Association nationale des directeurs des ressources humaines
Focus sur les tendances RH de la rentrée
Emploi, dialogue social et santé au travail… L’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) fait le point sur les grands enjeux de la rentrée sociale.
«Un
ciblage des besoins, des interlocuteurs identifiés, voire ciblés
par métier» :
les attentes des DRH envers la prochaine création de France Travail,
le
1er janvier prochain, prévue
dans le projet de loi «pour
le Plein emploi»,
sont fortes. Au menu, simplification, digitalisation, présence sur
le terrain et meilleur suivi. Objectif, recruter plus vite et mieux.
Au-delà d’un accès à la formation davantage
lié
aux besoins des employeurs, les DRH souhaitent développer l'offre de
services pour recruter plus simplement (72%), avec
par
exemple des forums métiers, et avoir des procédures et outils
informatiques communs (70%)*.
Si 75% des RH ont déjà collaboré
avec Pôle Emploi, notamment pour des participations à des forums,
des matinées de l'emploi, des animations diverses, du recrutement ou
pour le suivi de ses offres d’emploi, «aujourd’hui
Pôle Emploi n’est pas identifié comme étant l’acteur principal
sur le recrutement,
constate Audrey Richard, présidente nationale de l’ANDRH. La
ligne RH Pôle Emploi n’est pas le premier réflexe. Le réflexe en
termes d’emploi est davantage Linkedin ou du réseau».
En cause notamment, la méconnaissance des services de Pôle Emploi,
le manque d’adéquation entre les profils proposés et les besoins
des entreprises, l’absence de suivi, et le manque de
digitalisation.
Dialogue social efficace
Deuxième
thématique abordée, le dialogue social, qui reste au cœur des
priorités RH en cette rentrée. «Il fonctionne bien dans
les entreprises», s’est félicité l’ANDRH, mettant
notamment en avant l’impact
des ordonnances Macron, ces dernières ayant «mis plus de
fluidité dans le dialogue social et permis de le réguler»,
signalent les DRH. Elles ont ainsi permis de négocier sur la
barémisation des indemnités
de licenciement (61%), pour de nouvelles instances de représentation
du personnel (58%) ou le recours au télétravail pour 62% des RH. Le
télétravail étant aujourd’hui en phase de structuration (jours,
flexibilité, organisation des équipes…), un RH
sur trois indique avoir récemment négocié ou ouvrir prochainement
une négociation sur le sujet dans sa structure. Pour l’heure, ce
sont quelque 2 500 accords qui avaient été négociés sur le
sujet fin 2022.
Pour
Benoît Serre,
vice-président délégué de l’ANDRH, il est impératif de
«laisser le dialogue social se faire au niveau des
entreprises, pour qu’elles puissent répondre au mieux à leurs
besoins et aux attentes des salariés.» Ainsi, «plus
le dialogue social est sur le terrain, plus il sera structuré
intelligemment». Interrogés sur les moyens pour
l’améliorer, un RH sur
deux considère qu’il faut mieux communiquer en interne à ce
sujet. Parmi les impacts majeurs de la réforme des retraites qui
devront «structurer le dialogue social», a
expliqué Benoît Serre, les RH ont évoqué la gestion des
carrières, la santé et la qualité de vie au travail et
l’organisation du travail.
Prévenir la santé mentale
Dernière
priorité identifiée par les RH, la santé au travail. Pour 75%
d’entre eux, la pénurie des médecins du travail est vécue comme
un facteur pénalisant dans leurs activités. Ils souhaitent, par
ailleurs, une meilleure prise en compte de la santé mentale qu’ils
considèrent comme une priorité (58% d’entre eux). La santé
mentale, que l’OMS décrit comme un «état de bien-être
qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux
difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de
manière productive, et d'être en mesure d'apporter une contribution
à la communauté» peut aboutir à des troubles psychiques, met
en garde Laurence Breton-Kueny,
vice-présidente de l’ANDRH.
Sur le sujet, le bureau de l’ANDRH
est unanime : «Il faut monter en compétences».
Notamment pour pouvoir détecter des signaux faibles, comme un
changement de comportement, des absences, des addictions, des
troubles anxieux ou une baisse de productivité. L’entreprise doit
ainsi prévoir différents niveaux
de prévention, primaire, secondaire et tertiaire, permettant
aux collaborateurs de mieux comprendre et appréhender le sujet,
d’être formé et aux RH d’établir des programmes de suivi avec
la médecine du travail.
Insistant sur le fait que «l’on
a besoin d’interlocuteurs dans nos entreprises», la
vice-présidente de l’ANDRH a notamment évoqué une formation au
secourisme sur le sujet. Cette formation de deux jours, venue
d’Australie, permet de dispenser les premiers soins, d’adopter
les bons réflexes et de savoir comment se protéger. Pour l’heure,
avec de plus en plus d’entreprises confrontées à la problématique
de la santé mentale, d’où «l’importance d’en faire
une urgence de la santé au travail», 60 000
personnes ont été ainsi formées en France, indique-t-elle.
* Résultats issus des rencontres avec ses 5 600 adhérents au sein des 70 groupes locaux et d’une enquête en ligne (350 répondants), de juillet à début septembre 2023.