Interview
Filière aéronautique : une timide reprise
Alors que le comité de suivi de l’aéronautique s’est réuni à Méaulte en octobre, Arnaud Soulet, vice-président du cluster régional Altytud, évoque la situation de la filière.
Début octobre, le comité de suivi de l’aéronautique s’est réuni à Méaulte pour faire le point sur la situation de la filière. Autour de la table, des représentants de l’État, des entreprises et des salariés. Dans ce bassin d’emploi qui compte autour de 3 000 emplois dans ce secteur, les inquiétudes demeurent face aux conséquences de la crise Covid sur les carnets de commandes. Arnaud Soulet, vice-président du cluster régional Altytud, évoque la situation.
Quels sont les apports de ce comité ?
A.S : Ce comité passe un message fort, c’est la possibilité qu’il est donné de regrouper tous les acteurs en un même lieu, au même moment pour partager les informations et les actions à mener ensemble. Nous avons pu avancer sur plusieurs axes en parallèle : sur les aspects ressources humaines et sur des aspects industriels et financiers. Je crois qu’il est bon pour tous, à un moment donné, de se poser et de partager les actions et les problèmes de chacun pour trouver des solutions.
Dans quelle ambiance ce dernier comité s’est-il déroulé ?
A.S : Nous étions dans une dynamique plus constructive. En effet, nous avons, à défaut de perspectives claires, en tout cas une certaine reprise de la filière et des actions plus précises à mener. Ce qui n’était pas le cas il y a un an, lors du premier comité, où nous étions vraiment dans la crise.
Parmi les actions menées, quelles sont les plus concrètes ?
A.S : Pour nous industriels, c’est celle menée par la communauté de communes du Pays de Coquelicot. Elle a lancé un état des lieux des entreprises locales, qui comprend une analyse autour de la diversification. C’est un travail proche d’un diagnostic à 360 degrés qui aide les entreprises à prendre des décisions stratégiques. Des consultants ont échangé avec les dirigeants. Cette action a été lancé pour aider les entreprises à faire un point sur leurs forces, s’unir et se diversifier. Cela a également été un moyen d’éviter au dirigeant de se sentir isolé, ce qui est un véritable danger. C’était bien vu et cela a été bien fait !
Que ressort-il de cet état des lieux ?
A.S : Cela nous a permis de voir ce que nous pouvions faire de bien d’ailleurs, ce qui n’est pas forcément évident à définir en tant que dirigeant lorsqu’on est dans la crise, dans la gestion du quotidien. Nous avons eu la confirmation que nous avons des compétences que nous pouvons utiliser ailleurs. Néanmoins, c’est un travail de longue haleine. Des contacts ont été initiés avec les chantiers de l’atlantique, le secteur ferroviaire, Thalès… Ce sont des cibles à notre portée, il y a des perspectives.
Quelle est la situation actuellement ?
A.S : Les entreprises qui ont su faire le dos rond en attendant que l’orage passe et nous observons maintenant une certaine reprise. Quelques entreprises ont également réactivé des sources de diversification qu’elles avaient historiquement avant d’être submergées de commandes par l’aéronautique. Mais si cette reprise maintient les emplois actuels, les perspectives sont assez floues et incertaines. Nous manquons de visibilité ferme de la part des donneurs d’ordre qui sont frileux à s’engager sur le long terme. Nous rencontrons une autre problématique, nous manquons aujourd’hui de profils et cela pourrait être un problème en cas d’une forte reprise. Nous avons ainsi beaucoup parlé formation au cours de ce comité.