Energy Observer entame son tour du monde à Boulogne-sur-Mer

Le premier navire hydrogène – 100% écolo - qui s'apprête à faire le tour du monde, a effectué sa première escale au port de Boulogne du 22 au 30 juillet. Il a l’ambition de devenir le laboratoire et l’ambassadeur des énergies du futur.

« Victorien Erussard a la fraîcheur et la spontanéité d’un adolescent, associés à la lucidité d’un homme d’expérience. Ce qui m’a surpris la première fois que je l’ai rencontré, c’est que rien ne semble lui faire peur » (Nicolas Hulot).
« Victorien Erussard a la fraîcheur et la spontanéité d’un adolescent, associés à la lucidité d’un homme d’expérience. Ce qui m’a surpris la première fois que je l’ai rencontré, c’est que rien ne semble lui faire peur » (Nicolas Hulot).

Entré dans le chenal d’accès aux bassins de pêche de Boulogne, le 22 juillet à la mi-journée, en compagnie du trois-mâts de la Marine argentine Libertad, l’Energy Observer est resté toute une semaine amarré aux pontons du port de plaisance. Sur le quai du bassin Gambetta, l’équipe de ce formidable défi technologique avait planté ses chapiteaux ouverts gratuitement au public. Dans le village, chacun a pu visiter l’exposition qui retrace l’histoire de cet ancien catamaran de compétition (vainqueur notamment du trophée Jules-Verne en 1994 avec Sir Peter Blake à la barre) désormais transformé et reconditionné en bateau des énergies du futur.

D.R.

L’Energy Observer a fait son entrée au port de Boulogne le 22 juillet, en compagnie du trois-mâts-école de la Marine argentine Libertad, l’un des plus grands voiliers au monde.

Pour la première fois en effet, ce navire long de 101 pieds (31,50 mètres) va produire son propre hydrogène à bord à partir de l’eau de mer, grâce aux énergies solaire, éolienne et hydrolienne. Energy Observer va puiser toute son énergie dans la nature, sans l’abîmer, et donc sans recourir aux énergies fossiles. Concrètement, il est équipé de 120 m² de panneaux photovoltaïques pour l’énergie solaire, de deux éoliennes à axe vertical (intégrant un système antivibratoire) et d’une propulsion hydrolienne dernière génération qui utilise l’eau de mer, après désalinisation, déionisation et électrolyse, comme source de stockage d’énergie. Une aile de traction intelligente, sorte de cerf-volant automatisé, permet de réduire les dépenses énergétiques à bord, d’augmenter la vitesse du navire et de convertir les moteurs électriques en hydrogénérateurs. Un véritable démonstrateur technologique inédit, pionnier du monde énergétique de demain.

D.R.

De g. à dr., Frédéric Cuvillier, maire de Boulogne-sur-Mer, Victorien Erussard, capitaine et président d’Energy Observer, et Jérôme Delafosse, l’auteur du film Les Requins de la colère, chef de l’expédition.

La “Calypso des temps modernes”. À son bord se trouve un équipage d’explorateurs qui s’est donné pour mission de prouver qu’un futur plus respectueux de l’homme et de la nature est possible. À la faveur d’un tour du monde de six ans (100 autres escales après Boulogne dans 50 pays), ils vont partir à la rencontre de tous ceux qui dessinent aujourd’hui le monde de demain. Frédéric Cuvillier, président de la communauté d’agglomération du Boulonnais et maire de Boulogne, a tenu à accueillir et à remercier le capitaine Victorien Erussard, officier de la marine marchande et ancien skipper de la Transat Jacques-Vabre ou de la Route du rhum, et le chef d’expédition, l’explorateur Jérôme Delafosse, qui ont choisi Boulogne – «une agglomération qui porte des projets ambitieux d’attractivité prenant en compte les enjeux environnementaux du territoire» – comme point de départ de leur formidable odyssée. En 2014 déjà, Boulogne avait constitué le port de lancement de l’expédition TerraSubmersa, menée par le PlanetSolar, le premier catamaran à avoir effectué un tour du monde uniquement à l’énergie solaire, et son capitaine Gérard d’Aboville.

Le périple de cette “Calypso des temps modernes» sera partagé en temps réel grâce à des contenus exclusifs et innovants qui mettront en lumière le quotidien des équipages, les prouesses technologiques du bateau, les challenges, les escales, mais aussi la vie de l’homme sur Terre et la nécessité de la préparer (www.energy-observer.org). «Parmi les thèmes que nous voulons mettre en avant, précise Victorien Erussard, on retrouvera les énergies d’avenir, l’agriculture raisonnée, la santé, l’habitat durable, l’éducation, l’économie sociale et solidaire, la digitalisation, les réserves de biosphère à préserver, les fonds marins menacés et tous ceux qui dédient leur vie à leur sauvegarde. Plus qu’un bateau, le catamaran sera un véritable média délivrant une information positive et inspirante, au service des solutions.»

Trente-deux partenaires. Plus de cinq millions d’euros ont été engagés pour la construction du bateau et la R&D. Le projet est mené en partenariat avec le Laboratoire d’innovation pour les technologies des énergies nouvelles et les nanomatériaux (LITEN) du CEA à Grenoble et Chambéry, et le parrainage des groupes Accor hôtels, Thélem assurances et Delanchy dont la directrice générale, Brigitte Delanchy, a inauguré justement son centre logistique des produits de la mer au cœur du port de Boulogne le 25 juillet. Depuis déjà deux ans, trente-deux partenaires et près de cinquante personnes, dont une majorité d’ingénieurs, travaillent à la réussite de ce pari.

Six ans pour un tour du monde zéro CO2. En 2017, l’Energy Observer, parrainé par le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot, se contentera d’un tour de France servant à fiabiliser le bateau, qui l’amènera à Cherbourg, Nantes, Bordeaux, Toulon et Monaco, avant d’augmenter progressivement ses temps de navigation en autonomie énergétique. Toute l’année prochaine sera consacrée à un tour de la Méditerranée et à l’Europe du sud avec des escales d’ores et déjà programmées au Stromboli, à Malte, Split, Venise, Athènes, Istanbul, Sotchi, Tunis, Barcelone, Ibiza, Casablanca, les Canaries, Madère et Lisbonne.

D.R.

«Victorien Erussard a la fraîcheur et la spontanéité d’un adolescent, associés à la lucidité d’un homme d’expérience. Ce qui m’a surpris la première fois que je l’ai rencontré, c’est que rien ne semble lui faire peur » a confié Nicolas Hulot.

En 2019, le bateau mettra le cap sur l’Amérique du Nord, puis l’Amérique latine en 2020, l’Asie et l’Océanie en 2021. L’expédition s’achèvera en 2022 à Jeffreys Bay, en Afrique du Sud, avant un retour en France. «Autrefois, explique Jérôme Delafosse, l’homme explorait pour conquérir les territoires et s’en approprier les richesses. Avec Energy Observer, qui ne rejette ni CO2 ni particules fines, nous souhaitons explorer pour découvrir et partager les solutions pour un futur plus propre.» Face au réchauffement climatique et aux défis démographiques et environnementaux du XXIe siècle, l’heure n’est plus au constat mais à l’action. Cent pour cent «made in France», Energy Observer a le mérite de faire sortir les technologies des laboratoires.