Etat des lieux du volume et de la caractérisation des reprises en région
La CCI région Nord de France vient de publier une étude sur le rôle de la transmission d'entreprise dans sa préservation du tissu économique subsistant et dans le maintien et la sauvegarde des emplois. L'étude analyse d'une part les profils des cédants et des repreneurs, et d'autre part les conditions de reprise. Cette étude a permis d'estimer à plus de 30 000 le nombre d'établissements qui auront vocation à être cédés d'ici cinq ans. Face à ces enjeux, la CCI de région Nord de France, la DIRECCTE, la Région et la Chambre régionale des métiers, soutenus par l'Etat et l'Europe, ont décidé de mettre en place un observatoire de la transmission afin d’en quantifier et d'en identifier les évolutions.
Selon l’étude, en 2014 le marché de la transmission dans le Nord-Pas-de-Calais a représenté près de 1 800 reprises d’entreprises et 12 600 emplois (estimation prenant uniquement en compte les entreprises inscrites au registre du commerce et des sociétés). 45% des opérations étaient des rachats de parts, 42% des rachats de fonds et 13% une location-gérance. A noter que 240 transmissions se sont faites dans le cadre familial (13% de l’ensemble des reprises).
La reprise, une solution intéressante dans la plupart des cas. 57% des reprises de la région se concentrent sur le Grand-Lille où six rachats sur dix (60%) sont des rachats de parts. Alors qu’en Artois, Côte d’Opale et Grand-Hainaut, les reprises sont essentiellement des rachats de fonds (61% à 66% des cas).
Deux tiers des reprises dénombrées en région se concentrent sur trois secteurs d’activité: le commerce de détail (25%), les services aux entreprises/commerce de gros (22%) et l’hôtellerie-restauration (19%).
Les secteurs à taux de reprise élevés sont celui des débits de boissons (63‰) et l’hôtellerie-restauration (36,8‰), le premier en raison de sa réglementation spécifique, notamment la licence (licence IV), le second du fait des lourds investissements nécessaires (local, matériel, personnel). La transmission est donc une solution qui présente moins de risque que la création ex nihilo.
L’industrie/transport compte peu de reprises (7% 7‰ ??), de même que la construction (7,40‰), sans doute parce que ces secteurs reposent quasi exclusivement sur les compétences-métiers, ne nécessitent pas de gros investissements et, de ce fait, ont des facilités à la création d’entreprise.
La reprise par rachat, dont la moyenne régionale est de 45%, se polarise essentiellement dans les secteurs de l’industrie/transport (81%), la construction (74%) et également dans les services aux entreprises/commerce de gros (72 %). Les entreprises touchées dans ces trois secteurs sont surtout de taille moyenne à grande, et sont concernées par les taux de transmissions familiales les plus élevés (de 19% à 31%, contre une moyenne régionale de 13%).
A l’opposé, la reprise de fonds constitue la majeure partie des opérations pour les entreprises plus petites : débits de boissons (77%) et hôtellerie-restauration (64%).
Une préférence pour des petites entreprises et un choix raisonné. Il apparaît que les modalités de reprise sont fortement dépendantes de la taille de l’entreprise. La quasi-totalité des rachats de parts (94%) concerne les entreprises de 100 salariés et plus, tandis qu’une majorité des reprises de fonds (56%) affecte les petites entreprises. Dans les faits, huit opérations sur dix affectent des entreprises de petite taille (cinq salariés ou moins).
Les motivations à l’investissement par reprise sont la volonté de devenir indépendants (31% des repreneurs) − là, les secteurs qui ressortent sont les entreprises de commerce de détail et de services à la personne et de construction −, puis le désir de gagner de l’argent (24% des repreneurs), et enfin le choix d’un secteur qui tient à cœur (21%).
Selon l’étude, la reprise n’est pas un hasard mais effectivement un choix, puisque 82% des repreneurs interrogés disent ne pas avoir hésité entre une reprise et une création d’entreprise. Près de 36% d’entre eux ont déjà eu une ou plusieurs expériences de création et 18%, de reprise d’entreprise.
Le premier critère de choix lors d’une reprise serait la connaissance du secteur. En effet, le repreneur peut s’appuyer sur des compétences déjà acquises afin de limiter les risques liés à la reprise.
64% des repreneurs acquièrent une entreprise déjà mise en vente sur le marché. Par contre, dans les secteurs de l’industrie, du transport et de la construction, l’entreprise est rarement en vente lors du premier contact.
Le repreneur était préalablement salarié (41%) ou au chômage (24%), chef d’entreprise (31%) ou employé/ouvrier (60%). L’étude nous apprend que 69% des repreneurs n’ont jamais été en poste dans l’entreprise qu’ils reprennent, mais 68% d’entre eux ont déjà travaillé dans le secteur de leur nouvelle entreprise. Notons que 25 à 30% des repreneurs de la région sont des femmes.
Les reprises de fonds sont financées par apport personnel (88%) et par emprunt bancaire (82%), loin devant le rachat de parts (75% par apport et 46% par emprunt bancaire). Les apports personnels vont à l’industrie/transport pour 71% des repreneurs, aux services aux entreprises/commerce de gros (67%, contre seulement 47% de prêts bancaires) et à la construction (65%).
Le prix moyen de cession est de 204 K€. La reprise par rachat de parts implique des montants plus importants (en moyenne 268 K€) que les reprises de fonds (172 K€).
Le profil du cédant. Les raisons de cession sont le départ en retraite du cédant (un tiers des cessions), un changement d’activité (21%), des difficultés économiques (15%), 21% des repreneurs ne connaissant pas la raison de la cession.
En termes de profil, l’entreprise reprise appartenait à un seul gérant (67%), à un groupe d’associés (27%), et dans 6% des cas à une autre entreprise ou groupe. 31% des repreneurs ont repris une entreprise en difficultés économiques, dont 8% faisaient l’objet d‘une procédure légale de redressement ou de liquidation judiciaire. La taille moyenne de l’entreprise reprise a un effectif moyen de 6,2 salariés. Ce nombre varie entre une moyenne de 17,6 salariés dans l’industrie/transport et 3,5 pour les débits de boissons.
Enfin, le chiffre d’affaires moyen s’établit à 649 K€ et varie de 277 K€ jusqu’à 1 709 K€ pour l’industrie/transport.