Entrepreneurs en mode résistance
Retour à la dure réalité ! «Les problèmes d’approvisionnement, de croissance, d’inflation, cela va être difficile. Avec la guerre en Ukraine, c’est aujourd’hui que commence le XXIe siècle.» En ces quelques phrases, le président du conseil d’administration d’une banque régionale à l’occasion de la présentation de ses résultats pour l’an passé résume à elles seules, le sentiment d’inquiétude générale qui gagne la sphère entrepreneuriale locale.
«Je ne suis pas du genre à être dans le dramatique mais aujourd’hui il est certain que les chefs d’entreprise commencent à réellement avoir beaucoup de mal.» Aux détours d’un salon organisé dans l’agglomération nancéienne la semaine dernière, le contraste entre la bonne humeur ambiante et une convivialité retrouvée et les prises de température sur la situation actuelle glanées aux coins des allées est frappant. «En local comme partout dans l’Hexagone, toutes nos entreprises sont hyper dépendantes. Aux problématiques d’approvisionnement, de flambée du coût des matières premières, il faut ajouter les difficultés de recrutement. Augmenter les salaires pour attirer, garder nos collaborateurs et les accompagner face à l’inflation, les chefs d’entreprise ne pourront pas le faire éternellement», explique un visiteur. Dans certains cabinets d’experts-comptables, les premières alertes commencent à poindre. Il y a encore quelques semaines, le prisme des inquiétudes étaient surtout fixé sur l’arrêt du «quoi qu’il en coûte» de l’État. «Les chefs d’entreprise doivent aujourd’hui faire face à de nouvelles menaces, conséquences de la guerre en Ukraine, et il convient d’être particulièrement prudent pour l’avenir», analyse Anthony Streicher, le président de l’association GSC d’information et de sensibilisation des chefs d’entreprise des risques de leur statut suite à la parution de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs (paru la semaine dernière). Dans la région, l’an passé, 2 171 femmes et hommes chefs d’entreprise ont perdu leur activité professionnelle (243 en Meurthe-et-Moselle). 2022 ne fait que commencer à s’écrire mais il apparaît évident que ce chiffre devrait être beaucoup plus important l’an prochain. Mieux vaut s’y préparer et, dans la limite du possible et raisonnable, amoindrir l’onde de choc programmée.