Emploi cadres : l'APEC affiche un certain optimisme
Après une année 2020 entre parenthèses, l'Association pour l'emploi des cadres (APEC) note une reprise très significative de l'emploi des cadres en 2021. La dynamique se poursuit en ce début d'année 2022 mais les répercussions de la crise ukrainienne restent à prévoir.
En 2021, 16
190 recrutements de cadres ont été enregistrés dans les
Hauts-de-France, soit une hausse de 17% par rapport à 2020. Le
rebond à partir de l'été 2021, très rapide, s'est fait ressentir
dans la région comme partout en France. «La région a été
l'une des plus impactées par la crise. Nous remontons la pente mais
un peu plus doucement que d'autres régions françaises», note Valérie Fenaux, déléguée régionale de l'APEC
Hauts-de-France. Le marché des cadres se situe toujours dans une
phase de transition post-crise : les chiffres records de 2019
sont loin d'avoir été rattrapés (18 040 recrutements enregistrés
en 2019).
On
dénombrait un total de 243 410 cadres fin 2021 dans les
Hauts-de-France, contre 241 160 fin 2020. La région pèse 6% des
cadres de France et se place juste derrière l'Ile-de-France,
l'Auvergne-Rhône-Alpes et PACA en nombre de cadres. On observe
également un effet positif sur les promotions avec 3 020 cadres
promus en 2021, mais surtout une création nette de 2 250 emplois soit
une augmentation de 40% par rapport à 2020.
Les services et l'industrie, champions du recrutement
Le
secteur des services - comprenant l'informatique, les études et la
R&D - reste le premier pourvoyeur d'emploi des cadres en
Hauts-de-France (70%). Dans un territoire historiquement industriel,
le secteur de l'industrie représente 18%, un
chiffre nettement supérieur à la moyenne nationale. Suivent ensuite
le commerce (7%) et la construction (5%). Certaines filières comme
la distribution et la chimie peinent, quant à elles, à recruter.
Compte tenu du nombre important de sièges sociaux dans le Nord, notamment dans la MEL, 40% des recrutements ont été enregistrés
dans les ETI et grandes entreprises (contre 34% à l'échelle
nationale) et 60% dans les PME (contre 66% à l'échelle nationale).
L'attractivité grandissante de la MEL
Il
existe de fortes disparités entre les cinq départements qui composent la région. «La proportion se dégrade chaque
année», analyse l'APEC. En effet, le Nord (66%) et le
Pas-de-Calais (12%) drainent quasiment 80% de l'emploi des cadres contre
20% pour l'ex-Picardie (l'Oise 11%, la Somme 7% et l'Aisne 4%).
«Dès que nous sortons des grandes métropoles, on devient
tout de suite moins attractif», regrette Denis Petit,
dirigeant du groupe Cipelia spécialisé dans les lubrifiants
industriels. Le Nord et particulièrement la MEL attirent chaque
année de plus en plus de cadres originaires d'autres régions. «La
ville de Lille et la MEL attirent au-delà du cercle du Nord, on voit
arriver de plus en plus de Parisiens et de Franciliens qui souhaitent
avant tout quitter Paris. Mais en France, Bordeaux reste la ville la
plus prisée des cadres avec un gros volume d'offres, supérieur à
la MEL», détaille t-on du côté de l'APEC.
Rebond du recrutement de jeunes
La
moitié des recrutements ont concerné des jeunes de moins de six ans
d'expérience. On note également 19% des recrutements de jeunes de
moins d'un an d'expérience, un chiffre à suivre de près. En
revanche, le recrutement des cadres de plus de dix ans ne s'élève
qu'à 25%.
Les incertitudes planent autour de la crise ukrainienne
Les
prévisions 2022 sont plutôt optimistes : les
entreprises du territoire envisageraient de recruter 17 500 cadres,
une progression de 8% par rapport à 2021, plaçant la région
au quatrième rang des régions recruteuses de France. Malgré les
intentions de recrutement rassurantes à l'échelle régionale, le
conflit Russie-Ukraine amène beaucoup d'incertitudes. Entre la
hausse du prix des matières premières et de l'énergie, le gel des
investissements, la méfiance reste de mise du côté des dirigeants.
La filière ferroviaire se tourne vers la jeunesse
Avec des constructeurs reconnus à l'échelle mondiale et plus de 200 équipementiers et sous-traitants, les Hauts-de-France sont de loin la première région ferroviaire de France avec 15 000 emplois, soit 50% des effectifs nationaux. «La filière ferroviaire reste dans une dynamique très vertueuse. Rien que chez Alstom, on compte 2 500 cadres», indique Ali Benamara, président de l'Association des industries ferroviaires (AIF). Mais aujourd'hui, 30% des cadres du ferroviaire en région ont plus de 46 ans. L'enjeu de la transmission s'impose donc à la filière qui a mis en place une dynamique de formation. «On souhaite transmettre aux jeunes générations, c'est l'un des principaux enjeux des années à venir», conclut Ali Benamara.