EtNISI donne une seconde vie aux déchets

Rien ne se perd, tout se transforme ! Tel pourrait être la devise d'EtNISI, start-up spécialisée dans le recyclage de matières utilisées principalement dans le BTP. Tabourets, revêtements, carrelages ou bouteilles sortent ainsi de la première unité de production de l'entreprise, récemment inaugurée à Roubaix.

E
E

Espérance Fenzy, dirigeant et fondateur d’EtNISI.

Tout est parti d’un sentiment de «révolte». Espérance Fenzy, alors responsable développement dans le milieu du BTP, quitte son poste en juin 2016 pour démarrer le projet EtNISI. «Je voulais trouver une solution pour revaloriser les matières du BTP», explique-t-il. Le recyclage se fait discret dans la construction et plus particulièrement la démolition : «350 millions de tonnes de matières partent à la décharge chaque année rien que pour le BTP.» Espérance Fenzy met alors au point un process pour pouvoir recycler n’importe quelle matière. Après broyage, elle est associée à un liant. L’objet est ensuite assemblé en laboratoire. «On associe généralement différentes matières ensemble. Par contre, on peut travailler le marc de café tout seul.» Parmi les réalisations, un carrelage fait avec de la poussière de pierre bleue et du calcaire, des bouteilles à partir de poussière de verre de fenêtres ou encore des tabourets à partir de marc de café. «Tout ce qui est solide peut être recyclé.» Selon les objets façonnés, la mise au point du processus de valorisation peut prendre de un à trois mois. Les pertes engendrées par la fabrication sont également récupérées par le dirigeant et fondateur d’EtNISI : «Tous les mois je produis un objet avec nos rebuts de production.» Ils sont exposés au sein du showroom de l’ entreprise, hébergé par piKs design à Marcq-en-Barœul. EtNISI compte par ailleurs un siège social à Lille et a installé sa première unité de production à Roubaix.

Valoriser le patrimoine

«Je pense que la matière n’est pas là que pour combler un vide, elle peut raconter une histoire, valoriser un patrimoine», souligne Espérance Fenzy. Pour lui, récupérer les matériaux à la suite d’une démolition, c’est pérenniser la vie du bâtiment qui a été détruit. Les matériaux sont principalement récupérés sur les chantiers et «tout se recycle». Suivant cette ambition, EtNISI a inauguré sa première unité de production en mai à Roubaix. L’usine, d’une surface de 250 m2, laboratoire inclus, a nécessité un investissement de 300 000 €. «Le but est de mailler le territoire avec des micro-usines afin de favoriser l’emploi local.» Celles-ci peuvent valoriser une tonne de déchets par jour chacune. Si aujourd’hui quatre personnes travaillent au sein de la start-up, dont deux non salariées et Espérance Fenzy, le dirigeant espère recruter dans le tissu local. «Une levée de fonds est prévue pour lancer quatre usines supplémentaires sur le territoire.» L’entreprise est en négociation avec des enseignes de bricolage afin de pouvoir diffuser ses produits. «Les particuliers peuvent directement me contacter via le site pour faire des achats.»