Envie Lorraine : 30 ans et une transmission en douceur

L’économie circulaire et sa grande sœur ESS (Économie sociale et solidaire), certains en parlent (beaucoup) en y voyant des opportunités de marchés plus ou moins juteux dans un climat sociétal porteur, et d’autres l’ont chevillée au corps depuis toujours avec toutes les valeurs intrinsèques à ces secteurs. «Nous sommes une entreprise zéro dividende. Tous les résultats que nous réalisons, quand nous en faisons, sont directement réinjectés au cœur de l’entreprise. 70 % de nos salariés sont des personnes en parcours de retour à l’emploi», assure Pierre Guyot, le fondateur d’Envie Lorraine il y a maintenant 30 ans (membre du réseau national Envie affichant une cinquantaine de SCIC du même type dans l’Hexagone). Spécialisée à la genèse dans le reconditionnement d’appareils électroménagers sur son site de Nancy, elle s’est développée au fil du temps dans la collecte de DEEE (Déchets d’équipements électriques et électroniques), la production de matières premières secondaires issues du traitement des matelas, le reconditionnement d’aides techniques médicalisées (Envie Autonomie), le reconditionnement de machines d’entretien de bord des routes (Envie Méca en partenariat avec le constructeur Noremat et la société Maneko) à Toul dans une partie de l’ancienne usine Kléber reconvertie.

Évolution du champ de l’ESS

Ces activités d’économie circulaire font écho aujourd’hui à l’actualité du moment où les notions de sobriété, de consommation raisonnée s’affirment au quotidien. «Si le pari de la deuxième vie des appareils apparaît aujourd’hui comme une évidence, c’est une responsabilité que l’entreprise a pris dès les années 1990, à contre-courant de la tendance ultra consumériste de l’époque», explique Arnaud Apostolo, le directeur général d’Envie Lorraine et nouveau pilote de cette Société coopérative d’intérêt collectif à partir de l’année prochaine. Les deux hommes se connaissent depuis près de vingt ans pour évoluer dans l’écosystème de l’économie d’insertion. Il y a trois ans, Arnaud Apostolo intègre l’entreprise après un parcours dans l’ESS et l’accompagnement territorial de l’entrepreneuriat et rapidement Pierre Guyot lui propose de reprendre les rênes de la société qu’il a fondé trente ans plus tôt. Une suite logique presque innée mais en tous cas qui tombait sur le sens pour les deux hommes. «Nous avons construit ensemble une équipe de la relève pour continuer à faire fructifier l’entreprise et surtout pérenniser ses valeurs. L’entreprise est aujourd’hui entre de bonnes mains», assure Pierre Guyot. L’ADN ne change pas, il se renforce : contribuer à un entrepreneuriat solidaire par le recrutement de personnes en parcours de retour à l’emploi, concourir au développement économique territorial par la création d’emplois durables non délocalisables et agir pour l’environnement et la transition écologique par le développement d’activités constitutives d’une économie circulaire. «Le champ de l’ESS a évolué et l’on voit bien aujourd’hui que les opportunités sont présentes. De nombreux nouveaux acteurs investissent le segment de l’économie circulaire», explique Arnaud Apostolo. Cette concurrence certaine entraîne Envie Lorraine a accentué sa diversification à l’image de la vente de pièces détachées de réemploi d’électroménagers, pour les particuliers mais également les professionnels. D’autres pistes sont à l’étude et devraient prochainement voir le jour.