Européennes: à Hénin-Beaumont, à côté de Bardella, Le Pen reste la patronne
A seize jours du scrutin européen, Jordan Bardella a tenu vendredi son avant-dernier meeting de campagne aux cotés de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont, où la triple candidate à l'Elysée a pu s'assurer de la fidélité...
A seize jours du scrutin européen, Jordan Bardella a tenu vendredi son avant-dernier meeting de campagne aux cotés de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont, où la triple candidate à l'Elysée a pu s'assurer de la fidélité de ses électeurs dans son fief du Pas-de-Calais.
Une reprise en main? Au fur et à mesure de sondages prédisant un succès insolent pour la liste Rassemblement national menée par Jordan Bardella aux élections européennes - 33% d'intentions de vote selon une étude Ifop-Fiducial parue vendredi -, l'entourage de Marine Le Pen estimait depuis plusieurs jours urgent d'opérer un "rééquilibrage" avec son poulain.
D'autant, ont noté les fidèles de la campagne, que l'appel à une candidature Bardella pour la présidentielle de 2027 devient une rengaine de plus en plus populaire chez les militants et sympathisants qui écument les meetings, où la "jeunesse" de l'eurodéputé sortant est plébiscitée.
"Moi, je pense que pour 2027, ce serait bien que ce soit une femme, c'est le moment", coupe court Peggy, une habitante d'Hénin-Beaumont qui fait la queue avec sa soeur Virginie pour pouvoir entrer dans l'espace François-Mitterrand où doit se tenir la réunion publique près de trois heures plus tard.
A côté d'elles, Ethan, Joey, Kenzo et Dorian, 17 ans, qui veulent "défendre les valeurs de conservatisme, tradition et amour de la patrie" face au "multiculturalisme", au "vivre-ensemble" et au "progressisme", opinent.
Car si "Jordan Bardella représente bien notre France", pour 2027 "ce sera encore un peu tôt", note le premier de ces quatre copains qui se sont rencontrés dans un club de sport.
Idem pour Johan et Loïc, deux intérimaires de 19 ans qui ont pris leur carte au RN il y a "deux, trois mois". Certes, c'était "pour Jordan", qui "a une bonne élocution et parle bien pour les jeunes". Reste que "pour moi, en 2027, Marine Le Pen ferait une bonne présidente", estime Loïc, un enfant de ce pays minier dont "la mère vote à gauche".
Mon premier soutien
Aux cris de "Marine, on t'aime", c'est en tout cas en rôle de patronne incontestée que Mme Le Pen a pris la parole sur scène, introduite par le maire RN de la commune, Steeve Briois, l'un de ses proches.
Celui qui n'a pas manqué de glisser qu'il avait été "réélu en 2020 avec 74% des voix au premier tour" a surtout rappelé que ces terres pas-de-calaisiennes étaient marinistes, "sur une ligne sociale populaire", "celle que défend Marine Le Pen depuis maintenant 22 ans".
La patronne des députés RN en a profité pour livrer un réquisitoire sans pitié ni nuance à l'endroit de la macronie.
"Qui peut aujourd'hui, en regardant la France de 2024, prétendre qu'elle est en meilleur état que celle de 2017?", a-t-elle interrogé, considérant que "tout est au rouge".
De l'insécurité ("Pour eux, l'autorité de l'Etat est un concept philosophique; l'exécution des peines, une vue de l'esprit") à l'économie ("plus seulement un déclin ou un recul, une véritable décroissance"), "le bilan de ces sept années est indéfendable", a tonné Marine Le Pen.
Au lendemain d'un débat opposant Jordan Bardella à Gabriel Attal, elle a encore pointé "le pyromane Macron" qui "a dépêché le pompier Attal pour sauver le soldat (Valérie) Hayer", tête de liste macroniste aux européennes.
Et, alors que son poulain s'est, selon plusieurs commentateurs, parfois laissé dominer pendant l'échange, elle a cité un sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro paru une heure plus tôt, jurant que "63% des Français ont accordé la victoire à Jordan Bardella".
Il s'agit en fait de la proportion de téléspectateurs qui ont "une meilleure opinion" de son poulain, alors que la même étude a mis en évidence que la tête de liste du RN n'a été "le plus convaincant" que pour 51% d'entre eux, contre 46% pour le Premier ministre.
"Ma chère Marine, vous êtes mon premier soutien; sachez, ma chère Marine, que je serai toujours le vôtre", lui a répondu le président du Rassemblement national, dans une démonstration de loyauté appuyée.
La tête de liste a par ailleurs entendu refaire la match de la veille: "J'ai fait face hier soir, essayant de défendre la vérité, au premier menteur de France, Gabriel Attal"
"Il y a ceux qui parlent du RN et ceux qui parlent de la France, ceux qui défendent des dogmes et ceux qui défendent les gens", a-t-il ajouté, sous des vivats aussi bruyants que ceux qu'avaient reçus son aînée.
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