Facebook, service quasi public entré dans les mœurs, de la Californie au Vietnam

Si Facebook disparaissait, "je ne crois pas que ça me manquerait", assure Nina Vukicevic, une utilisatrice du réseau social, avant de se raviser: "Si, en fait, je serais triste de...

Nina Vukicevic, manager de Common Roots Farm, prend des photos pour les mettre sur la page Facebook de cette ferme à but non lucratif, à Santa Cruz en Californie le 26 janvier 2024 © Nic Coury
Nina Vukicevic, manager de Common Roots Farm, prend des photos pour les mettre sur la page Facebook de cette ferme à but non lucratif, à Santa Cruz en Californie le 26 janvier 2024 © Nic Coury

Si Facebook disparaissait, "je ne crois pas que ça me manquerait", assure Nina Vukicevic, une utilisatrice du réseau social, avant de se raviser: "Si, en fait, je serais triste de ne plus avoir accès aux groupes".

Pour cette Californienne et de nombreux internautes dans le monde, Facebook, qui fête ses vingt ans dimanche, est devenu une sorte de plateforme d'utilité publique. Comme ces meubles qu'on ne remarque plus, dont on se sert distraitement mais dont on ne pourrait pas vraiment se passer.

"J'ai une page personnelle sur Facebook, je ne sais plus quand est-ce que je l'ai regardée pour la dernière fois", raconte Nina, 31 ans.

Elle a connu les débuts excitants de Facebook, qui a lancé le concept même de réseau social il y a vingt ans. Plus tard, elle a pris ses distances avec les plateformes numériques, avant d'y revenir, pour le travail notamment. 

Elle échange avec d'autres professionnels et amateurs sur des groupes de jardinage et publie régulièrement des informations et des photos sur la page de l'association dont elle s'occupe, la ferme Common Roots Farm, qui a besoin des bénévoles et donations pour exister.

"J'ai trouvé des contacts dans la région, et j'ai aussi accès à des ressources dans le monde entier, j'apprends plein de choses. Je parle même avec des jardiniers suisses!"

Un peu la honte

Ruby Hammer, 18 ans,  utilise aussi Facebook pour son travail. Plus jeune que la plateforme, elle s'est inscrite l'année dernière. Elle voulait consulter les petites annonces de voitures d'occasion sur Facebook Marketplace, et trouver des offres d'emploi en tant que baby-sitter.

"Je me sers de Facebook pour cibler un certain public. Les amis de ma mère y sont et mes services peuvent les intéresser", relate cette habitante de Santa Cruz, au sud de la Silicon Valley.

Avant de chercher des petits boulots, il ne lui serait pas venu à l'idée d'aller sur cette plateforme parce que "c'est plutôt quelque chose que mes parents utilisent", explique-t-elle.

"Je n'ai pas très envie de voir les trucs qu'ils ont publié sur moi. C'est un peu la honte".

"Mes contenus perso sont sur Instagram et Snapchat, c'est aussi là que sont mes amis. On se sert de Snapchat pour communiquer, c'est plus pratique que les textos, et Instagram pour mettre des photos quand je voyage par exemple".

Outil de vente

De l'autre côté du Pacifique, à Hanoï (Vietnam), Dao Manh Toan estime que "personne ne peut nier les avantages de Facebook".

Le site "met en relation énormément de gens, même s'ils sont à des centaines de kilomètres, même si vous ne les avez jamais rencontrés. (...) Ils peuvent découvrir les caractéristiques de nos produits. C'est très efficace".

Dao Manh Toan, 33 ans, a 1.000 "amis" sur sa page personnelle et 38.000 abonnés à la page de son entreprise qui vend des accessoires informatiques.

Mais il regrette la prolifération des fausses informations sur le réseau social, qui "nuisent aux affaires": "des sociétés affirment qu'elles distribuent exclusivement nos produits au Vietnam, alors que c'est faux, par exemple".

Plus de deux milliards de personnes se servent de Facebook au quotidien dans le monde.

Et la plateforme continue de croître, notamment grâce sa place prépondérante en Asie du Sud-Est.

Natcha Ramingwong, une habitante de Bangkok (Thaïlande) se souvient ainsi qu'une institutrice de son école primaire avait créé un groupe "pour toute la classe, pour qu'on puisse échanger".

Aujourd'hui cette étudiante se sert du réseau pour promouvoir ses produits artisanaux, des capuchons en forme d'oursons, pour décorer les touches de son clavier.

"Il y a un groupe de passionnés de claviers (...) et ils ont l'air d'aimer mes design", se réjouit-elle.

Mais gare à la concurrence de TikTok et d'autres jeunes applications mobiles.

Elles grignotent depuis des années des parts de marché à Facebook et Instagram en termes d'attention des utilisateurs et déploient désormais des fonctionnalités alléchantes pour les petites entreprises.

"TikTok et Lazada (application de commerce en ligne) proposent des outils de vente en direct qu'il n'y a pas sur Facebook", constate Dao Manh Toan.

"Nous pouvons faire des présentations +live+, mais les clients doivent passer par d'autres plateformes ou messageries pour finaliser la commande."

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