Flambée de la fièvre catarrhale ovine en France, 190 foyers confirmés

"Une explosion de cas": le nombre de foyers de fièvre catarrhale ovine (FCO), qui touche essentiellement moutons et brebis, a plus que quadruplé en France en huit jours, avec 190 foyers confirmés au 22 août...

Des brebis en cours de vaccination dans une ferme à Poix-Terron, dans le nord de la France, le 21 août 2024 © FRANCOIS NASCIMBENI
Des brebis en cours de vaccination dans une ferme à Poix-Terron, dans le nord de la France, le 21 août 2024 © FRANCOIS NASCIMBENI

"Une explosion de cas": le nombre de foyers de fièvre catarrhale ovine (FCO), qui touche essentiellement moutons et brebis, a plus que quadruplé en France en huit jours, avec 190 foyers confirmés au 22 août dans des départements du nord du pays.

"On fait face à une explosion des cas, mais toujours à proximité des premiers foyers (...) dans une zone qui s'élargit peu", a-t-on indiqué vendredi au ministère de l'Agriculture.

Dix départements du nord de la France sont désormais touchés: Aisne, Ardennes, Haute-Marne, Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Nord, Oise, Pas-de-Calais. Un précédent bilan faisait état de 41 foyers dans six départements.

La propagation de la FCO, dite aussi "maladie de la langue bleue", s'accélère partout en Europe : les Pays-Bas et l'Allemagne comptaient mi-août plusieurs milliers de foyers, la Belgique plusieurs centaines.

La fièvre catarrhale ovine se manifeste par de la fièvre, des troubles respiratoires, une langue pendante ou encore la perte des petits en gestation et parfois par la mort des animaux. Sa détection n'entraîne pas l'abattage des bêtes, contrairement à la grippe aviaire. Elle touche aussi les bovins, mais avec une mortalité très faible.

Le cheptel français compte un peu moins de 6 millions de brebis.

Nouveau sérotype

La vaccination contre la maladie, non transmissible à l'homme, a débuté, mais trop tardivement, selon la Fédération nationale ovine (FNO).

"On est bien dans une phase d'explosion. On aurait pu vacciner un mois plus tôt pour avoir l'immunité acquise au pic de l'épidémie", a déclaré à l'AFP Emmanuel Fontaine, en charge des affaires sanitaires à la FNO.

Dans les Ardennes, l'éleveur Bruno Miser a dit sa colère à l'AFP: "On réclame des vaccins depuis le mois d'octobre!" Il vaccine depuis deux jours un troupeau déjà en partie malade et s'attend "à ramasser des cadavres à la pelle" dans les prochains jours.

"Maintenant, il faudrait élargir la zone de vaccination et commander environ 2 millions de doses supplémentaires" pour les ovins, estime Emmanuel Fontaine, alors que l'Etat a pour le moment prévu de distribuer 1,1 million de doses pour les ovins et 5,3 millions pour les bovins, en ciblant les régions les plus à risques, au nord de la Loire, où les déplacements d'animaux sont soumis à restriction.

Le nouveau sérotype 3 du virus été décelé pour la première fois en Europe en septembre 2023, aux Pays-Bas, avant de s'étendre aux pays voisins dans les mois suivants et d'arriver début août en France, au Luxembourg et au Danemark.

Face à l'accélération de la propagation, le gouvernement affirme être "à l'écoute des éleveurs" et surveiller la "dynamique de la maladie" avant d'envisager ou pas de nouvelles commandes de vaccins.

Pris en étau

Le ministère de l'Agriculture note qu'il y a eu des "lenteurs" chez les transporteurs en raison du week-end du 15 août, mais souligne que "les commandes ont été lancées dès l'autorisation des vaccins par l'Anses (agence sanitaire)" le 5 juillet. 

"On a comprimé les délais au maximum, la campagne de vaccination a débuté avant l'arrivée des premiers cas (...) et la France est le seul pays à prendre entièrement en charge la vaccination", pour un coût estimé à ce jour à "7,5 millions d'euros", a-t-on ajouté.

La FCO est présente depuis des années en France mais avec d'autres sérotypes. Le sud du pays est actuellement confronté à une épizootie virulente de FCO de sérotype 8.

"Il s'agit d'une maladie différente de la FCO 3 et pour laquelle un vaccin existe", a-t-on souligné au ministère, rappelant que le vaccin contre la FCO 8 avait été "pris en charge par l'Etat de 2008 à 2018", année à partir de laquelle la maladie a été considérée comme endémique en France.

Jeudi, des éleveurs se sont rassemblés à Foix (Ariège) pour réclamer des aides après la mort estimée de 4.000 brebis en Occitanie depuis juin.

"Cette année, nous faisons face à un nouveau variant du sérotype 8, plus virulent et qui progresse. Avant, le moucheron culicoïde (insecte vecteur) n'évoluait pas au-delà de 800 mètres d'altitude, maintenant, on a des élevages touchés à 1.000 mètres", explique Emmanuel Fontaine.

"C'est pour cela que les éleveurs demandent une aide de l'Etat. Entre la FCO 8 qui remonte et la FCO 3 qui descend, les éleveurs du centre, où se concentrent les gros troupeaux, sont pris en étau", prévient-il, inquiet pour l'avenir du cheptel français.

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