Faire du Pas-de-Calaisun “laboratoire d’actions”
Organisée dans les locaux de l’Aditec et à l’initiative du Département du Pas-de-Calais, une conférence-débat sur l’économie sociale et solidaire a fait l’objet d’échanges riches et formateurs. Objectifs clairement affichés par le président Dupilet : promouvoir cette forme de l’économie, développer de nouvelles filières et surtout redonner de la valeur au travail.
Et si l’économie sociale et solidaire (ESS) était une solution pour permettre à la société de redonner de la valeur à l’emploi ? Et si l’ESS pouvait permettre de sortir de la crise économique, sociale et environnementale ? Sans forcément avoir les réponses à ces différentes interrogations, la majorité à la tête du Conseil général croit en cette forme de l’économie. “Nous avons tous baigné à un moment donné de notre existence dans l’économie sociale et solidaire, mais c’est en 1981 qu’elle a été officiellement reconnue”, souligne le président Dupilet en introduction aux débats. Si les travaux de réflexion viennent d’être lancés en faisant appel aux acteurs qui composent ce secteur dans le département, la conférence avait pour but de poser les jalons et de comprendre comment cela fonctionne en région. “Après le renouvellement du printemps, il y aura beaucoup de décisions à prendre. L’une d’elles sera de faire du Pas-de-Calais un laboratoire d’actions pour donner une place essentielle à l’économie sociale et solidaire”, poursuit-il.
Un spécialiste de la question. Le Département a donc souhaité s’offrir les services d’un spécialiste de l’économie sociale et solidaire, Christian Paul, député de la Nièvre, ancien ministre du gouvernement de Lionel Jospin et président du laboratoire d’idées au parti socialiste. Christian Paul insiste sur le fait que l’économie sociale et solidaire fait partie de notre quotidien sans même que nous nous en rendions compte. “Tous nous avons été à un moment donné de notre vie ou sommes encore aujourd’hui membre d’une mutuelle, d’une association, d’une structure aux missions d’intérêt général”, insiste-t-il avant de laisser entendre que l’économie sociale et solidaire a longtemps été décriée, car considérée par beaucoup comme synonyme d’échec et “ringarde”. Toujours est-il que ce temps est révolu : l’ESS a trouvé ses lettres de noblesse, elle est devenue “tendance”… “Elle représente 10% du salariat en France et a ses racines dans le mouvement ouvrier des XIXe et XXe siècles.” Ainsi, face à la crise, ce modèle qui ne cherche pas à faire du profit porte l’espoir de transformation de notre société. “L’économie de marché ne peut pas tout faire, il existe des exemples de SCOP réussis dans des secteurs fortement concurrentiels tels que le numérique et les nouvelles technologies.” Le spécialiste va jusqu’à qualifier l’ESS de “puissant antidote face à l’individualisme toxique”.
Des actions. La soirée a permis aux élus du Département de prendre le pouls par rapport à cette économie avant de passer à la deuxième phase. “Ce n’est pas la conclusion à la démarche, mais le début d’une coopération et d’actions”, souligne d’ailleurs Jacques Napieraj, vice-président du Conseil général à la tête de la mission ESS. De nombreuses pistes sont à explorer et il sera évidemment impossible de toutes les traiter. Les réflexions engagées lors de la soirée se concrétiseront dans les mois à venir par la définition d’un nouvel accompagnement de l’ESS par le Département. “Nous souhaitons dans un premier temps travailler à la constitution d’un conseil départemental de l’économie sociale et solaire, une structure qui rassemblerait les acteurs des différents réseaux”, conclut l’élu qui a déjà commencé à oeuvrer à cette mission.