Faites vos voeux... rien ne va plus
Conjoncture plus que tendue. Trésorerie dans la même lignée. Perspectives d’activité en berne. Dumping social. Concurrence déloyale, sans parler des interrogations sur le devenir de la Loi Duflot devant, en toute logique, booster la construction de logements dans l’Hexagone. Rien ne va plus dans le Bâtiment ! Confirmation à l’assemblée générale de la Fédération du BTP 54 la semaine dernière avec Jean- Marie Bellocchio, son président.
Tendue comme jamais, la situation dans le secteur du Bâtiment en Meurthe-et-Moselle, en Lorraine et partout dans l’Hexagone et ce n’est pas Jean-Marie Bellocchio, le président de la Fédération du BTP de Meurtheet- Moselle, qui dira le contraire. Le 22 octobre dernier, quelques heures avant l’assemblée générale de sa fédération (voir article ci-contre), il a dressé un état des lieux des plus inquiétants pour le secteur. En une année, sur le seul département meurthe-et-mosellan, «ce sont trois cents salariés en moins et le chiffre atteint les mille sur la Lorraine». Ces disparitions d’emplois sont essentiellement liées à la disparition pure et dure d’entreprises. La conjoncture est tendue, les financements sont tendus, le climat législatif avec notamment les interrogations sur la loi Duflot (voir encadré) est tendu. Du jamais vu… ou presque. «Les mises en chantier aujourd’hui se rapprochent dangereusement des niveaux historiquement bas depuis trente ans», assure la Fédération française du Bâtiment au niveau national.
Dumping social…
Si Jean-Marie Bellocchio affirme qu’aujourd’hui en Meurthe-et-Moselle «les professionnels du logement et notamment les bailleurs sociaux jouent encore le jeu» il n’en demeure pas moins «que les statistiques traditionnelles des logements commencés et des permis de construire ne sont plus vraiment fiables et nous travaillons à la mise en place d’indicateurs probants». Les indicateurs n’ont jamais fait réellement l’activité et à ce mal gangrenant s’additionnent d’autres maux à l’image du retour du moins-disant dans la réponse aux offres, entraînant pour les entreprises, d’après une étude de BTP Banque : «un taux moyen de marge divisé par trois en trois ans et qui s’établit aujourd’hui à 1.7 %». Conséquence directe, les trésoreries sont au plus bas. «Nous avons des adhérents qui nous contactent pour des recouvrements de sommes de plus en plus modestes de l’ordre de 200 à 300 euros. C’est du quasi jamais vu», assure Philippe Grange, le délégué général de la Fédération BTP 54. Histoire de noircir encore un peu plus le tableau, le dumping social et la concurrence déloyale d’entreprises étrangères sur les chantiers lorrains et d’ailleurs prennent une place de plus en plus importante. «Ces entreprises proposent des tarifs horaires chargés de 13 à 17 euros, et parfois beaucoup plus bas, alors que le coût moyen horaire pour une entreprise française est de l’ordre de 32 euros de l’heure. Parfois leur intervention se situe dans un cadre tout à fait légal mais parfois ce n’est pas le cas. C’est pourquoi nous demandons la multiplication des contrôles.» Des contrôles, des demandes, des doléances, la liste est longue pour les instances représentatives du secteur… mais plus que légitime pour que l’activité (même aux perspectives moroses) perdure.