Et si vous aviez le choix…
La transition de la vie professionnelle à la retraite peut se vivre de plusieurs manières, le cadre réglementaire offran
Je souhaite m’arrêter le plus tôt possible
On sait que l’âge légal, c’est-à-dire l’âge «au plus tôt» est passé à 62 ans (pour les générations 1955 et suivantes). On sait parfois que ceux et celles qui ont commencé avant 20 ans pourront, sous certaines conditions, liquider leurs droits à 60 ans, voire avant. Qu’en est-il exactement ?
Liquider ses droits à 60 ans
La première condition est d’avoir cumulé au moins 5 trimestres validés (4 trimestres si je suis né(e) en octobre, novembre ou décembre) à la fin de l’année civile de mes 20 ans. Pour le savoir, il suffit de regarder mon relevé de carrière (disponible par exemple sur le site de l’assurance retraite). En effet, ce sont les salaires perçus qui comptent, et non pas le nombre de mois effectivement travaillés. Ce sera l’occasion de vérifier que tous les salaires que j’ai perçus en début de carrière sont bien pris en compte. Si ce n’est pas le cas, je pourrai envoyer les bulletins de salaire à la CARSAT (Caisse d’assurance retraite et santé au travail) pour demander la régularisation de mon relevé de carrière. Je peux également obtenir des trimestres «validés» au titre du service militaire, de certaines périodes de chômage, de maladie, de maternité. Nous verrons plus loin qu’il y a une distinction entre trimestres «validés» et trimestres «cotisés». Pour la première condition ce sont les trimestres «validés» qui comptent. (Nb : pour les mamans chaque enfant donne droit à 8 trimestres validés (pour les enfants nés à partir de 2004, ces 8 trimestres peuvent être scindés entre le papa et la maman). Ces trimestres-là ne sont pas affectés à une année particulière et ne peuvent pas être pris en compte pour le respect de la première condition.)
La deuxième condition est d’avoir cumulé un certain nombre de trimestres cotisés sur l’ensemble de ma carrière. Ce nombre dépend de mon année de naissance (par exemple il est de 166 si je suis né(e) en 1955, 1956 ou 1957). Et par trimestre cotisé, il faut entendre les trimestres qui ont donné lieu à des cotisations sociales. Ainsi par exemple les 8 trimestres attribués pour chaque enfant ne comptent pas. Mais en revanche les trimestres correspondant au service militaire comptent, ainsi que 4 trimestres (maximum) correspondant à des périodes de chômage indemnisé, et aussi 4 trimestres (maximum) correspondant à des périodes de maladie. Pour ce qui est des trimestres rachetés, tout dépend du dispositif, par exemple les trimestres rachetés au titre des études longues ne comptent pas, mais ceux rachetés auprès du RSI dans les 6 ans après une année où le résultat n’avait pas permis de valider 4 trimestres sont pris en compte.
Liquider ses droits avant 60 ans
Il est même possible de demander la liquidation avant 60 ans, pour celles et ceux qui ont plus de 5 trimestres validés (ou 4 pour celles et ceux nés au dernier trimestre civil) à la fin de l’année civile de leurs 16 ans et qui ont cotisé, sur l’ensemble de leur carrière 8 trimestres de plus que la référence (cette référence étant par exemple de 167 trimestres pour les personnes nées en 1958, 1959 ou 1960).
Et si je préfère continuer à travailler ?
«Je peux continuer à travailler, tout en percevant une pension de retraite» Le premier dispositif est le cumul emploi-retraite : je peux en bénéficier à partir du moment où j’ai liquidé mes droits à la retraite avec le nombre de trimestres de référence (cette référence étant par exemple de 168 trimestres pour les personnes nées en 1961, 1962 ou 1963).
L’ensemble de mes droits à la retraite est liquidé de manière définitive, je continue à cotiser pour la retraite mais sans acquérir de nouveaux droits. Pour autant, il est souvent plus intéressant de commencer à percevoir ma retraite (par exemple 1 000 € tous les ans) que d’attendre un an, donc de ne pas toucher 1 000 €, et de percevoir une retraite plus élevée (par exemple 1 050 € tous les ans), car c’est seulement lorsque j’aurai perçu pendant 20 ans les 1 050 € annuels que je vais retrouver les 1 000 € que je n’ai pas touché au départ.
Évidemment l’intérêt dépend de l’augmentation de ma retraite annuelle (dans l’exemple ci-dessus, si la retraite passe de 1 000 € à 1 200 €, alors il est plus intéressant d’attendre un an pour liquider ma retraite, quitte à perdre 1 000 €, puisque au bout de 5 ans j’aurai retrouvé 5 * 200 € = 1 000 €). Cette augmentation de la retraite entre deux dates de liquidation espacées d’un an dépend de ma carrière : si en début de carrière j’ai eu longtemps des salaires inférieurs au plafond annuel de la sécurité sociale, et si ces dernières années j’ai des salaires plus élevés, alors la retraite augmentera davantage entre les deux dates de liquidation que pour une personne qui aura eu un salaire à peu près constant ou progressant très régulièrement.
