à la justice de mon pays. J'ai reconnu des infractions que j'ai faites, qui doivent correspondre à une peine, mais je ne peux pas reconnaître ce que je n'ai pas fait", a commencé l'ex-élu LR désormais rallié au camp présidentiel.

En première instance, le 14 avril 2023, Hubert Falco avait été condamné à trois ans d'emprisonnement avec sursis et une inéligibilité de cinq ans pour avoir continué à déjeuner gratuitement durant des années à la cafétéria du conseil départemental du Var, alors qu'il n'en était plus président depuis plus de dix ans, et d'avoir profité de repas à domicile et de frais de pressing aux frais du contribuable.

L'affaire était passée à la postérité comme celle du "frigo de Falco", car ces repas étaient stockés dans un réfrigérateur spécial.

L'ex-homme fort du Var, 76 ans, avait alors été dépouillé de ses mandats de maire de Toulon et de président de sa métropole.

Lundi, il a reconnu qu'il déjeunait à la cafétéria du département, mais seulement "une à deux fois par semaine". "La dépense publique pour le citoyen est la même" que s'il avait mangé à la mairie, a-t-il plaidé, reconnaissant cependant "une faute".

- Les "barons" et l'intérêt général - 

Selon les enquêteurs, les repas privés, servis même le week-end à Hubert Falco et son épouse, employée du conseil départemental, auraient coûté au moins 64.500 euros au contribuable entre 2015 et 2018.

Comme en première instance, Hubert Falco s'est défendu en soulignant sa frugalité: "J'affectionne le riz, le jambon, les yaourts et les compotes". Mais pour le président de la cour d'appel Alain Vogelweith, le problème n'était pas le contenu des assiettes mais "une pratique", sa "régularité".

En critiquant l'enquête et en demandant plusieurs nullités, son avocat, Me Thierry Fradet, a esquissé une défense similaire au premier procès, reconnaissant que certes les élus ont longtemps été "au-dessus des lois", mais dénonçant aussi cette "tendance en France à répondre à un excès par un autre excès". 

Sur les bancs des parties civiles, les avocats de l'association Anticor et du syndicat Unsa Territoriaux du Var sont présents. Le conseil départemental du Var, toujours dirigé par la droite, ne s'est par contre jamais manifesté, malgré le préjudice subi.

Les fonds du département "sont censés être orientés vers l'intérêt général", le RSA, la gestion des collèges, a plaidé l'avocat du syndicat, Me Jorge Mendes Constante, regrettant cette forme d'"habitude" que peuvent avoir des "barons" locaux, "qui ont été de très bons élus mais ont commis des faits délictueux".

Les faits avaient été révélés par un ancien responsable de la cuisine, qui s'est suicidé durant l'enquête, puis confirmés par d'autres. 

Ces révélations, Hubert Falco a dit lundi les avoir vécues comme une "entreprise de démolition": "Moi je veux bien soutenir le président à Paris, mais il ne faut pas que ses troupes, en bas, me démolissent", a-t-il lancé, visant une ex-députée varoise de la majorité.

L'avocate générale Régine Roux a donné un avant-goût de son réquisitoire attendu mardi, estimant que "les faits reprochés à Hubert Falco et Marc Giraud (NDLR: alors président du conseil départemental), c'est une organisation, un système".

Marc Giraud, co-prévenu et proche d'Hubert Falco, était absent à l'audience pour des raisons de santé. Il avait été condamné en première instance pour détournement de fonds publics, à deux ans d'emprisonnement avec sursis, 15.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité.

Dans l'arrêt de la cour d'appel, qui sera mis en délibéré, la défense portera toute son attention sur l'éventuelle peine d'inéligibilité, avec en ligne de mire les municipales 2026 face aux ambitions du Rassemblement national qui peut compter sur des figures varoises montantes comme Laure Lavalette, porte-parole du groupe RN à l'Assemblée nationale.

La condamnation d'Hubert Falco avait constitué un séisme politique à Toulon, où il se présentait comme un rempart à l'extrême droite, à qui il avait repris la ville en 2001.

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