Existe-t-il une politique des transports ?
Le récent bilan (désastreux) du SITURV Valenciennes remet en lumière des investissements hasardeux, des gestions laxistes et le lourd passif financier que le contribuable supportera. Etat des lieux…
Recadrage. Après les 200 M€ engloutis par Evéole à Douai (tramway guidé de conception hollandaise qui n’a jamais vraiment roulé), le SMTD (syndicat mixte chargé de sa mise en œuvre sous l’égide de la communauté d’agglomération du Douaisis − CAD) a bien réagi. De concert, Christian Poiret (président de la CAD), Françoise Provost et son successeur à la présidence du SMTD, Christian Hatu, ont tout recadré. Evéole et Philéas, abandonnés, cèdent la place à un service de bus à «haut niveau de service» plus classique, tandis que la petite navette douaisienne Binbin affiche une santé insolente. C’est dans un climat serein que l’extension du réseau se fait vers Aniche, tandis que les études de covoiturage et déplacement urbain avancent.
Quid de l’A23 ? En Pévèle, mais en liaison avec le Douaisis puisque les flux routiers ignorent les limites de territoires (à Marchiennes et Coutiches, matin et soir, entre 18 000 et 20 000 véhicules jour), fleurit un projet de triplement de l’A23 expérimenté en Isère : la transformation de la BAU en voie autoroutière pour les bus entre Orchies et Villeneuve-d’Ascq seulement le matin. Le Pévélois moyen reste assez incrédule alors que les élus sont séduits, surtout à Orchies, goulot d’étranglement du trafic qui butte sur une gare hyper-saturée. Le Conseil général aurait voté cette mesure voilà quelques années (non budgétée), elle ne s’appliquerait que pour 2017 ou 2018, mais le Scot lillois choisi par la nouvelle intercommunalité pévéloise (Scot pour l’instant bloqué au tribunal administratif de Lille et donc non opérationnel avant 2017 au mieux) n’en a rien su. Un nouveau chantier pour le président de l’intercommunalité qui est conseiller général.
Un tram trop onéreux. Rémi Pauvros avait avoué que la politique de la Région en matière de transports, ruraux notamment, ne méritait pas l’investissement d’autant de millions chaque année. Alain Bocquet avait constaté au SITURV que seulement 6% de fréquentation du tram valenciennois (ligne 1) pour tous ces millions votés, ça méritait une remise à plat radicale des politiques de transport. Voilà que le programme Veolia/Transvilles, supporté par ce même SITUV ayant changé de présidence (Anne-Lise Dufour, maire de Denain), affiche un déficit de 18 M€ en deux ans, -29% par rapport aux objectifs, -2 millions d’usagers, -7% de recettes en 2013, 13 lignes sur 40 ayant subi des perturbations (déraillements à répétition, systèmes de sécurité peu réalistes). Au lieu de 40 min, certains déplacements prennent 1h40 et une fraude au ticket a été chiffrée à 2 M€.
Non seulement les recommandations de l’Ademe et d’élus eux-mêmes, notamment d’encourager le télétravail, sont ignorées, mais les maires abandonnent en France le tram les uns après les autres (investissement trop cher), rendant à la voiture sa place initiale. Si la Région réactive son projet de TER-GV, entraînant la suppression des petites gares, les routes déjà hyper-saturées seront infréquentables, tandis que chaque jour un peu plus, les alertes à la pollution atmosphérique se multiplient en vain.