Entre Brexit et crise sanitaire, le port de Calais tient le cap

Le nouveau port de Calais a été officiellement mis en service le 31 octobre dernier. Une infrastructure qui doit asseoir la compétitivité du port confrontée au Brexit et à la Covid19.

«Il nous faut réussir la diversification vers le non-accompagné», souligne Jean-Marc Puissesseau. © Sebastien Jarry
«Il nous faut réussir la diversification vers le non-accompagné», souligne Jean-Marc Puissesseau. © Sebastien Jarry

Crise sanitaire et Brexit, Jean-Marc Puissesseau a inauguré l’extension du port de Calais en pleine tourmente. Celui qui vient tout juste d’être réélu président du conseil portuaire des ports de Boulogne-sur-Mer et de Calais aura dû attendre près de vingt ans pour voir son rêve devenir réalité, mais dans des conditions inédites. Si la situation est tendue, le PDG des ports de Calais et Boulogne-sur-Mer reste optimiste.

Résilience et compétitivité

«Nous nous attendions depuis des années à un Brexit qui aurait pu être une catastrophe pour nous. En ce qui concerne le port de Calais, nous l’avions préparé et il s’est extrêmement bien passé. Mais, évidemment, nous ne nous attendions pas à l’arrivée de la Covid sur la même période. Cette crise sanitaire est pire que le Brexit car elle a détruit du chiffre d’affaires», résume Jean-Marc Puissesseau.

Les pertes sont fortes : 30 millions de chiffres d’affaires, plus de 1,5 million de passagers. «Mais le port est résilient. Heureusement, le fret s’est bien porté, nous avons tenu et même gagné quelques parts de marché», poursuit le responsable. Pour autant, l’absence des voyageurs et des cars ne doit pas s’éterniser : «La structure ne serait pas rentable.» Et le président de poursuivre : «Si l’année 2022 est aussi mauvaise que cette année, les difficultés vont commencer.» Le responsable reste cependant confiant quant à l’avenir et voit des signes positifs dans les stratégies mises en place pour lutter contre le virus.

© Aletheia Press / Archives

Dans ce contexte, la mise en service, le 31 octobre dernier, de Calais Port 2015 apparaît comme un atout stratégique. «Nous avons ainsi un outil extrêmement compétitif sur le transmanche.» Une infrastructure indispensable pour développer les trafics et accueillir des navires toujours plus grands (plus de 220 mètres), à l’images du ferry Côte d’Opale, livré cet été à la compagnie de transport DFDS. «A la fin de l’année 2022, arriveront les bateaux de P&O. Ce sont de très bonnes nouvelles qui confortent la place de Calais dans l’univers du fret.» Ce sont ainsi 2 millions de poids lourds et 41,5 millions de tonnes de fret qui transitent chaque année (données 2018).

Hub Intermodal

Sur les défis à relever, «il nous faut réussir la diversification vers le non-accompagné, c’est-à-dire des remorques qui partent sur un ferry sans tracteur ni chauffeur.» Une ligne Calais-Sheerness dédiée a été ouverte par DFDS en juillet. Cette offre recèle un fort potentiel car elle vient prolonger le terminal ferroviaire du port, un investissement de 10 millions d’euros, qui vise également à faire voyager des remorques non accompagnées. Le port est ainsi connecté par le rail à l’Espagne, à l’Italie et au sud de la France (Mâcon). Et la Pologne pourrait être la prochaine destination. Ce mode de transport présente de nombreux avantages : les émissions de dioxyde de carbone sont réduites de 95% par rapport au transport routier. L’objectif est d’atteindre 100 000 remorques transbordées de la terre ou le rail vers la mer à horizon 2025. L’ambition, à terme, est de traiter 250 000 remorques par an.

«Nous continuons également de verdir le port, poursuit Jean-Marc Puissesseau. Les bâtiments de notre nouveau siège sont à énergie positive. Par ailleurs, nous convertissons tous les éclairages vers les leds, et développons un parc de voitures électriques. Nous réfléchissons aussi à l’installation de panneaux solaires.» Une réflexion autour des énergies qui est également menée par les compagnies de transport.