FRANÇOIS ASSELIN, PRÉSIDENT NATIONAL DE LA CPME «Les patrons doivent se concentrer sur leur cœur de métier»
La CGPME perd son G et devient la CPME. Son président national s’en explique et faut le tour des dossiers de ce début d’année électorale.
François Asselin, le sigle de votre syndicat patronal évolue avec la disparition du G pour devenir CPME. Pourquoi ?
Parce que nous, c’est PME ! (rire) Lorsque j’ai été élu à la présidence de la CGPME il y a deux ans, j’ai souhaité que l’on retravaille notre positionnement. Nous avons renforcé notre équipe, nous nous sommes dotés d’une feuille de route jusqu’en 2020. L’idée de changer le nom fait partie de cet ensemble. Pas question d’abandonner notre cible des PME. Nous avons trouvé que l’adjectif «générale» de «confédération générale» était suranné. Nous l’avons donc abandonné, et en profitons pour faire évoluer notre identité graphique.
Auto-entrepreneurs, travail collaboratif, uberisation… alors que les manières de produire et de s’organiser évoluent, vous restez fidèle à cette notion de PME ?
Les TPE et les PME représentent 99 % des entreprises de ce pays ! On compte 5 000 grandes structures sur 3,2 millions d’entreprises. Les autres sont unipersonnelles (1,5 million) ou des TPE et PME : 1,6 million d’entre elles comptent de 1 à 250 salariés. Soit 47 % de l’emploi salarié. Oui, il faut continuer à défendre les PME. Cela dit, c’est vrai que nous vivons des mutations profondes. Une partie des indépendants a vocation à le rester. Une autre partie envisage désormais leur développement plutôt au sein de réseaux avec d’autres indépendants qu’en créant des emplois. C’est que les contraintes se sont tellement accumulées autour du salariat que beaucoup d’acteurs économiques considèrent ce statut comme compliqué, risqué. Si l’État continue à ajouter des contraintes, l’emploi salarié va finir par être réservé uniquement aux grosses structures !
La forme de la PME reste adaptée au monde moderne ?
Elles évoluent dans un environnement de plus en plus sélectif. La numérisation de l’économie vient bousculer les secteurs traditionnels. Les nouvelles formes de consommation, les évolutions normatives sont des défis passionnants à relever mais anxiogènes. Et qui nécessitent surtout que les dirigeants s’y consacrent à temps plein. Or, leur temps est de plus en plus pris par les contraintes qu’on leur met sur le dos. La gestion du compte pénibilité les amène à devenir responsables de la santé au travail. Ils vont se transformer en agents collecteurs dans le cadre du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. Depuis le premier janvier, les voilà même gendarmes avec l’obligation de dénoncer leurs employés qui se font flasher en voiture !
Autant de sujets qui concernent tous les entrepreneurs…?
Ils ne se posent pas de la même manière dans les grandes organisations, où des services centraux peuvent les prendre en charge. Dans une PME, c’est bien souvent le patron qui va se retrouver en première ligne. Tout cela fait que pour les entreprises françaises, le seuil des 50 salariés finit par être indépassable.
Comment se portent les entreprises en ce début 2017 ?
Soyons clairs : le moral est meilleur qu’il y a un an. La conjoncture s’est globalement améliorée. Certains secteurs se portent bien, dont celui de la construction. Mais d’autres restent en rupture et globalement, les TPE souffrent plus que les PME. Nous voyons par ailleurs se développer une fracture territoriale entre les entreprises situées autour des grandes métropoles, qui accèdent à la mondialisation, et les autres, qui peinent souvent plus.
La loi Travail va-t-elle vous simplifier la vie ?
Elle ajoute 238 pages au Code du travail, elle va donc surtout complexifier les choses ! La seule bonne nouvelle, c’est qu’il va être plus simple d’objectiver le motif économique en cas de licenciement : une baisse d’activité avérée ne devrait pas être remise en cause par les prud’hommes. En revanche, la réforme de la médecine du travail n’est pas une bonne nouvelle. Quant à la fameuse inversion de la hiérarchie des normes, elle concerne peu les TPE et PME, puisqu’il nous faut encore en passer par les syndicats, dont le taux de présence est de 4 % dans nos entreprises. Nous aurions préféré pouvoir dialoguer en direct avec les salariés.
Comment abordez-vous la période électorale qui s’ouvre ?
Nous resterons neutres, pour mieux porter les préoccupations des entreprises. Nous dialoguerons avec l’ensemble des candidats. Il faut que les sujets des TPE et des PME soient entendus, et les réformes menées à bien ! Regardez la loi Travail : on était plutôt bien partis, puis le débat a quitté le champ pragmatique pour le champ politique…
Propos recueillis par Philippe Claret
pour ResoHebdoEco
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