"Fabrique à entreprendre" : mutualiser les forces pour l'emploi dans les quartiers

Le 10 janvier, treize associations du Calaisis se sont rassemblées pour signer la charte "Fabrique à entreprendre", qui consiste à amener vers l'entrepreneuriat les jeunes des quartiers sensibles de Calais, à savoir le Beau-Marais et le Fort-Nieulay. Des associations comme les ADLC (Ateliers de la citoyenneté), Pyramides ou encore FACE Calaisis, qui agissent tous les jours pour l'inclusion des jeunes dans l'économie à Calais, veulent ainsi unir leurs forces afin d'amener un dynamisme et une envie d'entreprendre dans des quartiers durement touchés par l'exclusion.

La réunion entre associations et officiels a été animée.
La réunion entre associations et officiels a été animée.

Un constat alarmant. Car, dans les quartiers calaisiens, les chiffres du chômage sont particulièrement inquiétants : le chômage y est aux environs de 45 à 50% − à 63% en ce qui concerne la tranche des 18-24 ans − et le chômage de longue durée, récurrent. «Il y a 8% de décrocheurs à Calais, contre 5% dans le département du Pas-de-Calais, énonce Vincent Berton, sous-préfet de Calais. Il y a plusieurs freins à éliminer : le déficit de formation, le frein psychologique (lors d’un entretien avec le président de la Fondation agir contre l’exclusion dans le Calaisis, Eric Lelieur, ce dernier nous confiait que certains des jeunes qu’il avait rencontrés n’ont jamais vu la mer, qui borde pourtant la ville, NDLR), mais aussi l’insertion sociale. Arriver et partir à l’heure peut s’avérer compliqué chez certaines personnes…» S’ajoute à ces barrières un autre problème : «Les jeunes lycéens que l’on interroge sur leur avenir ne pensent pas à la solution de l’entrepreneuriat, selon Serge Legroux, proviseur du lycée Pierre-de-Coubertin qui accueille les jeunes Calaisiens issus de tous horizons sociaux. Ils ont beaucoup d’idées, mais très peu d’entre eux veulent créer leur entreprise.» Les jeunes des quartiers prioritaires de la ville ont donc des idées et un potentiel créatif certain, mais sont handicapés par des barrières, qui sont autant d’obstacles à la création d’entreprise qui pourrait les aider à se sortir des difficultés actuelles.

Projet. C’est la raison pour laquelle la «Fabrique à entreprendre», projet expérimental initié par la Caisse des dépôts et consignations en 2014, entend coordonner les actions des entreprises dans les quartiers ayant signé des contrats de ville qui sont particulièrement touchés par le décrochage ou par des taux de chômage particulièrement élevés. Dans un communiqué, la préfecture du Pas-de-Calais avance que le taux de création d’entreprise est «deux fois supérieur à la moyenne nationale, mais leur défaillance est également deux fois plus importante après trois ans». La créativité est donc en avant dans les quartiers prioritaires, mais l’accompagnement des entreprises est davantage à favoriser. Ainsi, la Caisse des dépôts et consignations, la Ville de Calais, la communauté d’agglomération Cap Calaisis et l’Etat se sont vu demander de mettre la main à la poche à hauteur de 227 097 euros pour dix projets essayant de développer la culture entrepreneuriale dans les quartiers (53 541 pour l’Etat, 65 263 pour la Caisse des dépôts et consignations, et 73 343 pour la Ville). Des associations historiques d’accompagnement et d’insertion des jeunes, ainsi que les lycées et les institutions se sont donc donné la main afin de lutter contre les phénomènes d’exclusion.

Méthode. «Il y aura forcément des doublons parmi les associations présentes, prévient Alain Potier, président de Calaisis initiative, lors de la réunion précédant la signature de la charte. Il va falloir travailler de manière solidaire.» Malgré tout, chaque association présente a ses spécificités. “Entreprendre pour apprendre” part à la rencontre des jeunes collégiens et lycéens pour leur donner le goût d’entreprendre, FACE Calaisis accompagne des jeunes vers le monde économique, Calaisis initiative accorde des prêts d’honneur pour les entreprises qui ont un effet de levier auprès des investisseurs, “Entreprenez votre vie” aide à trouver des clients, des financements et, aux dires de son représentant, est un «vecteur puissant de création d’emploi»…. Chacun a son rôle, du début de la chaîne aux cas d’accompagnement les plus concrets de l’entreprise. D’autres réunions de travail sont programmées afin de faire avancer un des problèmes majeurs de la ville…

CAPresse

La réunion entre associations et officiels a été animée.