Entre deux sommets européens, le Parlement compte ses divisions sur l'Ukraine
Jusqu'où soutenir Kiev et comment ? Tandis que Paris et ses alliés cherchent la parade à un possible désengagement des Etats-Unis, deux débats sans vote sont organisés, lundi à l'Assemblée puis mardi au Sénat, sur "la...

Jusqu'où soutenir Kiev et comment ? Tandis que Paris et ses alliés cherchent la parade à un possible désengagement des Etats-Unis, deux débats sans vote sont organisés, lundi à l'Assemblée puis mardi au Sénat, sur "la situation en Ukraine et la sécurité en Europe".
Annoncés mi-février, ces débats prennent une nouvelle dimension après l'altercation entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky vendredi à la Maison Blanche.
Dans la classe politique française, la vague d'indignation qui a suivi n'a pas suffi à resserrer les rangs car de profondes divisions subsistent sur l'attitude à adopter, tant vis-à-vis de Washington que de Moscou, et sur le rôle des Européens.
La séance à l'Assemblée doit commencer vers 17H00 avec une déclaration de François Bayrou qui devrait reprendre les propositions faites dimanche soir par Emmanuel Macron après une réunion à Londres avec une quinzaine d'autres responsables européens.
Avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, Emmanuel Macron avance notamment l'idée d'une trêve d'un mois en Ukraine "dans les airs, sur les mers et les infrastructures énergétiques". A ce stade, ce n'est qu'une "option", a cependant relativisé Londres lundi matin.
Ce serait une première étape avant un éventuel cessez-le-feu sur l'immense ligne de front, préalable indispensable à toute éventualité de déploiement de forces européennes, auquel la France et la Grande-Bretagne sont prêtes à participer, dans le cadre d'un accord de paix et sous une protection américaine.
Le chef de l'Etat a confirmé au passage sa volonté "d'approfondir le dialogue" avec d'autres pays sur la dissuasion nucléaire française, pour le "développement d'une véritable culture stratégique entre Européens" même s'il entend conserver "la décision totalement souveraine" d'utiliser l'arme atomique.
Par ailleurs, il estime que l'Union européenne doit mobiliser "200 milliards d'euros dans un premier temps" pour financer l'effort militaire, et que ses 27 membres doivent porter leur effort de défense autour de 3% à 3,5% de leur produit intérieur brut (PIB) contre 2% aujourd'hui.
Cette montée en puissance sera à l'ordre du jour d'un sommet jeudi à Bruxelles car "la ligne de front ne cesse de se rapprocher de nous" en raison des "ambitions impérialistes" de la Russie, selon le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
Une fois n'est pas coutume, le chef de l'Etat peut compter sur l'appui du Parti socialiste, dont le leader Olivier Faure a dit lundi "se retrouver parfaitement" avec ce qu'il propose.
"Faire bloc avec les Ukrainiens et, à moyen terme, s'engager dans une défense européenne dans laquelle les Français doivent prendre toute leur part, y compris en reposant la question du parapluie nucléaire", a-t-il résumé.
Désaccords sur la table -
Mais les désaccords ne manqueront pas de s'exprimer.
En premier lieu sur la dissuasion nucléaire, que la patronne du Rassemblement national Marine Le Pen ne veut "pas partager". "Ce serait une trahison nationale", a renchéri lundi Jordan Bardella, qui a réaffirmé son hostilité à une défense européenne.
Le RN risque néanmoins d'être mis sur la défensive sur son positionnement vis-à-vis de Donald Trump et Vladimir Poutine. François Hollande a ainsi appelé "à une prise de conscience politique qui doit nous permettre, en 2027, "d'écarter une dirigeante qui puisse être l'amie des deux partenaires qui sont prêts à dépecer l'Ukraine".
Autre divergence, le dialogue avec la Russie. Le chef des députés LR Laurent Wauquiez a jugé "indispensable de parler" avec Vladimir Poutine pour "restaurer la paix".
Un rare point commun avec le numéro un du parti communiste Fabien Roussel, qui ne veut "pas laisser Trump et Poutine discuter ensemble" et "sceller un accord sur le dos des Européens".
La France insoumise devrait saisir l'occasion pour dénoncer, à l'instar de son leader Jean-Luc Mélenchon, la "servilité atlantiste" des dirigeants européens qui ont "diabolisé Poutine" et se retrouvent désormais "coupables d'une capitulation sans condition (et) sans issue".
Accusation dont voudra sans doute se défendre l'ex-Premier ministre et chef des députés Renaissance Gabriel Attal, pour qui "les Etats-Unis ont perdu le droit de se revendiquer comme les leaders du monde libre".
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