Eurostyle Systems Valenciennes prend le virage électrique

L’équipementier automobile y travaille depuis quatre ans. Eurostyle Systems Valenciennes tourne non seulement sa production vers le véhicule électrique mais aussi sa consommation. Le site de Lieu-Saint-Amand roule vers une démarche plus écoresponsable.

Patrice Fortier, directeur d'Eurostyle Systems Valenciennes, ne convertit pas seulement sa flotte automobile en électrique mais se lance aussi dans l'habillage de véhicules électriques.
Patrice Fortier, directeur d'Eurostyle Systems Valenciennes, ne convertit pas seulement sa flotte automobile en électrique mais se lance aussi dans l'habillage de véhicules électriques.

Huit boîtiers blancs accrochés aux murs d’Eurostyle Systems Valenciennes, huit panneaux bleus floqués de voitures entourées d'un fil électrique. «Nous voulons que nos visiteurs comme nos salariés puissent recharger leurs véhicules ici, se réjouit Patrice Fortier, directeur du site. L’un de nos collaborateurs est d’ailleurs déjà passé à l’électrique.» Au moment même, sa voiture est en charge. Une Renault Zoé du parc automobile de l’entreprise le sera quelques minutes plus tard. «Nous allons, au gré des renouvellements de contrats de leasing, passer toute notre flotte à l’électrique, pointe-t-il. Cette Zoé est la première.»

Ce n’est pas un choix tout à fait anodin. Eurostyle Systems Valenciennes est née à Lieu-Saint-Amand, en 1998, pour être près des sites de Douai et Maubeuge de Renault. Elle est une des filiales de Groupe mécanique découpage (GMD), sous-traitant automobile qui a rassemblé 812 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an passé grâce à sa présence dans les activités d’emboutissage, de fonderie d’aluminium sous pression, d’étanchéité, de cuir et plasturgie. C’est le plastique que l’usine du Valenciennois exploite. Elle s’en sert pour créer l’habillage intérieur et extérieur des véhicules. Elle fabrique des panneaux de portes autant que de l’ébénisterie, des grilles d’auvent jusqu’aux pare-boue et enjoliveurs. Le site s’est agrandi peu à peu et a commencé à servir d’autres constructeurs automobiles : Stellantis (ex-PSA), Volvo et MacLaren.

«Offrir la perception de la qualité»

Jusqu’ici, ses 185 employés ne travaillaient qu’à équiper des voitures thermiques. «On favorise les fournisseurs locaux», indique Patrice Fortier. Ils pourront en faire de même pour les électriques dès le début de 2022. «Il faut, par exemple, augmenter l’insonorisation de nos pièces, détaille Jean-François Descamps, responsable méthodes. De petits bruits qui étaient couverts par le moteur thermique s’entendent avec l’électrique. Tout doit être irréprochable.» Patrice Fortier opine : «Nos clients nous demandent d’offrir la perception de la qualité en plus de la qualité elle-même

Le groupe a acheté quatre presses à injecter pour permettre cette montée en gamme et augmenter sa productivité. L’entreprise a, par ailleurs, libéré un de ses espaces de stockage pour y développer une nouvelle activité : l’assemblage de panneaux de portes. «Nos partenaires le souhaitent parce que c’est assez complexe à faire.» Elle aura aussi un défi à relever : Renault lui demande, en effet, de caler le rythme d’assemblage sur son rythme de production. Eurostyle Systems est prête.

Doubler le nombre de salariés

Le virage vers l’électrique de la filiale s’inscrit dans un mouvement plus large du groupe. «Depuis plusieurs années, nous travaillons sur le projet ESV 2021», détaille Patrice Fortier. «Nous voulons être plus écoresponsables, abonde Hakima Bouassri, responsable de la communication de la branche cuir et plastique : accroître notre politique de recyclage, réduire notre empreinte carbone, mettre en place des actions au quotidien...» 

«Notre site vivait sur ses lauriers, poursuit le directeur. Il n’y avait plus de renouvellement. Nous souhaitons moderniser notre parc machines mais aussi repeindre les lieux pour que nos collaborateurs s’y sentent bien, continuer de les former, d’être dans le dialogue. C’est l'un des points forts de notre groupe : nous avons une expertise technique mais aussi des valeurs morales et humaines.» L’usine compte doubler le nombre de ses salariés d’ici deux à trois ans. Patrice Fortier, pas peu fier, précise : «Nous n’avons quasiment pas de turn-over ici.»