Quelles sont les conditions pour bénéficier du cumul emploi-retraite ?
1) Si j’ai atteint l’âge légal de la retraite.
2) Et j’ai validé le nombre de trimestres de référence sur l’ensemble de ma carrière (par exemple 168 trimestres pour les personnes nées en 1961, 1962 ou 1963). Il s’agit de trimestres validés, et les trimestres rachetés (quel que soit le dispositif de rachat) comptent.
3) Et j’ai liquidé tous les droits à la retraite dans les régimes de base et complémentaire auprès desquels j’ai cotisé, sauf ceux qui appliquent une minoration qui ne dépend que de l’âge (par exemple, le régime Tranche C de l’AGIRC applique une minoration de 5 % par année me séparant de mes 67 ans, quel que soit le nombre de trimestres que j’ai validés au cours de ma carrière).
– Alors je peux cumuler emploi et retraite sans délai et sans avoir de plafond de revenus à respecter.
– Attention, si je suis salarié(e), je dois mettre fin à mon contrat de travail actuel, et je peux en signer un nouveau, qui peut commencer dès le lendemain. L’employeur ne peut refuser mon départ à la retraite, mais il doit être d’accord pour signer un nouveau contrat de travail, avec des caractéristiques nouvelles (salaire, temps de travail).
– Si je suis artisan, commerçant ou profession libérale, alors je peux continuer mon activité, je dois simplement indiquer sur mon dossier de retraite que je poursuis mon activité dans le cadre du cumul emploi-retraite, à partir du moment où je remplis les 3 conditions signalées ci-dessus. 1) Si j’ai liquidé mes droits à la retraite en bénéficiant du régime des carrières longues : le régime des carrières longues est une dérogation pour que les personnes qui ont commencé à travailler jeunes puissent s’arrêter plus tôt, mais je peux néanmoins cumuler emploi et retraite à condition de respecter un plafond de revenus jusqu’à ce que j’aie atteint 62 ans (attention ce plafond varie d’un régime à l’autre), et, si je suis salarié(e) je dois attendre 6 mois avant d’être salarié(e) par mon dernier employeur (ou accepter de ne pas percevoir de retraite pendant 6 mois).
2) Si j’ai atteint l’âge légal mais n’ai pas validé le nombre de trimestres de référence : je devrai respecter un plafond de revenus tant que je continuerai à travailler (attention ce plafond varie d’un régime à l’autre), et, si je suis salarié(e) je dois attendre 6 mois avant d’être salarié(e) par mon dernier employeur (ou accepter de ne pas percevoir de retraite pendant 6 mois).
Et si je veux me lancer dans une nouvelle activité ?
Il est tout à fait possible de prendre sa retraite dans un régime donné et commencer une activité qui dépend d’un autre régime. Je peux prendre ma retraite du régime général et entamer une activité d’indépendant.De même je peux prendre un emploi dans le privé après avoir liquidé ma retraite dans la fonction publique. Il s’agit du cumul inter-régime, qui peut être soumis à conditions, notamment, au respect d’un plafond de revenus. Ce cumul permettait d’acquérir de nouveaux droits à la retraite, mais ce n’est plus le cas pour les retraites liquidées depuis le 1er janvier 2015.
Et si j’hésite à arrêter de travailler ?
Si je suis salarié(e), salarié(e) agricole, artisan(e), ou commerçant(e), je peux demander à bénéficier de la retraite progressive. Je dois avoir 60 ans et avoir validé plus de 150 trimestres sur l’ensemble de ma carrière. Je vais continuer à travailler, mais à temps partiel, par exemple 60 %, et je vais pouvoir demander une première liquidation de mes droits à la retraite. Je percevrai 40 % de cette retraite. Au total je percevrai donc moins que 100 % d’un salaire, mais je gagne 40 % de temps libre, ce qui me permet de commencer à gérer mon temps libre de manière régulière. Et, autre avantage, je continue à gagner des droits à la retraite avec mes revenus professionnels. Si je suis salarié(e), l’employeur n’est pas obligé d’accepter ; il peut néanmoins trouver avantageux que je reste à temps partiel pour accompagner au mieux la reprise de mes travaux par d’autres. «Dans tous las cas, afin de faire le bon choix, rapprochez-vous de votre conseil habituel dont les experts-comptables font partie».
Expertis Cfe 2, allée d’Évry – Technopôle
Brabois 54603 – Villers-lès-Nancy