En Ariège, hommage à l'éleveuse décédée et à sa fille, soutien "à la profession"
"On amène notre chaleur comme on peut", confie Josiane, secrétaire de 60 ans qui comme plusieurs milliers de personnes samedi à Pamiers (Ariège), est venue rendre hommage à l'agricultrice et à sa...
"On amène notre chaleur comme on peut", confie Josiane, secrétaire de 60 ans qui comme plusieurs milliers de personnes samedi à Pamiers (Ariège), est venue rendre hommage à l'agricultrice et à sa fille accidentellement décédées sur un barrage d'agriculteurs.
"Environ 4.000 personnes", selon la préfecture, ont ainsi participé à la marche blanche de soutien à la famille des victimes, Alexandra, éleveuse d'une trentaine d'années et sa fille de 12 ans, Camille, en tenant également à exprimer leur solidarité avec les agriculteurs.
Les deux femmes sont mortes après avoir été accidentellement renversées mardi à l'aube par un véhicule qui n'avait pas aperçu, en raison de la faible visibilité, le barrage de bottes de paille recouvertes de plastique noir que les agriculteurs avaient installé sur la RN20, aux abords de Pamiers.
"On est simplement ici pour soutenir la famille et la profession", a résumé Raymond Rieu, lui-même agriculteur.
Souvent vêtus de blanc, roses blanches à la main sous un soleil éclatant, les participants au rassemblement se sont d'abord regroupé dans la cour du lycée agricole où l'agricultrice avait étudié et où sa fille devait débuter un cursus dans quelques mois.
Dans un coin de la cour, le double portrait des victimes, souriantes et encadrées d'un coeur décoré de colombes, était accroché à un tracteur.
Faire tourner l'exploitation
"On est réuni ici car il nous est arrivé une tragédie. (...) On a voulu partir du lycée agricole car Camille devait entrer dans ce lycée en septembre", a souligné Sébastien Durand, vice-président de la FDSEA-Ariège et maire de la petite commune de Saint-Félix-de-Tournegat où résidaient les victimes, à une petite vingtaine de kilomètres de Pamiers.
Là-bas, a assuré M. Durand, "nous avons tout mis en oeuvre sur son exploitation pour qu'elle tourne parce que vous savez Alexandra c'était une combattante, une dynamique, elle ne vivait que pour le monde agricole".
Dans la foule silencieuse et émue, les gens se connaissent et se donnent de chaleureuses accolades, accompagnées d'un "ça va aller" ou d'un "sèche tes larmes". Les visages sont fermés, avec pour beaucoup des lunettes de soleil qui cachent des yeux rougis par le chagrin.
Josiane Loze, la secrétaire, les connaissait "de vue, comme ça". "Mais bon", ajoute-t-elle, "est-ce qu'on a besoin de connaître, pour des gens qui se battent pour un métier qui est dur, difficile ? Non, on n'a pas besoin".
"On est là pour apporter un plus à la famille, à cette petite de dix ans qui est là toute seule maintenant", a-t-elle dit en référence à la dernière de la famille endeuillée dans laquelle le père, Jean-Michel, a également été grièvement blessé.
Détermination
Toujours hospitalisé, il "va de mieux en mieux", a déclaré M. Durand, les larmes aux yeux, après avoir vu la veille celui qui siège avec lui au conseil municipal de leur village.
Le cortège a ensuite quitté le lycée et s'est rendu aux abords du carrefour où s'est produit le drame, se recueillant quelques minutes avant qu'un cri ne perce le silence: "Mais non ! Mais pourquoi ?" a lancé Clémence Biard, la présidente départementale des Jeunes agriculteurs (JA), le syndicat dont Alexandra était membre.
La syndicaliste était aussi en classe avec la victime. Des sanglots dans la voix, elle avait expliqué au début du rassemblement qu'Alexandra avait lundi fait le choix "de rester la nuit" sur le barrage.
"C'était quelque chose qui lui ressemblait, qui était la preuve de sa détermination pour la défense du monde agricole", a-t-elle dit.
A la fin de la marche, vers 16h00, des participants s'attardaient encore, déposant leurs roses devant la banderole qui avait ouvert le cortège, avec pour message: "Alexandra et Camille, nous ne vous oublierons pas".
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