Faire des quartiers de gare des vitrines
La Picardie se caractérise par l’importance de son réseau de villes moyennes. Les gares et leur environnement ont été les lieux d’implantation de nombreuses industries. Mais depuis le milieu des années 1970 et le début des années 1980, les villes picardes voient leurs périphéries se développer au détriment de leur centre. Le conseil régional veut en faire des vitrines économiques et touristiques.
L’objectif est ambitieux, insiste Nicolas Dumont, maire d’Abbeville et vice-président en charge de l’économie au conseil régional. Il faut faire des quartiers de gares des vitrines économiques et touristiques. Ces quartiers ont été délaissés. Ils manquent souvent de services publics, à la personne, les logements sont petits… Le référentiel révélant les priorités a été adopté par l’unanimité des élus. C’est dire l’enjeu de ses quartiers. »
Caractère structurant
Au fil des années, le lien gare/ industrie a fortement décliné et perdu son caractère structurant pour les villes. Or, plus de 90 000 voyages sont supportés chaque jour par le réseau ferré picard. Le conseil régional, via le schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire, veut redonner en partenariat avec les acteurs locaux (mairies, communautés de communes…) un rôle stratégique de porte d’entrée de ville à dix quartiers de gares : Chauny, Compiègne, Abbeville, Château-Thierry….
Le Schéma régional d’aménagement et de développement durable (SRADDT) porte l’idée d’une métropole picarde multipolaire, dans laquelle les villespiliers de la région apporteront des grands services publics et des fonctions d’excellence. Ainsi, le bâtimentgare peut aussi être occupé par des commerces et des services non ferroviaires en fonction de la taille des villes tels : pôle emploi, supérettes, point presse… sous le système du contrat d’autorisation d’occupation temporaire, accordé par A2C, filiale de Gares & Connexions. C’est par exemple le cas à la gare d’Amiens, où l’on trouve des commerces dans le hall de la gare.
Des immeubles vacants ou à construire accueilleraient des activités diverses : économie numérique, environnement, santé, entreprises innovantes, hôtels, tourisme d’affaires, salle de congrès et de séminaires, logistique au coeur des villes combiné à l’utilisation de modes de livraison légers pouvant participer de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour les particuliers aussi, des moyens de transports doux, comme le vélo en libre-service ou la marche à pied – avec par exemple la mise en place d’une signalétique avec des distances-temps pour les cyclistes et les piétons – sont privilégiés. Là encore il faudrait repenser l’accessibilité à l’équipement gare.
Développement économique
Pour les élus, le positionnement stratégique de la Picardie, notamment sa proximité avec l’Ile-de-France, constitue un atout pour le développement économique. Ce positionnement va de plus être renforcé par la liaison Picardie-Roissy qui prendra sa naissance à Creil. Les quartiers de gare des villes-piliers picardes sont des lieux particulièrement opportuns pour le développement de projets économiques à haute valeur ajoutée, par leur localisation sur le réseau ferré.
Ils constituent donc un potentiel pour diversifier l’emploi dans les villes picardes, accueillir davantage de cadres et participer de la constitution d’une métropole en réseau, par l’installation de filières : « Nous accompagnerons les territoires par des études spécifiques permettant d’identifier les fonctions à rendre à ces quartiers », précise Nicolas Dumont.
Car tout doit se faire en fonction de la taille des villes, de la situation et de la fonction de la gare. Ainsi, pour les quartiers de gare de centre-ville, situés en coeur urbain, un des enjeux sera de trouver une juste complémentarité avec les fonctions présentes dans le centreville, afin de positionner le quartier de gare comme un quartier stratégique dans la ville. Car trop souvent, il est coupé du reste de la ville soit par un fleuve, un boulevard… Le but est de le relier au reste de la ville tout en les positionnant comme des neufs intermodaux efficaces, les gares sont des lieux où l’on passe d’un mode de transport à l’autre.
A Abbeville, par exemple, les anciens locaux de la Sernam sont en cours de rénovation et vont accueillir notamment le siège de la communauté de communes de l’Abbevillois. Une ancienne coopérative va devenir résidence pour les seniors et d’autres projets sont dans les cartons, comme par exemple la création de lieux de télétravail. Le quartier de gare étant l’un des premiers contacts du voyageur avec la ville à la descente du train, il peut jouer le rôle de vitrine, autant pour la ville même que pour celle de la région.