Et si les gros tenaient compte des petits ?

Lors du dernier Nordbat, Olivier Tommasini a signé avec les représentants des sous-traitants une seconde charte pour harmoniser les rapports avec les entreprises tous corps d’état. Christophe Waubant fait le point.

Christophe Waubant brandit le bâton de pèlerin pour revaloriser les sous-traitants de la construction.
Christophe Waubant brandit le bâton de pèlerin pour revaloriser les sous-traitants de la construction.

 

Christophe Waubant brandit le bâton de pèlerin pour revaloriser les sous-traitants de la construction.

Christophe Waubant brandit le bâton de pèlerin pour revaloriser les sous-traitants de la construction.

C’est un point conflictuel dans la bulle BTP qui avait provoqué une première charte en 2007 , mais il a fallu revenir dessus car la crise et le temps n’ont pas agi. Chef d’entreprise régional et dans le pool des représentants des sous-traitants, Christophe Waubant constate que la situation stagne : «La crise a augmenté les tensions avec les EGF (ndlr : les gros du BTP et les entreprises générales). Un cri d’alarme a été poussé en février 2013, depuis 2012 nos relations s’étaient dégradées. J’étais un des porte-parole des sous-traitants qui souffraient de handicaps : peu de volumes et de marges, peu d’adaptation possible aux dangers de la crise en raison de tailles modestes et de personnels limités, et difficile de supporter la notion de dépendance.»

Revoir les modes de fonctionnement. Il était donc demandé que les «gros» ordonnent à leurs personnels d’appliquer la charte sur les chantiers car, entre le niveau local, les chantiers et les remontées aux directions générales, il y avait beaucoup de chemin…  «Il y a eu des débordements, poursuit Christophe Waubant. Et nous, on a la tête dans le guidon !  On est impactés par certains gros donneurs d’ordre.» Bref, il faut revoir les modes de fonctionnement. Exemple : que le sous-traitant porte seul la responsabilité des pénalités de retard, alors que le chantier a démarré en retard sans qu’il en soit responsable, n’est pas normal. «Nos sous-traitants sont mal armés juridiquement, dit M. Waubant. Depuis 2010, le laisser-aller sur les chantiers est préoccupant. Les plannings d’exécution se réduisent, ça démarre tard, tout est trop ramassé, la qualité et la sécurité en pâtissent. (…) Changeons de bouc émissaire», conclut-il.

Trois autres pierres d’achoppement… D’abord la démobilisation des équipes sur les chantiers où des entreprises se déclarent défaillantes : les délais de remplacement sont trop longs. Puis, les prix anormalement bas pénalisent plus les sous-traitants, l’encadrement est alors réduit d’où une cascade de conséquences : «C’est l’anarchie, reconnaît M. Waubant, ça triche, il y a des dommages.» Enfin, la main-d’œuvre étrangère : «Elle ne connaît pas les normes de qualité, ni les process, ni le français, et se moque des autres corps d’état. La sécurité est absente !» La crise modifie les rapports entre les gros et les petits : «On se connaît mais on n’est plus forcément partenaires sur les mêmes chantiers, alors qu’avant, on travaillait ensemble. D’où une défiance mutuelle.»

La nouvelle charte doit impérativement remettre de l’ordre, les EGF doivent comprendre ces difficultés et les compenser via des feuilles de route contenues dans la charte. 

  1. Christophe Waubant dirige cinq sociétés (façades, enduits). Le CA du groupe (270 compagnons) est de 23 M€ ; 90% de son activité est en sous-traitance pour les EGF du Nord-Pas-de-Calais avec, pour «locomotives», l’isolation thermique extérieure et le bardage.