Eqiom investit 200 M€ à Lumbres pour décarboner sa production

La cimenterie de Lumbres, rachetée en 2015 par le groupe Eqiom sera dotée d’équipements et de technologies innovants à l’horizon 2026. Un investissement de plus de 200 millions d’euros dans le cadre de son projet K6.

135 personnes travaillent sur le site de la cimenterie, à Lumbres. © Eqiom
135 personnes travaillent sur le site de la cimenterie, à Lumbres. © Eqiom

K6, c’est le nom du projet ambitieux que lance le groupe Eqiom sur le site de sa cimenterie, installée à Lumbres, et acquise en 2015. L’investissement de plusieurs centaines de millions d’euros doit doter la cimenterie, ouverte en 1884, des outils du futur, avec l’objectif d’augmenter la production, tout en préservant l’environnement. Aujourd’hui, le site, qui emploie 135 personnes produit annuellement 800 000 tonnes de ciment, sous une dizaine de formes (prêt à l’emploi ou en préfabrication), destinées au marché des Hauts-de-France et de la région parisienne.

«Le site possède deux fours, d’une ancienne génération, en voie humide. Nous allons les réformer et les remplacer par un four en voie sèche, ce qui entrainera un gain thermique de 30% environ et une réduction des émissions de dioxyde de carbone liée à la combustion de 20% par tonne de clinker» explique Luc Cousin, directeur technique et projet pour Eqiom, en charge du projet k6 et précédemment directeur de la cimenterie de Lumbres.

Association avec Air Liquide

De son côté, la production devrait augmenter de 70% grâce à un gain de productivité. Le groupe va ainsi diminuer ses importations de clinker (utilisées hors Hauts-de-France), en provenance notamment d’Espagne et de Turquie. Cet équipement devrait être mis en service en 2026 et représente un investissement de plus de 200 millions d’euros.

Mais le projet K6 comporte un second volet consistant à capturer, à l’horizon 2028, puis à stocker le dioxyde de carbone, émis. Pour cela, Equiom utilise deux procédés mis au point par Air Liquide avec qui le groupe s’associe. L’oxycombustion, qui remplace l’air par de l’oxygène pur, concentre ainsi le dioxyde de carbone. Lequel est ensuite séparé des autres gaz, grâce à la cryogénie, dans l’optique d’un transport en bateau à partir de Dunkerque puis d’un stockage, par exemple en mer du Nord.

Soutien européen

Deux technologies utilisées pour la première fois dans ce secteur d’activité et à une telle échelle. «Beaucoup de cimentiers s’intéressent à ces technologies et lancent des projets» souligne Luc Cousin. K6 fait ainsi partie des sept projets de dimension industrielle à avoir été sélectionnés par l’Union européenne dans le cadre de l’édition 2021 de son Fonds consacré à l’innovation.

Concernant spécifiquement, le transport, «nous étudions actuellement les deux options possibles jusque Dunkerque : le train ou le pipe» complète Luc Cousin. Un choix qui sera conditionné par de nombreux facteurs, notamment la possible association avec d’autres industriels locaux autour d’une plateforme multimodale d'exportation de dioxyde de carbone. Ce volet, comportant encore des inconnues, n’est donc pas chiffrable en l’état.

Avec son projet K6, Eqiom s’engage résolument dans la voie de la décarbonation. Un pari qui repose aussi sur l’adhésion des consommateurs qui devront accepter un inévitable surcoût pour cette décarbonation -atténué partiellement par le soutien de l’Union européenne.