François Pélissier «Il faut sauver le soldat TPE-PME»
François Pélissier, le président de la CCIT de Meurtheet- Moselle, a participé le 23 novembre à une réunion de travail à Matignon sur le pacte de compétitivité avec le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Si ce pacte se veut une prise de conscience du gouvernement face à l’urgence actuelle, son contenu est loin d’être dans la lignée de ce que souhaitent les entrepreneurs.
Pas de croissance. Pas de marges. Pas d’accès au financement… «Le moral des chefs d’entreprise est au plus bas. La croissance est quasi nulle depuis deux ans et, a priori, atone pour les prochaines années. Les marges sont laminées depuis trois années, les entreprises travaillent à perte et les quelques matelas de trésorerie et de fonds propres, encore présents il y a quelque temps, ont littéralement fondu (…) A cela, vous ajoutez la raréfaction des crédits et des financements et le durcissement des garanties bancaires et vous obtenez le climat général actuel des patrons de TPE et de PME.» Cela c’est pour le tableau (noir très noir) dressé par un François Pélissier, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Meurthe-et-Moselle, visiblement plus qu’inquiet de «la spirale infernale» qui est en train de se mettre en place. De retour de Matignon où il a participé le 23 novembre, avec une douzaine de chefs d’entreprise, tous patrons de PME, à une réunion de travail sur le pacte de compétitivité avec Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, le patron de la CCIT 54 ne cache pas que ce pacte «passe à côté de l’essentiel», même s’il reconnaît «qu’il y a aujourd’hui une prise de conscience de la part du gouvernement. Elle est réelle et elle donne un signal fort aux entrepreneurs de son engagement sur l’urgence de la situation et sur l’évolution fractale de notre modèle compte tenu de l’absence de réformes réelles au cours des vingt dernières années». Une prise de conscience mais une feuille de route loin d’être adaptée aux PME-PMI et TPE pour l’élu consulaire.
Un appel pour la CFE
«Aucune mesure ne concerne directement la diminution des charges réelles des entreprises (…) On fait, de nouveau, le principe de compensation. On va augmenter les charges d’un côté et on redistribue un crédit d’impôt recherche de l’autre. Ce crédit d’impôt ne concernera pas toutes les entreprises et de plus c’est un crédit d’impôt compensatoire qui sera versé alors que bon nombre de PME ne dégagent plus de résultats. Il aurait été plus simple de diminuer les charges une bonne fois pour toutes est d’avoir le courage collectif, entre tous les partenaires, de réformer en profondeur le modèle France.» Une petite couche d’augmentation de CFE (Contribution foncière des Entreprises) là-dessus et le verre d’eau de la tolérance des entrepreneurs déborde. «La situation ne peut rester en l’état. Les entreprises ne doivent pas seules subir une telle pression fiscale alors même que les lois de décentralisation et le programme de modernisation de l’action publique ne sont pas clairement définis.» Dans une lettre, envoyée la semaine dernière à l’ensemble des maires du département, François Pélissier «appelle solennellement à une modération de la fiscalité pour les PME-PMI». Des PME-PMI qui sont aujourd’hui «aux avant-postes d’une véritable guerre économique qui ne veut pas dire son nom». Allusion faite à cette nécessaire compétitivité sur le territoire national mais surtout à l’international où la croissance est encore présente. Une compétitivité made in France jugée quasi impossible aujourd’hui pour François Pélissier vu «le poids des charges qui pèsent sur l’entreprise». Pour lui, c’est simple… «Si l’accumulation des mesures continue, on va droit dans le mur. »