Entre pénurie de main d’oeuvre et destruction…
Bâtiment, Restauration ou encore Services à la personne. 38 000 prévisions d’embauche pour cette année ont été enregistrées par Pôle Emploi au sein de la région dans ces métiers dits « sous-tension ». Paradoxe de taille quand le chômage atteint des records quasi historiques dans la région frôlant les 172 000 demandeurs d’emploi en mars dernier.
Paradoxal ! D’un côté une pénurie de main-d’oeuvre affichée de tout un pan d’entreprises et de l’autre une destruction massive et continue de l’emploi dans la région. L’enquête 2013 sur les besoins de main-d’oeuvre en Lorraine, réalisée et présentée fin avril par Pôle Emploi, ne déroge pas aux exercices précédents. Rien de bien nouveau, seulement la confirmation d’une situation de plus en plus paradoxale (entraînant son lot d’interrogations sur la notion même d’emploi et de travail aussi bien du côté des demandeurs que des employeurs). Bâtiment, Industrie, Restauration et une bonne majorité du secteur Tertiaire, demeurent les principaux métiers (dits : sous-tension) qui peinent à recruter. Exemple typique dans la Construction : «deux projets sur trois sont difficiles dans ce secteur. Malgré la situation économique toujours délicate et la forte augmentation du chômage de ces dernières années, des difficultés de recrutement subsistent. Près de 70 % des embauches dans ce domaine sont jugés difficiles», explique Jérôme Furnalczyk, responsable du service Études et Statistiques à Pôle Emploi Lorraine.
Précarité et turn-over…
«D’une année à l’autre, nous sommes sur des métiers en difficulté. La situation économique n’est pas neutre. Les difficultés de recrutement viennent s’entrechoquer aux difficultés des entreprises et les PME n’ont pas le temps de faire face à leurs besoins de recrutement», analyse Jean Niel, le directeur régional de Pôle Emploi. Nouvelle donne : le secteur de la santé et de l’action sociale, dont une grande majorité de Services à la personne peinent à recruter. Ils représentent près de 15 % des projets. Les raisons sont liées au fait que ces métiers sont le plus souvent précaires «avec un turn-over important», assure Jean Niel. L’an passé, 40 000 pistes de projets de recrutement avaient été identifiées par Pôle Emploi «et nous avons reclassé 78 000 personnes sur l’année.» Des reclassements de demandeurs d’emploi toujours supérieurs aux prévisions de recrutement, une bonne chose et un moindre mal qui ne pourra contrebalancer la spirale à venir. «Avec des prévisions de PIB de l’ordre de 0,1 %, impossible d’envisager de la création d’emplois pour cette année. Nous allons continuer à détruire de l’emploi en Lorraine en 2013.» À la fin mars près de 172 000 demandeurs d’emploi étaient répertoriés dans la région.