Eurotunnel reprend l’aménagement sans oublier le transport

« Groupe Eurotunnel a présenté des résultats 2012 positifs jeudi dernier à Paris. Nous y reviendrons dans une prochaine édition ».
« Groupe Eurotunnel a présenté des résultats 2012 positifs jeudi dernier à Paris. Nous y reviendrons dans une prochaine édition ».
CAPresse 2013

Eurotunnel, concessionnaire du futur écovillage balnéaire de Sangatte-Blériot, doit faire face à la commission de la Concurrence britannique à propos de sa filiale maritime MyFerryLink, et à la CCI Côte d’Opale pour la gestion des ports régionaux.

C’était il y a plus d’un mois : le 18 février dernier, GET était choisi pour être le concessionnaire de l’aménagement de 160 hectares à Sangatte-Blériot. Aux portes du Blanc-Nez, le transporteur franco-britannique va renouer avec son activité d’aménageur : 18 ans après l’ouverture de la Cité Europe (7 millions de visiteurs en 2012), le groupe a jeté son dévolu sur la partie ouest du Calaisis. Le maire de Sangatte-Blériot, Guy Allemand, veut redonner à Sangatte son caractère balnéaire et axer le développement de la commune vers le tourisme. Déjà dotée d’une base de voile, la commune a lancé le projet d’un golf sur 40 hectares, d’un écoquartier (500 logements, dont 90 villas et 180 logements collectifs) et d’un complexe de balnéothérapie en sortie de village. Sont également au programme 1 600 m² de commerces et de services. L’ensemble formera un écovillage balnéaire.
Eurotunnel immo, filiale dédiée, travaille avec ADEVIA sur l’aménagement de la zone (pour un budget de 29 millions d’euros). Objectif : «créer au débouché du tunnel sous la Manche un site attractif pour les golfeurs et pour une clientèle à la fois européenne et régionale, au carrefour de la Grande-Bretagne, de la France, des Pays-Bas et de la Belgique (…). Relier les territoires, soutenir un développement durable et drainer les visiteurs vers un environnement de qualité» indique le groupe. 

Du village balnéaire aux navires de MyFerryLink… Gestionnaire d’infrastructures, aménageur, Eurotunnel affirme aussi sa présence sur mer. MyFerryLink, structure commerciale qui travaille avec la SCOP des anciens de SeaFrance, est offensive à la veille de la saison maritime, soutenue par son actionnaire. Elle doit cependant faire face à un rapport de la commission de la Concurrence britannique qui lui reproche des liens trop proches avec l’activité rail d’Eurotunnel, liens qui perturberaient la concurrence avec P&O et DFDS, les autres opérateurs maritimes présents sur le Calais-Douvres. «Groupe Eurotunnel conteste cette analyse (…) et s’étonne que, pour préserver la concurrence, il faille commencer par faire disparaître un opérateur», rétorque la direction dans un communiqué. Et d’argumenter : si Eurotunnel a acquis trois navires de SeaFrance, son concurrent DFDS a remis des offres sur l’ex-filiale maritime de la SNCF ; la compagnie danoise a aussi été candidate au rachat des navires. En outre, la commission de la Concurrence française a approuvé la vente, l’assortissant d’une condition de séparation sur les activités commerciales fret, ce qu’Eurotunnel dit respecter. Le transporteur franco-britannique avance même quelques chiffres : «Actuellement, MyFerryLink représente sur le segment camions (…) une part de marché de 4% contre 32% à P&O et 22,4% à DFDS. (…) Le maintien de MyFerryLink, qui vise au plus une part de marché de 8%, ne peut être que positif pour les clients qui ont par ailleurs déclaré dans l’étude menée par la commission de la Concurrence britannique leur satisfaction à l’égard de la présence de ce nouvel opérateur.» Eurotunnel souligne aussi que son activité maritime est apparentée à une mission de service public : dans le cadre du rachat des navires, le tribunal de commerce de Paris lui enjoint à ne pas revendre les bateaux afin de «protéger les emplois créés en France». Le groupe conclut en se mettant à l’abri derrière l’argument de l’inapplicabilité juridique. Tout gouvernement ne peut être que lié à ce patriotisme des affaires !

… et aux infrastructures portuaires. Eurotunnel a rendu ses réponses à la commission de la Concurrence britannique et attend ses préconisations finales. Le groupe a aussi remis son projet relatif à l’appel d’offres que la Région a lancé pour l’exploitation et la gestion de ses ports (Calais et Boulogne-sur-Mer). Opposée à la CCI Côte d’Opale historiquement liée aux ports, elle joue une partie délicate : les salariés portuaires manifestent leur désapprobation pour les contrats privés et une partie du territoire espère en sa capacité de faire bouger le jeu. Perdre ne serait pas déshonorant. L’emporter serait éclatant. Idem pour la CCI.