Evolution du territoire
A l’occasion d’une conférence débat organisée par le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) de Picardie, Alain Béchade, docteur en droit et Laurent Davezies, professeur au Cnam, à l’université Paris-Est et à Science-po, ont proposé une analyse complète du développement du territoire.
Il existe en France 4 types de territoires : 10% de la population, principalement celle du Nord-Est, vit dans un secteur post-industriel où le bassin d’emploi est très faible. L’argent public et les emplois aidés y sont les principales sources de revenus. 10% de la population habite dans une zone où l’industrie est en difficulté mais a encore du potentiel. 40% des Français vivent dans un territoire non marchand mais qui offre une vraie dynamique. Il contribue peu à la compétitivité du pays, mais a une haute valeur ajoutée dans le domaine du tourisme qui lui permet de contrôler chômage et pauvreté. Enfin, 40% de la population réside dans les métropoles qui sont soumises à une forte croissance et qui offrent un grand nombre d’emplois salariés dans le secteur privé. La Picardie, elle, souffre d’une double facture, Nord-Sud et Ouest-Est. En effet, si le sud-ouest de la région, (la zone de Beauvais) est porté par un dynamisme fort et profite des bénéfices de l’Ile-de- France, une partie du territoire demeure en grande difficulté avec notamment une industrie qui se délite.
Un territoire durement touché
« Nous avons en réalité été touchés par deux crises. En 2008, il y a d’abord eu les subprimes. Entre 2010 et 2011 la situation s’est stabilisée avant l’arrivée en 2011 du choc lié à la dette grecque qui a entrainé une crise publique généralisée. Les territoires ont donc été doublement touchés à travers la compétitivité et la crise des finances publiques », commente Laurent Davezies. Ainsi la Picardie a perdu près de 2% de son emploi salarié avec des pics à Noyon (-12%) et Clermont (-16%) alors qu’Amiens a été relativement préservé (-2,4%). Les inégalités territoriales risquent de se creuser durablement à cause de la dépendance de plus en plus forte d’une partie du territoire aux aides et emplois publics. Ainsi depuis 10 ans, la création d’emploi salarié public est supérieure à la création d’emploi salarié dans le secteur privé, principalement au nord de la région. « Si l’Etat réduit de 5% ses dépenses publiques, ce qui est en projet, ce sera un choc terrible pour le nord de la région alors que le sud sera beaucoup plus protégé. Il y aura un impact immédiat de creusement des inégalités. »