Fin de vie: un effort financier de 1,1 milliard sur dix ans pour les soins palliatifs
Avant le passage du projet de loi sur la fin de vie mercredi en conseil des ministres qui ouvre le droit à une controversée "aide à mourir", le gouvernement s'est engagé à fournir un effort financier de 1,1 milliard d'euros annuels à...
Avant le passage du projet de loi sur la fin de vie mercredi en conseil des ministres qui ouvre le droit à une controversée "aide à mourir", le gouvernement s'est engagé à fournir un effort financier de 1,1 milliard d'euros annuels à terme, d'ici 10 ans, pour les soins palliatifs.
"En 2034, on aura 2,7 milliards d’euros (annuels) consacrés aux soins d’accompagnement. Soit 1,1 milliard de plus qu’aujourd’hui", avec une montée en charge progressive, a affirmé la ministre de la Santé Catherine Vautrin, samedi dans une interview au Monde détaillant la stratégie de l'exécutif sur les soins palliatifs rebaptisés "d'accompagnement".
"On a besoin d'aller plus loin dans la prise en charge de la douleur dans sa globalité et pour tous les publics, y compris les enfants", met en avant Mme Vautrin précisant que ce plan gouvernemental "figure en partie dans le projet de loi sur la fin de vie".
"Avant l’aide à mourir, le modèle français de la fin de vie, c’est d’abord une politique ambitieuse de renforcement des soins palliatifs et d’accompagnement", a estimé la ministre.
"Avant l’adoption de l'aide à mourir, on aura déjà augmenté l’offre de soins palliatifs car notre stratégie est, dans les 10 ans, de donner une impulsion forte, et ce dès les trois prochaines années", promet la ministre qui pilote cette réforme sociétale-clé du second quinquennat d'Emmanuel Macron.
Besoins croissants
Le projet de loi sur la fin de vie, qui devrait ouvrir la possibilité strictement encadrée d'une assistance au suicide, sera présenté mercredi en conseil des ministres, l'exécutif revendiquant l'équilibre au risque de décevoir partisans comme adversaires d'une aide à mourir.
"Le projet de loi aura une première partie sur les soins d’accompagnement, une deuxième sur le droit des patients et des aidants, et une troisième sur l’aide à mourir", avait exposé Emmanuel Macron il y a un mois.
Avant l'annonce de la stratégie 2024-2034 pour les soins palliatifs, nourrie d'un rapport d'experts pilotés par le Pr Franck Chauvin, Catherine Vautrin a plusieurs fois évoqué des mesures majeures en vue: création de 21 unités de soins palliatifs dans les départements en étant dépourvus, "maisons d’accompagnement", pour compléter le dispositif entre l’hôpital et le domicile, ou encore structuration d’une filière universitaire sur les soins palliatifs.
"Le nombre de patients qui nécessiteront des soins palliatifs va croître de 16% en dix ans. Nous allons augmenter les crédits (aujourd'hui de 1,6 milliard d'euros annuels) de 66%" progressivement d'ici 2034, ce qui se traduira par des "mesures nouvelles financées à hauteur de 100 millions d'euros" chaque année en moyenne, a précisé Mme Vautrin dans Le Monde.
Pénuries de soignants
Les financements promis "sont une avancée importante. Mais on sera très vigilants sur l'inscription concrète des crédits dans le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale), car la version 2024 ne contenait pas une ligne sur les soins palliatifs", a observé Claire Fourcade, présidente de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP). "2034 c'est loin, et on souhaiterait une inscription pluriannuelle", a-t-elle ajouté.
La disponibilité de soignants est en question alors que la crise de l'hôpital persiste. Dans un rapport publié en juillet, la Cour des comptes avait souligné que la moitié des malades nécessitant des soins palliatifs n'y avaient toujours pas accès.
"C'est une source d’inquiétude majeure", a souligné Claire Fourcade. Dans certains départements censés ouvrir des unités spécialisées dès 2024, "il n’y a aujourd'hui personne pour le faire", et actuellement, "des lits ferment" par endroits "faute de personnel", dit-elle.
La SFAP, qui est contre la légalisation de l'assistance au suicide, craint que le projet de loi à venir ne décourage encore plus de soignants.
Pour l'association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) au contraire, soins palliatifs et légalisation de l'aide active à mourir sont deux volets indispensables d'une "loi équilibrée".
"Il va falloir former, infuser cette culture": "que du généraliste au spécialiste tout le monde soit capable d’avoir dès le stade précoce de la maladie la discussion avec la personne concernée, avec un accompagnement jusqu'au bout" si elle demande l'assistance au suicide, a réagi le président de l'ADMD, Jonathan Denis.
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