En pleine mobilisation pour les salaires et les retraites, Barnier remet les syndicats dans le jeu

Une première réponse aux dizaines de milliers de personnes qui ont manifesté mardi en France, à l'appel de la CGT, FSU et Solidaires ? Le Premier ministre a annoncé redonner la main aux partenaires sociaux sur l'assurance chômage et...

Manifestation le 1er octobre 2024 à Marseille à l'appel de la CGT, la FSU et Solidaires © Miguel MEDINA
Manifestation le 1er octobre 2024 à Marseille à l'appel de la CGT, la FSU et Solidaires © Miguel MEDINA

Une première réponse aux dizaines de milliers de personnes qui ont manifesté mardi en France, à l'appel de la CGT, FSU et Solidaires ? Le Premier ministre a annoncé redonner la main aux partenaires sociaux sur l'assurance chômage et sur des "aménagements" à la réforme des retraites.

La CGT a recensé 170.000 manifestants en France et la police 95.000. La dernière mobilisation sur les salaires en octobre 2023 avait rassemblé entre 92.500 manifestants (police) et 200.000 (CGT).

Les cortèges étaient fournis dans plusieurs villes comme à Toulouse (3.500), Rennes (2.800), Nantes (2.900) selon les préfectures ou encore entre 2.700 et 6.000 selon les sources à Lyon. Quelque 800 personnes, selon la police, ont défilé en Martinique, touchée depuis septembre par une large mobilisation contre la vie chère. 

A Paris, où la CGT a recensé 20.000 personnes (11.000 selon la police), des manifestants s'inquiétaient des décisions budgétaires à venir comme Murielle, 54 ans, assistante sociale dans un hôpital de Seine-et-Marne. "On ne sait même pas ce qu'ils vont trouver à couper. Il n'y a plus rien !", lâche-t-elle.

La mobilisation pour l'abrogation de la réforme contestée des retraites, une hausse des salaires et les services publics, avait l'appui de plusieurs organisations de jeunesse (Union étudiante, Unef, Fidl ou Union syndicale lycéenne).

Mais contrairement à la bataille unitaire contre la réforme des retraites, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC et Unsa n'ont pas rejoint l'appel.

Avec quelque 190 lieux de rassemblement, "c'est une mobilisation à la hauteur des journées d'action de ce type", a nuancé Sophie Binet (CGT) depuis le cortège parisien, par ailleurs inquiète "de constater sur les lieux de travail une grande fatigue démocratique et sociale des salariés".

En demi-teinte

L'Education nationale a recensé 6,08% de grévistes chez les enseignants, une faible participation. Mardi matin, quelques lycées parisiens ont été bloqués. Une centaine de lycéens ont défilé dans le quartier latin.

Côté transports, le trafic était "normal" pour les TGV. Seules quelques perturbations légères étaient à noter pour certains trains régionaux et Intercités.

L'ambition des syndicats était de mettre un peu plus la pression sur Michel Barnier, qui a dévoilé ses priorités devant les députés, après avoir reçu les partenaires sociaux la semaine dernière. 

Il a annoncé redonner la main à ces derniers sur l'assurance chômage - enterrant ainsi dans sa forme actuelle la réforme de ce régime prévue par le gouvernement Attal - et l'emploi des seniors.   

Il a demandé que cette négociation s'ouvre "dès les prochaines semaines", alors que les règles actuelles d'indemnisation des demandeurs d'emploi prendront fin le 31 octobre.

Au sujet de la très décriée réforme des retraites adoptée l'an dernier, qui repousse progressivement à 64 ans l'âge du départ, "il faudrait reprendre le dialogue", a-t-il aussi jugé tout en rappelant l'"impératif de préserver l'équilibre durable de notre système".

Déception forte

Autre ouverture, l'annonce d'une revalorisation du "Smic de 2% dès le 1er novembre, par anticipation de la date du 1er janvier". 

La numéro un de la CFDT, Marylise Léon, s'est félicitée que la réforme de l'assurance-chômage de Gabriel Attal soit "définitivement abandonnée" et a plaidé pour engager "le plus vite possible les négociations. "On a un mois pour y arriver, à nous de démontrer qu'on est capable", a-t-elle ajouté.

Elle a aussi réaffirmé son opposition à la réforme des retraites, soulignant que "les 64 ans, c'est non!" et salué "une bonne nouvelle" sur le Smic, tout en soulignant que "28 euros de plus dès novembre" ce n'est "pas l’alpha et l’oméga".

"C'est une première victoire arrachée par les salariés qui démontre que la mobilisation paie", s'est réjouie Mme Binet, exigeant toutefois que le gouvernement "augmente une nouvelle fois le Smic au 1er janvier", comme le prévoient les textes, et "revalorise le point d'indice des fonctionnaires, la pension des retraités, les salaires dans les branches".

Son homologue de la CFTC, Cyril Chabanier, a lui aussi salué "un discours intéressant", avec "quelques mesures concrètes qu'on souligne positivement" comme sur le Smic.

Il a aussi évoqué "une déception forte" sur l'absence d'abrogation de la réforme des retraites et "quelques inquiétudes", comme sur la volonté réelle de s'attaquer au sujet des minima de branche sous le Smic, promesse récurrente de l'exécutif.

Plus tranché, Laurent Escure (Unsa), a jugé sur X que le discours ne marquait "pas de rupture et rest(ait) flou".

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